Lundi 30 octobre 2006 | Beyrouth
NEW YORK, de Sylviane ZEHIL
L’ambiance était à la convivialité pour cette quatrième réunion
de la diaspora jamhourienne, tenue samedi dernier à New York. Devenues une
tradition, dans le cadre de la levée de fonds (fund raising), ces retrouvailles
se sont déroulées autour d’un brunch à l’hôtel Sofitel. La dernière guerre au
Liban et les épreuves subies par le peuple libanais étaient au centre de tous
les discours. L’appel à l’aide a été bien entendu. L’objectif fixé par les «
Parrains pour Jamhour », visant à offrir à cinquante élèves l’arme du succès, à
savoir l’éducation jésuite, a été atteint.
Dans un élan spontané de générosité, ces anciens, devenus brillants banquiers,
financiers, chefs d’entreprise, dirigeants de multinationales, professeurs d’université,
ingénieurs, médecins, chercheurs, avocats, ministres, mais aussi pères de
famille, n’ont pas hésité à apporter leur soutien à une noble cause :
l’éducation. Venus du Liban, de France, du Canada et des États-Unis,
plus de quatre-vingts personnes se sont réunies en présence, notamment, du
président de l’amicale des anciens de Jamhour au Liban, l’ancien ministre
Michel Eddé (promo 45), du consul du Liban à New York, Antoine Azzam (ancien
élève), du R.P. Salim Daccache, recteur de Jamhour, et du secrétaire de
l’amicale, Nagi el-Khoury. Cette année, la présence d’un grand nombre de très
jeunes jamhouriens a apporté un nouvel air de fraîcheur. « Le plus ancien élève
est de la promo 45 (Michel Eddé) et la plus jeune de la promo 2005 (Marianne
Schuck). Nous avons dans cette salle la somme de soixante ans d’excellence de
l’éducation jésuite de Jamhour », a noté le nouveau président de Jamhour Alumni
US Inc. (JAUS), le Dr Gabriel Sara.
Étaient également présents à la rencontre, Joe et Claude Audi, Raymond
Debbané, Donald Eddé, Chibli Mallat, Bud Zehil, Abdallah Jahel, Amira Tagher
Luikhart, Charbel et Aïda Tagher, Pierre Debbané, Nabil et Ghassan Bejjani,
Maroun et Sabine Karam, Karim Awad, Nagi Bustros, Pierre et Amale Zalzal, Hani
Hassoun, Christian et Nada Rizk, Jacques Merab, Robert Moumjian, Oscar Jamhouri
et Sami Karam.
Parmi les jeunes anciens, on notait la présence de Marc Barakat (promo 2002),
Nagib Touma (2001), Marc el-Khoury (2003), Marianne Schuck (2005), Marwan Tabet
et Jad Mallat (2001).
Aide aux écoles chrétiennes du Sud
Lançant un vibrant appel à la générosité des jamhouriens qui, armés d’une
solide éducation jésuite, « ont brillé partout dans le monde », le père Salim
Daccache a cité des cas dramatiques vécus tout récemment. « Nous avons besoin
de vous ! » s’est exclamé le recteur de Jamhour. L’image « inoubliable » de
Rima, cette élève de troisième, venue en larmes demander secours en raison de
l’impossibilité de poursuivre ses études scolaires faute de moyens, a ému
l’assistance. Le père recteur a aussi souligné la nécessité de venir en aide
aux écoles chrétiennes au Liban-Sud, « pour promouvoir la coexistence et la
convivialité », a-t-il souligné, avant d’ajouter : « Au nom de tous, Jamhour a
pu offrir une aide financière à trois écoles du Liban-Sud, en particulier à
Alma el-Chaab, où une centaine d’élèves ne paieront pas leur scolarité cette
année. » Par ailleurs, grâce à l’aide de la dias- pora jamhourienne et l’élan
spontané des scouts de Jamhour, « nous avons pu apporter secours aux écoles
publiques de Beyrouth », a indiqué le père Daccache. Jamhour compte aujourd’hui
2 905 élèves et 685 à St-Grégoire, la nouvelle école de Jamhour à Beyrouth.
Michel Eddé
À son tour, l’ancien ministre Michel Eddé s’est dit « fier de l’action
des écoles chrétiennes qui ont une majorité d’élèves musulmans ». « La
démocratie n’est-elle pas après tout aussi le droit à la différence, le respect
de l’autre ? Le Liban est un message pour l’humanité », a-t-il rappelé. Prônant
le « dialogue, seule solution viable », l’ancien ministre a rendu hommage au
peuple libanais qui a su montrer sa remarquable résilience lors de cette
dernière guerre. « Cette volonté de vivre ensemble en harmonie est bien
l’enseignement des pères jésuites, a assuré M. Eddé. Il n’y a qu’un seul Liban
rayonnant en dépit des souffrances. »
Prenant à son tour la parole, le Dr Nagi Bustros (promo 65), président sortant
de l’association Jamhour Alumni US Inc. (JAUS), a évoqué le souvenir des pères
jésuites disparus qui ont « dédié leur vie pour notre formation ». Il a aussi
rendu hommage au père recteur Salim Daccache.
Transmettant la présidence pour l’année 2007 au Dr Gabriel Sara (promo 72), «
son ami et cofondateur », et le « deus ex machina » de l’association, le Dr
Bustros a souligné la part « très active » de son épouse, Nada Sara, « dans la
préparation de cet événement ». Avec la même verve, il a remercié les autres
membres du comité, notamment Ronald et Nadine Kfoury, Ciril-Christian et Nada
Rizk, Karim Awad, Bud et Sylviane Zehil, ainsi que tous les amis qui ont
apporté leur soutien, dont Joe Audi, Raymond Debbané et Fouad Sawaya.
Gabriel Sara : Jamhour, un exemple d’excellence
Après avoir brossé un tableau de la situation dans laquelle se débat le Liban,
le nouveau président de l’association, Gabriel Sara, a, à son tour, souligné
que « notre école, Notre-Dame de Jamhour, sous la houlette du père Daccache, a
été un exemple d’excellence ». Il a remercié à cette occasion les anciens pour
leur généreuse contribution qui a permis de scolariser trente élèves en 2004 et
50 en 2005. En temps normal, Jamhour compte 400 élèves dans l’impossibilité de
payer leur scolarisation. « Cette année, nous savons que 625 élèves se trouvent
dans cette situation. Leur nombre ira croissant, s’est inquiété M. Sara. Le
défi reste encore plus grand, surtout que nous avons répondu présent à de
nombreux appels à l’aide ces deux derniers mois. »
La grande prodigalité des jamhouriens pour leur alma mater n’est plus à
prouver. Images à l’appui, Gabriel Sara a rappelé à l’assistance l’importance
de la contribution des « Parrains pour Jamhour ». Le nouveau président a
ensuite rendu hommage à la « générosité » exemplaire de Raymond Debbané qui, en
apportant une contribution de 52 000 dollars, a fondé, en 2006, le laboratoire
d’informatique de l’école, une réalisation exemplaire de modernité. Nombreux
sont les généreux donateurs. Il suffit de se promener à Jamhour pour
reconnaître leurs noms inscrits sur les plaques des bancs et sur les bâtiments,
notamment la bibliothèque, les salles multimedias, le gymnase et la récente
magnifique « Salle de banquet » offerte par Michel Eddé.
L’élan de solidarité des jamhouriens de la diaspora – stimulé par les lettres
touchantes de remerciements écrites par les cinquante élèves scolarisés (présentées
dans un dossier séparé) – a permis d’atteindre l’objectif fixé en collectant
plus de 135 000 dollars.
Créée en 2004, Jamhour Alumni US Inc. est une organisation à but non lucratif,
enregistrée dans l’État de New York, qui a pour but d’aider le collège
dans sa mission éducative. Ses objectifs sont de créer un lien entre les
anciens jamhouriens aux États-Unis et d’organiser des événements de «
fund raising » (levée de fonds) qui serviront à financer les frais scolaires
d’enfants doués de familles en difficulté. Conscient de la réalité libanaise,
le Collège Notre-Dame de Jamhour s’est depuis longtemps engagé dans une
tradition de soutien et de parrainage d’élèves, ouvert à toutes les classes de
la société libanaise, pour continuer à assurer le service éducatif auquel tous
les élèves ont droit.