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Nous du Collège - N  298 - Mars 2023
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    40            Kaléidoscope scolaire













         Lors du dernier examen semestriel, les classes de Troisième ont composé sur le sujet de réflexion suivant.
         Nous publions une copie remarquable de par la profondeur et la maturité de la réflexion de son auteur.
         Sujet : « Vous serez vraiment libre, non pas lorsque vos jours sont insouciants et vos nuits sereines, mais
         plutôt lorsque vous saurez vous élever au-dessus des soucis et des chagrins qui encerclent vos vies. »
                                                                                      Gibran Khalil Gibran, Le Prophète.

         Êtes-vous d’accord avec le Prophète de Gibran ? La liberté se résumerait-elle à avoir une vie sans problème ?
         Ou bien s’obtient-elle au prix d’effort et de travail sur soi ?
         Vous développerez votre point de vue à l’aide d’arguments convaincants illustrés d’exemples pris de vos
         connaissances, de vos lectures, et de votre expérience personnelle.


                           ne des plus grandes peurs de l’Homme est la mort. En l’attendant, il est face
                       Uà une inquiétude constante : bien vivre sa vie et bien en profiter. Nombreux
                        sont les philosophes et hommes de Lettres qui ont tenté de répondre à cette
                        question « Qu’est-ce que la liberté ? » mais il semble qu’elle demeure toujours
                        existentielle. Cependant, bonne partie d’entre eux ont approché la question
                        de manière intéressante. Malgré cela, la liberté reste un sujet à débat. Nous
                        verrons d’une part, contrairement à ce que dit Gibran, que les nuits sereines ne
                        veulent pas toujours dire liberté. D’une autre part, nous passerons au crible les
                        raisons qui encouragent une vie libre mais dans un monde plein de problèmes.


                        Lorsque  nos  nuits  sont  sereines,  sommes-nous  vraiment  libres  ?  Une  des
                        préoccupations majeures de la race humaine, c’est de rester toujours occupé,
                        que ce soit par le divertissement, le travail, les recherches, le développement
                        de soi… l’être humain ne supporte pas n’avoir rien à faire. Il ne supporte pas
                        l’ennui. En y repensant, si contrairement à sa volonté, l’homme ne fait rien de
                        ses journées, son temps est libre, son sommeil devient une valeur sûre, et le
                        divertissement occupe ses journées de manière exclusive. Mais comme dit plus
                        haut, l’homme ne le supporte pas. Dans l’œuvre Madame Bovary de Flaubert,
                        Emma n’est-elle pas vouée à un certain désespoir, malgré le fait d’être maître
                        de son temps ? Là est le leurre ; nous avons l’impression qu’elle est libre, or elle
                        ne l’est pas. Elle est plongée dans un profond désespoir à cause de sa liberté
                        illusoire.
                        De même, dans notre société, la liberté de l’homme est souvent contraire
                        à son bonheur et à son insouciance. De nos jours, toute la race humaine
                        fait face à des sources de dopamine instantanées. Que ce soit les réseaux
                        sociaux, les plateformes télé ou même la cigarette, l’alcool et les drogues,
                        l’être humain a à portée de main toutes sortes d’échappatoires possibles. De
                        plus en plus jeune, l’homme se laisse tenter par ses aînés à avoir recours à ces
                        moyens générant une euphorie instantanée qui le fait se sentir joyeux, maître
                        de lui-même. Il se sent libre. De plus en plus tenté et apaisé, il continue à en
                        consommer, est certainement plus détendu et insouciant. Mais il n’est déjà
                        plus libre ; il est même loin de l’être. Il est au contraire semblable aux moutons
                        qui suivent le berger dans les plaines où il les mène. Les bêtes se croient alors
                        indépendantes et croient paître dans l’endroit de leur choix, mais elles ont
                        oublié que c’est le berger qui les a menées là. Dans l’œuvre Le meilleur des
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