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"Seigneur me voici, que voulez-vous que je fasse ? "
François Xavier (1506-1552) 
François Xavier est né à une époque où l'Europe découvre de nouveaux continents. Rien ne le prédisposait à devenir un missionnaire passionné, ne recherchant que la gloire de Dieu et le salut des êtres humains. Héritier d'une civilisation pleine d'elle-même et de préjugés vis-à-vis des autres peuples, rien ne le disposait non plus à entrer en dialogue avec les cultures qu'il allait rencontrer et à en découvrir la richesse. Et pourtant, deux rencontres majeures vont le convertir et changer le cours de sa vie : sa rencontre avec Ignace de Loyola et sa rencontre avec le peuple japonais.
Conversion et mission
1532 : à Paris où il poursuit ses études, François, sous l'influence d'Ignace, convertit sa recherche de gloire humaine en recherche de la gloire de Dieu. Envoyé en Inde, François enseigne, baptise, réconcilie, proclame à tous la parole du salut. Mais plus encore que sa parole, c'est sa pauvreté personnelle, son dévouement, sa prière, sa joie qui parlent au cœur des hommes.
Pionnier de l'ouverture aux cultures
1549-1551 : au Japon, François Xavier doit faire face à l'esprit critique de ce peuple, ce qui le pousse à remettre en question sa vision des autres peuples et sa façon d'évangéliser. Il écrit ainsi à saint Ignace : "Ils écrivent très différemment de nous, du haut vers le bas. J'ai demandé à Paul (un Japonais converti) pourquoi ils n'écrivaient pas à notre façon. Il m'a répondu : pourquoi n'écririons-nous pas de leur façon ? Il m'a donné comme raison que de même que l'homme a la tête en l'air et les pieds en bas, de même quand il écrit l'homme doit le faire de haut en bas". François Xavier découvre ainsi que le dialogue avec les Japonais lui apprend beaucoup de choses sur lui-même, étant donné qu'il est souvent confronté à leur esprit logique, et qu'il est, en fin de compte, poussé à chercher toujours plus loin. François sort donc totalement changé de son voyage au Japon. Il respecte à présent l'avis des autres et ne rejette plus les mœurs étrangères avec l'indifférence et le mépris du début. En cherchant à convertir son prochain au christianisme, il se découvre lui-même peu à peu. Il réalise que la vraie conversion ne peut être imposée du dehors ; elle ne peut s'accomplir que lorsqu'on a pris la peine de comprendre l'autre et sa culture. C'est à partir de cette rencontre au sens profond du terme et à partir de cette connaissance intime que l'autre est en mesure d'entendre et d'accueillir la Bonne Nouvelle qu'on lui annonce. En ce sens, François Xavier est le pionnier de l'inculturation, cette approche de l'évangélisation qui consiste à transmettre la foi chrétienne dans le langage propre à chaque culture.
Ce qui nous provoque le plus, dans l'évangélisation accomplie par François, c'est l'urgence d'annoncer la Bonne Nouvelle qui le hante, alors qu'elle nous laisse trop tranquilles. Le fait que notre évangélisation doive tenir compte du respect des consciences et des cultures, des exigences du dialogue et du développement, des défis du pluralisme religieux et de l'indifférence religieuse, devrait nous pousser à partager le sens de l'urgence qui habitait Xavier…
P. Peter-Hans Kolvenbach
Sur les pas de François Xavier, son charisme nous appelle à témoigner : par l'union entre notre vie et notre foi ; par l'ouverture aux richesses et différences des autres peuples dans une vision chrétienne de l'universalité du monde.
Les défis, dans le contexte libanais…