Saint François-Xavier, dont l'extraordinaire rayonnement fut décisif pour des milliers de vocations missionnaires à toutes époques, est l'auteur de cette lettre à Ignace et à tous les compagnons, écrite de Cochin (en Inde), en 1544.
" Que de fois, j'aurais voulu aller dans les universités d'Europe,
et principalement à l'université de Paris en criant à
pleine voix, comme un homme qui a perdu le sens ; à ceux qui ont
plus de science que de désir de se mettre à en tirer bon
profit ; et si avec la même ardeur qu'ils mettent à l'étude,
ils réfléchissaient sur le compte que Dieu Notre-Seigneur
leur demandera de cette étude ainsi que du talent qui leur a été
donné, un grand nombre en seraient émus ; ils adopteraient
les moyens et les exercices spirituels propres à leur faire connaître
et pénétrer, dans l'intime de l'âme, la volonté
divine, et se conformeraient plus à elle qu'à leurs inclinations
propres, disant : "Seigneur me voici, que voulez-vous que je fasse
? ".
Mais je crains que beaucoup de ceux qui étudient dans les universités,
n'y étudient que pour obtenir de bonnes places, de bons salaires
et des dignités. C'est ainsi qu'ils font choix de leur état
de vie, guidés par leurs affections désordonnées.
J'ai été sur le point d'écrire à l'Université
de Paris pour leur dire combien de milliers et de millions de païens
se feraient chrétiens s'il y avait des ouvriers. Telle est la multitude
de ceux qui se convertissent à la foi du Christ dans ce pays où
je me trouve, que souvent il m'arrive d'avoir les bras fatigués
de baptiser, et de ne pouvoir plus parler pour avoir récité
tant de fois dans leur langue le Credo et les commandements, ainsi que
les autres prières et une instruction où je leur explique
ce que veut dire être chrétien".