Nouvelles de l'engagement social
de la Compagnie de Jésus
au Liban (juillet et août 2006)

 

Lire aussi : Nouvelles de l'engagement social de la Compagnie de Jésus dans le monde (juillet et août 2006)

 

Liban Moyen Orient : Point de vue du Liban

Une fois de plus le Moyen Orient s'enfonce dans un conflit cruel et mortel. Dans les circonstances, acculés presque à l'impuissance, nous voulons exprimer notre complète solidarité envers les centaines de victimes civiles innocentes des deux côtés de la frontière Israélo-libanaise qui, sous ces attaques indiscriminées, ont perdu la vie ou celle d'amis ou de membres de leur famille en même temps que leur maison et leur gagne-pain.

Ci-dessous nous vous présentons un témoignage de Beyrouth du P. Fadel Sidarouss SJ, Provincial du Proche-Orient, qui a été circulé le 20 juillet par le service d'information de la Conférence des Provinciaux Européens : " Je ne pourrai malheureusement pas bouger d'ici, car la seule frontière ouverte est celle du Liban Nord pour la Syrie, et elle est dangereuse. Si l'on peut sortir, on n'est pas sûr de pouvoir rentrer. Or ma place est bien au Liban. La maison qui est en sécurité est Bikfaya (l'armée nous a demandé de mettre dans notre cour des tanks, mais notre refus a été catégorique). Beyrouth n'est pas visé, mais des retombées de bombes peuvent avoir lieu. Jamhour n'est pas en grande sécurité: une caserne militaire toute proche a été détruite avec 13 morts et des blessés; aussi a-t-on envoyé les scolastiques à Bikfaya, quant aux Pères, ils logent au sous-sol par mesure de précaution. Tanaïl est menacé à cause de la proximité de la route de Damas et de Baalbek habité par le Hezbollah; ce matin, les ouvriers ont commencé à venir travailler, car l'essentiel des parties visées a été détruit. La route de Tarchiche a été atteinte. J'irai célébrer une Messe à nos Tertiaires, en grande sécurité à Gharzouz (Jbeil); ils se livrent à un autre genre de combat! [...] Transmets ces nouvelles autour de toi. Nous demeurons unis dans une même prière. "

 

Quelques nouvelles des nôtres au Liban du Père Fadel Sidarouss SJ, Provincial du Proche-Orient (26 Août 2006)


L'après guerre : Situation générale du pays

Les combats militaires semblent apaisés depuis le 14 août, vigile de la fête de l'Assomption, comme on l'a fait remarquer. Aussi les déplacés, près d'un million, sont-ils revenus dès le jour même et les jours suivants à leurs villes, villages et habitations pour loger on ne sait trop où, selon des consignes très précises de normaliser la situation d'après guerre. La reconstruction de l'infrastructure démolie a été non moins immédiate ; tout le monde s'y affaire : individus, sponsors, partis, gouvernement, avec des promesses d'aide de pays arabes et étrangers. Les denrées vitales se retrouvent progressivement sur le marché. On prépare déjà la rentrée scolaire et universitaire qui ne semble pas être compromise, malgré un léger retard. Véritable épopée ! C'est la vitalité et le tempérament combatif des libanais qui sont à l'œuvre !

Le véritable enjeu actuel est d'ordre politique, diplomatique et confessionnel. Il n'y a ni vainqueur, ni vaincu ; et pourtant tous se disent vainqueurs : il faut maintenir le bon moral des troupes, militaires, résistants et civils ! L'exécution du décret 1701 du Conseil de Sécurité, dont chaque partie se réserve sa propre interprétation, constitue le fer de lance des débats publics, dont celui du désarmement dans le pays, au profit de l'armée libanaise qui a commencé à se déployer au sud (cela devait déjà avoir lieu en 1978), mais qui n'est pas chose acquise, même s'il a provoqué la guerre et constitué une condition du cessez des combats. Comme la situation est hautement confessionnelle, l'acquis d'une certaine 'unité nationale' durant la guerre risque d'être compromis, surtout par l'ingérence de puissances étrangères. En bref, un calme circonspect, une effervescence pour retourner à la vie normale et une activité politique débordante.


Et les Nôtres ?

Si nous n'avons pas été directement visés ou endommagés, nous sommes toutefois déjà grandement sollicités pour aider les victimes de la guerre et parer à ses conséquences. Le Père Général nous a généreusement remis un don à cet effet. Voici les besoins exprimés jusqu'ici ou pressentis :

I. Nos institutions caritatives
Les demandes d'aides urgentes affluent par centaines à notre Centre social de Beyrouth (CJC), concernant des personnes en difficulté, à la limite de la pauvreté, mais que la guerre a surpris et dont elle a aggravé leur situation. Or les bienfaiteurs libanais habitués à aider les cas, lorsque nous faisons normalement appel à leur générosité à travers les journaux, répondent difficilement en ce moment à nos demandes :
1- Médicaments et traitements : à ce jour, 60 cas : 18.000 USD.
2- Bourses scolaires : à ce jour, 20 cas : 14.000 USD.
3- Couverture sociale de chômeurs ayant des enfants à leur charge. A ce jour : 25.000 USD.
4. Le Comité d'Activités Sociales (CAS) des Collèges Notre Dame de Jamhour et Saint Grégoire mèneront une campagne spéciale tout au long de l'année. La somme prévue à cet effet est de l'ordre de 50.000 USD.

II. Nos institutions éducatives
(2 Ecoles, 3 Collèges, 1 Institut Supérieur et 1 Université)

Elles connaîtront certainement des difficultés financières pour maintenir leurs projets éducatifs durant l'année, avec un nombre d'élèves et d'étudiants dont le nombre diminuera certainement. Mais elles devront surtout assurer des bourses  scolaires aux élèves dont les parents ne pourront pas payer les frais de scolarité ; L'USJ de son côté compte constituer un fonds d'un million de dollars pour des bourses universitaires. Or, maintenir les élèves dans les écoles et les étudiants dans les universités, aidera les familles à rester dans le pays, sans songer à l'émigration.
5. Dans les 4 établissements de la Béqaa, région fortement atteinte par la guerre, le chiffre total des besoins pour assurer les seuls salaires de septembre est de l'ordre de 125.000 USD.
6. Les Collèges Notre Dame de Jamhour et Saint-Grégoire, qui assurent ordinairement des bourses scolaires, prévoient pour cette année une augmentation de quelque 200.000 USD.

III. Nos institutions sociales
7. A Tanaïl, dans la Béqaa, la laiterie n'a pu écouler  ses produits, ni la ferme assurer la récolte et la vente (c'est pourtant la saison) ; les conséquences risquent de se prolonger. Il faudra, malgré tout, assurer les salaires des mois de juillet, août et septembre pour environ 25 employés permanents et entre 40 et 80 journaliers qui réclament un salaire plus élevé : 75.000 USD (d'après les premières estimations, la perte agricole pour l'ensemble du pays serait de l'ordre 10 Millions de USD) .

IV. Nos institutions spirituelles
8. Les centres spirituels de Tanaïl et de Bikfaya n'ont pas fonctionné cet été, la foi ardente du peuple s'étant exprimée dans leurs maisons et leurs églises paroissiales. Le déficit est respectivement de 7.000 USD et 2.000 USD.

Le cri des pauvres et des victimes de la guerre nous tient tous à cœur.

Fadel Sidarouss SJ
Provincial Proche-Orient

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* Note
Pour soutenir les activités ci-dessus il est possible de faire un transfert bancaire aux coordonnées suivantes:
Intitulé du compte: GISA - Economato Generale Societatis Iesu
Banque: ISTITUTO PER LE OPERE DI RELIGIONE (IOR), 00120 Città del Vaticano
SWIFT: IOPRVAVX
Numéro de compte en euros (EUR): 27212-001, en dollars américains (USD): 27212-007
Référence: Aide pour PRO 222701-11.

Merci d'envoyer un message au SJS ( mailto:liliana.carvajal@sjcuria.org) en spécifiant le montant et la date du transfert. On peut préciser, si on le désire, une destination donnée.

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