Portrait : Nawras Sammour

Je suis né à Alep (Syrie) en 1968, dans une famille catholique de rite byzantin. J'ai fait toutes mes études à Alep et ai été reçu docteur en médecine dentaire de son université en 1990. J'ai pratiqué le métier de dentiste en Syrie pendant quatre ans - 2 ans dans un dispensaire militaire et 2 autres années dans mon propre cabinet dentaire.

En 1994 je suis entré dans la Compagnie de Jésus, dans la Province du Proche-Orient. Après avoir fait deux ans de noviciat au Caire, j'ai passé une année au Liban pour étudier la civilisation arabo-musulmane à l'université Saint Joseph (USJ), suivie d'une année de langue française à l'université d'Aix-Marseille à Aix-en-Provence, puis j'ai fait quatre ans d'études en philosophie et en théologie aux Facultés Jésuites de Paris (Centre-Sèvres). Actuellement, je fais partie de la communauté jésuite du Collège Notre-Dame de Jamhour pour faire ce que l'on appelle habituellement dans le jargon jésuite « la Régence ». Il s'agit dans cette étape de la formation jésuite d'un stage apostolique pour mettre en pratique une connaissance théorique déjà acquise dans la formation intellectuelle et apprendre à travailler avec d'autres jésuites dans une même ouvre. Au Collège je suis animateur spirituel de la division des grands et aumônier d'une troupe de scouts et d'un groupe de « Caravelles ». Cette mission qui m'est confiée par la Compagnie ne couvre dans mon emploi de temps qu'un mi-temps. Pour l'autre mi-temps, je suis étudiant en Service Social à l'USJ.

Entre 14 et 22 ans de ma vie, malgré mon engagement dans des mouvements ecclésiaux tel que le Scoutisme, j'ai été en pratique très loin de la vie de l'Eglise. Je n'ai jamais été athée. En revanche, j'ai été très critique vis-à-vis de l'Eglise et ai cru pouvoir vivre ma foi sans aucun lien explicite avec elle. C'est grâce à un groupe de prière formé de jeunes chrétiens très engagés, que j'ai redécouvert le sens de l'Eglise comme "peuple de Dieu". Cette expérience d'Eglise témoin et instrument de salut déjà à l'ouvre dans notre monde aujourd'hui (et ce malgré toutes les formes de violence qui vont à l'encontre de ce salut) est à l'origine de ma vocation jésuite. En effet, c'est l'universel concret dans le monde tel qu'il est vécu dans la Compagnie de Jésus qui me pousse à me donner entièrement à la suite de Christ dans cette "petite Compagnie". A vrai dire, je n'envisageais pas un choix de vie qui m'aurait mis à l'écart du monde. Choisir la Compagnie, c'est, me semble-t-il, choisir d'aimer ce monde et d'y être totalement présent. Le désir des jésuites d'être présents aux "frontières", dans les secteurs clés de l'évolution humaine et dans les points chauds du globe, pour justement y dire une parole de foi et de vie qui essaie de mettre l'homme debout, eh bien tout cela m'attire.

Là, je me permets pour illustrer cet universel concret de citer le Père P. Arrupe qui disait pour exhorter les jésuites à avoir ce souci de l'universel : "Think global, act local." Et d'entendre également l'exhortation de St Paul aux Corinthiens : "je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques uns. Et tout cela je le fais pour l'Evangile, afin d'avoir part à ses biens". 1 Cor 9, 22-23.