Martyrs jésuites au service de l'Orient arabe

Le Père André Masse (1940-1987), français

 

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Père André Masse (1940-1987), françaisUn de résultats de la guerre qui éclata au printemps de 1975 fut la difficulté des communications, entraînant les habitants à se replier dans leur région. L'Université Saint-Joseph y répondit en ouvrant des branches en dehors de la capitale, pour éviter à ses étudiants des transports devenus difficiles, et manifester son désir de maintenir l'unité entre communautés du pays. En 1976, il fut décidé de fonder trois branches, à Tripoli au nord, à Saïda au sud, et à Zahlé dans la Beqâ'. Elles ouvrirent effectivement leurs portes à Tripoli le 08/01/1997, à Zahlé le 24 du même mois, et deux semaines après à Saïda. Dans le même souci d'unité entre communautés chrétiennes et musulmanes, la Faculté des Sciences Religieuses de l'Université Saint-Joseph ouvrit un Institut des Etudes Islamo-chrétiennes, lançé par un Père Jésuite et par le Dr. Hisham Nashabé, un musulman de ses amis.

En 1985, lors de l'occupation par Israël du Sud du Liban, le Père André Masse fut nommé Directeur du Centre de Saïda. Il était arrivé au Liban depuis peu, à l'âge de 45 ans, après une carrière déjà avancée en France. Il y avait montré des qualités scientifiques et administratives dans l'enseignement universitaire, et avait été en charge de la revue Etudes pendant 6 ans. Dès son arrivée au Liban, il se mit à l'étude de l'arabe. Nommé à Saïda dans des circonstances difficiles, il fut rapidement efficace : restaurant le Centre touché par la guerre, enrichissant la bibliothèque, donnant vie à une maison d'étudiantes, acquerrant un terrain de sport. Il confiait à l'évêque maronite de Saïda : "J'ai aimé Saïda et sa région, j'ai aimé le Sud du Liban et ses étudiants. Certes, ils ont leurs problèmes, mais je les comprends et les aide autant que je peux. Mon devoir est de les servir, et j'espère que le succès m'accompagnera".

Un jour de septembre 1987, deux jeunes gens demandèrent à voir le Directeur. Il était à peine sorti de son bureau qu'il fut surpris par plusieurs coups de feu. Trois l'atteignirent à la tête. Le criminel et son compagnon disparurent sans que l'on ait aucune notion des tenants du crime. L'impression unanime, au Liban et surtout à Saïda, fut qu'il était mort martyr et avait versé son sang pour sa mission. Plusieurs des personnalités de Saïda ont témoigné de l'impression qu'il avait laissé dans leur cœur, témoignages recueillis dans un fascicule: En souvenir du martyre du Père André Masse, s.j. .

Voici, pour conclure, trois de ces témoignages:

1) "J'ai connu en lui le directeur, le collègue, le père, le frère et le professeur. Il est venu chez nous avec un cœur ouvert à tous, et il a fait tout son possible. Il a donné à notre Sud et à notre Centre Universitaire toute sa science et toute son expérience. Il a relevé les ruines de notre Centre après les évènements de 1985 et l'a transformé en un petit paradis".

2)  Autre témoignage dû à la plume de l'un des professeurs musulmans du Centre: "Le massacre d'un homme à cause de son identité, de sa communauté ou de ses opinions témoigne de la tyrannie et de toute perte d'humanité… Un homme comme le Père Masse a témoigné pour nous de son engagement spirituel, de son don et de son dévouement au service de l'humanité".

3)  Le dernier mot appartient à un professeur musulman qui était son aide le plus proche : "Il vint pour nous enseigner, à nous Libanais qui s'entredévorent sans savoir pourquoi, que le monde est large, composé de bien des éléments, et qu'il est basé sur le partage et la fraternité entre les hommes. Bien qu'il fut tout amour, il s'est trouvé une main pour le tuer. Ce n'est pas assez de condamner par la parole le meurtre d'André Masse, c'est par les actes qu'une réponse vraie y sera donnée. Nous devons poursuivre son travail et sa mission. Que chacun de nous répande autour de lui un peu d'amour, si bien qu'il n'y ait plus à l'avenir de tels crimes".

Collège Notre-Dame de Jamhour, LIBAN
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