Page 41 - Nous 298
P. 41

Nous du Collège - N  298 - Mars 2023
                                                                                           o
                                                              Kaléidoscope scolaire                                  41















                        mondes d’Aldous Huxley, où leur vie est superficielle et artificielle, tous les
                        hommes sont heureux. Il s’agit là d’un faux bonheur ; ils prennent des pilules
                        de bonheur. Dans ce monde, ils ont l’illusion d’être maîtres d’eux-mêmes
                        sous prétexte de joie et bonheur, mais
                        ils  sont  fondamentalement tout  sauf
                        libres. Finalement, la liberté ne résulte
                        pas d’une joie ou d’un bonheur
                        artificiellement créé, contrairement à ce
                        que tous pensent.

                        Une  question  se  pose  alors,  la  liberté
                        existe-t-elle sans lois ni restrictions ?
                        Le  doute  est  présent.  Dans  un  monde
                        sans lois, l’homme serait libre de faire
                        ce que bon lui semble. En fait, il est
                        obligé de faire ce que bon lui semble.
                        Donc il n’est plus libre. Il est contraint
                        à cette obligation de vivre libre, ce qui
                        l’empêche de l’être. Ce n’est donc que confronté à des lois, donc à des soucis
                        et préoccupations (cela va de soi), que l’homme peut être vraiment libre. C’est
                        lorsqu’il est face à d’autres que lui, à des semblables dont les avis diffèrent du
                        sien, qu’il peut vraiment se démarquer et être libre en faisant ses choix librement.
                        C’est quand il est exposé aux autres et qu’il ose leur faire face, qu’il déploie
                        ses ailes et fortifie cette indépendance qu’il a en lui. Par l’intermédiaire de
                        cette indépendance il arrive à employer cette liberté existante en chacun. Dans
                        l’œuvre Jonathan Livingston, le goéland de Richard Bach, le jeune Jonathan
                        aime voler, déployer ses ailes et virevolter dans les airs. Il fait cependant partie
                        d’un Clan qui interdit ce genre de voyages célestes et lui ordonne de ne voler
                        que pour se suffire sur le plan alimentaire. Il brave alors les commandements
                        de son Clan qui le bannit. Il crée alors un Clan qui n’a comme unique règle que
                        de se perfectionner dans l’art de voler. Il revient ensuite avec son Clan vers le
                        Clan qui l’a banni. C’est grâce à ce courage, cette confiance et cette estime de
                        soi, qu’il parvient à devenir libre, qu’il ose s’opposer aux autres et défendre son
                        avis. C’est plutôt cette notion-là de liberté qu’il faut prôner, non pas celle d’un
                        monde de parfaite insouciance qui est utopique.

                        Dans cette optique, la vie citoyenne n’est-elle pas en quelque sorte une forme
                        de liberté ? Délimité par des lois, le système démocratique ne permet-il pas
                        à l’homme de vivre librement ? C’est restreint à des lois et des règles que
                        l’homme est libre. Il a la possibilité d’agir de la manière qu’il veut dans la
                        mesure de respecter les règles. Notre société, sans en faire une généralité, ne
                        prône-t-elle pas de plus en plus le développement personnel et l’ouverture
                        d’esprit tant intellectuelle que spirituelle ? Il semblerait que l’homme devienne
                        de plus en plus libre à mesure qu’il s’éduque et qu’il parfait sa culture, sa
                        connaissance celle des autres et de lui-même. L’homme ne devient-il pas au
   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46