Alberto Hurtado (1901 -
1952)
jésuite chilien
canonisé le 23 octobre 2005


Alberto Hurtado est un jésuite chilien mort relativement jeune en 1952, âgé de 51 ans. De saint Jean Bosco, il avait l'humble origine et l'amour des enfants pauvres, de Joseph Cardijn, le zèle pour la classe ouvrière et de l'abbé Pierre, l'art de loger les sans-logis.
Alberto a quatre ans quand son père, un fermier, meurt subitement après une chevauchée digne d'un western à la poursuite de voleurs de bétail. Désormais, il est pauvre. Sa mère, ruinée, part pour Santiago et réussit à éduquer ses deux garçons qui feront même leurs humanités au collège Saint-Ignace.
Alberto, très sensible au drame du quart-monde,
voudrait entrer tout de suite au noviciat des jésuites pour devenir prêtre des pauvres. Mais sa mère et son
petit frère ont besoin d'un salaire pour survivre ...
Après sa
rhétorique, Alberto prend un travail à mi-temps et consacre l'autre moitié
de sa journée à étudier le droit à l'université. Dans le quartier le plus
misérable de Santiago, il fonde un patronage puis un secrétariat social et
une école du soir. Docteur en droit, en 1922, passionné de problèmes
sociaux, il n'oublie pas pourtant sa vocation et aspire à rejoindre le
noviciat des jésuites.
Grâce à
Dieu, sa mère, après dix-huit ans de veuvage, vient de gagner le procès
intenté aux requins qui avaient abusés de son inexpérience. Désormais,
elle peut vivre à l'aise.
Alberto entre au noviciat le 14 Août 1923 Il fait
des études de Littérature en Argentine, puis de Philosophie en Espagne et
finalement de la Théologie et une licence en pédagogie à l'université de
Louvain en Belgique.
Quand il revient à Santiago, en 1936, il n'a
plus que seize ans à vivre ...
Seize années qui
vont marquer l'Eglise du Chili.
D'abord affecté à la
formation de l'Action catholique, il dépense toutes ses forces à faire
connaître la doctrine sociale des Papes, à conscientiser les classes
dirigeantes, à réveiller la foi et l'espérance des classes laborieuses.
Il est à la fois l'homme des
syndicats chrétiens, l'aumônier des universitaires et l'apôtre du
quart-monde. Son zèle fougueux mais plein de respect pour les
personnes se déploie dans des publications, dans des sermons, des
retraites, une action multiforme d'éveilleur des consciences et d'apôtre
des petits.
Un matin,
d'octobre 1944, au cours d'une retraite
qu'il dirige pour un groupe de dames, il leur fait part d'un événement qui l'a bouleversé : la veille, très tard
dans la soirée, un homme sans logis, grelottant de fièvre, à peine vêtu,
lui a demandé l'aumône pour passer ne fusse qu'une nuit à l'hôtel et
soigner son angine ...
"Et cet homme, c'est notre frère,
un enfant de Dieu comme nous !
Que fait l'Eglise pour ses enfants
de la rue qui dorment à la belle étoile
et se réveillent frigorifiés
?"
Touchées au
coeur, les dames se concertent et agissent immédiatement : argent,
chèques, bijoux sont donnés au Père. Un quotidien lance un appel à la
générosité de ses lecteurs.
La réponse du public dépasse toutes les
espérances. Le 21 décembre, la première pierre du "Foyer du Christ" est bénie par l'évêque. Le miracle quotidien a commencé ...
Actuellement, cette oeuvre a besoin de dix millions de dollars
par ans. L'Etat lui en donne huit cent mille, le reste est fourni par la
providence, moyennant la charité des chrétiens ...
Le Père Hurtado devient une figure populaire.
Il intervient à la radio, écrit des journaux, donne des
conférences ...
On parle partout de ses missions de "commando", au
volant de sa camionnette verte, pour recueillir en pleine nuit d'hiver les
va-nu-pieds, les clochards, et leur offrir un toit, une lit, un repas
chaud, une amitié surtout ...
Pour
mieux conscientiser son pays, il trouve encore le temps de fonder une
revue, "El Mensajero" , qui diffuse la pensées sociale des Papes et
éveille les consciences. Il multiplie aussi ses
visites aux ouvriers des mines, des usines, des ports pour les
aider à créer un syndicalisme
chrétien.
Un prêtre
ouvrier français, invité à se ménager, disait :"Je préfère mourir
jeune, usé, que vieux, moisi.." Alberto Hurtado, atteint d'un cancer au pancréas, meurt à
l'hôpital, entouré de la vénération et de l'amour de tout un peuple.
Sa prière préférée était :
"Contento,
senor, contento !"
Son dernier mot à son Supérieur fut
:
"Croyez bien, Père, que je suis heureux,
profondément heureux."
Le Pape Jean-Paul II a béatifié Alberto
Hurtado le 16 octobre 1994.
Le miracle a eu lieu en 1996 quand une
jeune fille, condamnée par les médecins, a été guérie de manière
inexpliquée.
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Prière au Père Hurtado Ô Père Hurtado,
apôtre du Christ, nous bénissons
notre Dieu C'est toi aussi
qui a été prophète de la justice C'est enfin toi
qui as construit - avec quel amour! - Comme un père
affectueux, tu nous incites à vivre notre foi Tu nous engages
avec enthousiasme Père Hurtado, donne-nous
d'apprendre à vaincre notre égoïsme Ô PERE HURTADO,
FILS DE MARIE ET DE L'EGLISE!
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Lettre du Père Provincial
des jésuites du Chili
à l'occasion de la
CANONISATION DU
PÈRE ALBERTO HURTADO, S.J. (1901-1952)
PROVINCIA CHILENA DE LA COMPAÑÍA DE
JESÚS
Casilla 597 - Santiago - Chile
- Fono
(56-2) 582-7566 - Fax (56-2) 5820-7549
30 juin 2005
Chers amis, chères amies,
Nous vous invitons à partager la joie profonde que nous ressentons à l'approche de la canonisation de notre confrère, le père Alberto Hurtado, s.j. (1901-1952), qui aura lieu le 23 octobre prochain. Ce jésuite a beaucoup marqué la vie spirituelle et l'apostolat de notre Province. Par sa contribution à la vie religieuse et à la vie de l'Église universelle, il fut, à nos yeux, un précurseur de Vatican II.
Pour nous, Alberto Hurtado est un modèle éminent du jésuite au service de la foi et de la promotion de la justice. “Le pauvre est le Christ”, répétait-il souvent. Et il fut vraiment cette image du Christ pour tant de pauvres. Fidèle à l'esprit des Exercices spirituels, il recommandait de nous demander dans les diverses circonstances de notre vie “Que ferait le Christ à ma place?” Il se posait la question à lui-même et ses réponses concrètes nous impressionnent toujours profondément. Il avait choisi de répondre à l'appel du Christ en étant jésuite et prêtre, plutôt que comme avocat ou homme politique.
Sa connaissance intime du Seigneur l'amena
à regarder le monde et ses défis avec une espérance remarquable et une
sensibilité très marquée pour le sort de ceux et celles qui souffrent
davantage. Elle le poussa à travailler à la promotion
de profondes réformes sociales. Elle l'aida aussi à supporter avec
amour et fidélité les contradictions que lui manifestaient parfois
l'Église face à son style apostolique et son ardeur à évangéliser la vie
culturelle et sociale du Chili.
La misère du
peuple chilien et l'indifférence de la majorité des catholiques le
poussèrent à intituler un de ses livres “Le Chili est-il un pays
catholique?”
Le père Alberto Hurtado rend actuelle l'image du Christ et nous renvoie à Lui. Il nous pousse à nous laisser remettre en question par ce que Dieu nous révèle en sa vie: mettre le Père au centre de notre vie, aimer passionnément le Christ, nous consacrer entièrement à servir l'Église et le monde. Il nous invite à nous abandonner entre les mains du Seigneur pour répondre aux désirs que l'Esprit suscite en nous, que ce soit par des motions intérieures, par la prise de conscience des besoins des autres ou, en général, par les désirs que l'Église nous manifeste dans ses enseignements en matière sociale ou pastorale.
Pour l'Église, le père Alberto Hurtado demeure un vrai modèle de prêtre exigeant, joyeux, accessible, enthousiaste et amoureux du Christ. Il est un témoin du Royaume dans le monde, ne craignant pas d'utiliser les possibilités que celui-ci offre et se mettant au service de ceux et celles qui sont laissés pour compte. Il représente ce type de prêtre qui ne craint pas de proposer le service comme chemin privilégié pour rencontrer Dieu.
Le père Alberto Hurtado exerçait un grand magnétisme. Son intense et émouvant amour pour le Christ le poussait à servir ses frères et soeurs dans la foi avec constance et grande créativité. Ceux et celles qu'ils aidaient se sentaient respectés dans leur dignité personnelle. Il fonda le “Hogar de Cristo” (Foyer du Christ), la ASICH (Action syndicale chilienne) qui permit aux ouvriers de s'organiser et d'acquérir de la formation. En fondant la revue Mensaje, il apporta à la vie culturelle de son pays une profonde réflexion sur le rôle du chrétien dans le monde et la nécessaire réforme structurelle de la société civile. Chez beaucoup de jeunes et d'adultes qui le fréquentaient, il développa la conviction que la mission du chrétien en est une de service généreux et désintéressé. C'était son message comme aumônier d'Action catholique, directeur d'Exercices spirituels, accompagnateur spirituel et professeur. Il fut un grand promoteur de vocations, invitant laïcs, prêtres et religieux à être fidèles à leur mission et à s'y consacrer entièrement. Pour nous, il est une source d'inspiration et d'encouragement dans notre effort de dialogue avec le monde, notre lutte pour la justice, notre option préférentielle pour les pauvres et notre recherche d'une communion et collaboration plus vivante à l'intérieur de l'Église.
Son questionnement et ses préoccupations universelles pour la justice allaient de pair avec ses activités concrètes de solidarité et son service sacerdotal. Dans les différents endroits où il a étudié ou fait sa formation jésuite (Chili, Argentine, Espagne et Belgique), il s'est donné une solide formation comme avocat, prêtre, professeur et docteur en pédagogie. Il a fait profiter les gens de son savoir et de sa sagesse dans son service de tous les jours comme prêtre, professeur et directeur spirituel. Il était un homme attentif aux grandes questions mondiales, en particulier l'évolution de l'apostolat social en France et l'aide concrète aux populations démunies des États Unis d'alors.
La canonisation du père Alberto Hurtado est un cadeau du Seigneur pour faire nôtre et actualiser le message d'Ignace de Loyola, notre fondateur, dans le monde d'aujourd'hui riche en défis sociaux et culturels. Dans la foi, nous pouvons compter sur un nouvel intercesseur qui nous soutiendra dans l'oeuvre d'évangélisation qui est la mission de l'Église.
Bien vôtre dans le Christ Jésus,
Guillermo Baranda, s.j.
Provincial des
jésuites du Chili