Le père Jacques Bonnet-Eymard a quitté ce monde dans la discrétion, avec une certaine élégance, dira le père Dalmais pendant la messe de funérailles.
" Sa longue retraite au couvent de Tanaïl, risque de nous avoir fait oublier les étapes d'une prestigieuse carrière d'éducateur, de supérieur, de conseiller, depuis ce jour lointain de 1938, où il revenait à Beyrouth (qu'il avait connu de 1924 à 1927 comme surveillant des Grands Internes), pour assumer à 36 ans la charge de Recteur de l'Université Saint-Joseph.
Et depuis, durant les 60 années de son parcours au service du Liban auquel il s'était voué corps et âme, Jacques Bonnet-Eymard a toujours été à la hauteur des responsabilités que la Compagnie devait lui confier, reconnaissant en lui ses qualités de droiture, son sens du gouvernement, sa culture humaniste étendue, ses talents de pédagogue et d'éducateur, sa maîtrise de soi et sa rectitude religieuse.
Comme Recteur de l'Université et du Collège, comme
Provincial, comme Supérieur de Ghazir, comme Directeur du
Grand Séminaire, enfin comme Supérieur du couvent
de Tanaïl, et directeur des trois écoles de Tanaïl,
Talabaya et Jdita, le père Bonnet Eymard a su imposer le
respect, par sa droiture, son dévouement, la pertinence de
ses conseils et la clarté de ses directives.
Comme Assistant ecclésiastique de la Congrégation
des Surs des Saints-Curs, il a su encourager les religieuses
à prendre elles-mêmes en main leur destinée,
et à acquérir, quelques années plus tard leur
complète autonomie.
Très réservé et très pudique pour ce qui le concernait personnellement, le père Bonnet Eymard se livrait peu à ses familiers mais il parlait avec chaleur et autorité sur les questions qui lui tenaient à cur. Ses ordres étaient suivis avec fidélité, car ils étaient ceux d'un sage. Cette discrétion qu'il gardait au sujet de sa personne, ne permet pas d'exprimer en quelques mots la richesse de sa personnalité, et de mesurer l'importance des services rendus à la Compagnie, à l'Eglise et au Liban. Des générations d'anciens élèves ou de séminaristes, lui doivent d'avoir appris à son école et à l'école de saint Ignace, la valeur de l'effort, la rigueur d'un jugement sain, l'esprit de discipline, la conscience professionnelle et le don de soi.
Le Collège de Jamhour, en particulier, dont il fut le premier recteur, a été vraiment son uvre personnelle et tant de promotions garderont de lui le souvenir d'un " grand jésuite " et d'un éducateur exemplaire. "
Jean Dalmais, s.j.
Supérieur de la Résidence Saint-Joseph