Conférence-débat du Comité des Parents
du Collège Notre-Dame de Jamhour
« Les adolescents entre
mutation et rupture,
quelle prévention ? »
Christiane Tuéni
(version imprimable)
Introduction
J'emprunte tout de suite une citation à René Char : "Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience". (Fin de citation). Improductivité, irresponsabilité, goût de la fête, de la consommation, contre-culture. Ce sont autant de termes qui désignent l'adolescence. Il arrive qu'on en dise beaucoup de mal, mais il arrive aussi qu'on en pense beaucoup de bien !
Etymologiquement, le mot adolescent signifie "qui grandit". En effet, il est demandé à l'adolescent de vivre en quelques années les grandes mutations de la vie humaine. C'est dit-on "les années métamorphoses". Des années riches et fondatrices où se rencontrent le plus souvent souffrances et inadaptations. Des années de crise sachant qu'une crise est une phase difficile, une rupture aiguë d'un équilibre antérieur qui conduit à une transformation et à un changement ultérieur.
Grandir, c'est se construire, pour accéder au monde, avec l'aide de ceux qui ont précédé. Grandir, c'est élaborer un projet, accompagné de ses éducateurs qu'ils soient parents ou professeurs.
A partir de là, l'adolescence n'est pas en soi un problème, bien au contraire, elle est une opportunité à saisir, elle devient un espoir. Encore faut-il deviner, comprendre, interpréter, accompagner, veiller et surveiller.
La mission des parents n'est pas de subvenir seulement aux besoins de leurs enfants en leur assurant le bien-être mais de montrer l'exemple, d'exprimer leur affection, de s'intéresser à la personne de l'enfant en tant qu'individu libre.
La mission de l'école est selon le vou de Condorcet, déjà au XVIIIe siècle, de former des individus autonomes, des esprits capables de penser par eux-mêmes. Le devoir du professeur n'est donc pas de transmettre seulement des connaissances et de former à des savoirs, mais d'enseigner c'est-à-dire de prévenir, de signaler, de remédier, d'éduquer, d'innover, d'orienter et j'en passe.
Les adolescents entre mutation et rupture. Quelles préventions ?
Je prends en charge ce soir le volet scolaire et pédagogique relatif à la tranche d'âge qui s'étend de 13 ans à 17 ans. Je pose trois types de questions successives auxquelles je répondrai le plus clairement possible.
1ère question : Quels sont les différents parcours et les nouvelles exigences pédagogiques qui interviennent à l'âge de l'adolescence?
2ème question : Quels sont les obstacles rencontrés ainsi que les réactions des jeunes face aux nouvelles exigences ? Quels sont les moyens de détection et de remédiation?
3ème question : Quels sont les moyens pédagogiques mis en ouvre pour motiver les jeunes et prévenir les difficultés?
1. Quels sont les différents parcours et les nouvelles exigences pédagogiques qui interviennent à l'âge de l'adolescence?
1.1 Les parcours
Après le cycle primaire, l'enfant devenant adolescent passera impérativement dans 3 cursus successifs :
Dans l'attente d'arriver au cursus terminal qui répond à une pédagogie de performance et de consolidation, préparant ainsi les jeunes au parcours universitaire, le cursus du cycle central (5ème et 4ème) et celui du cycle d'orientation (3ème et 2nde) s'inscrivent eux dans une pédagogie de la patience.
En effet, entre la classe de 5ème et de 2nde, le jeune élève vivra des périodes en apparence inutiles. Il ne voit pas immédiatement la finalité de l'apprentissage qu'il vit. Il s'agit de périodes de mise en réserve dont le bénéfice n'apparaîtra que plus tard. Les brusques prises de conscience ne se font pas sans préparation.
Paradoxalement à une société du zapping qui valorise l'instant et le changement compulsif, les objectifs de ces classes conduisent l'élève à penser non plus dans le court terme mais dans le long terme, dans la durée. Le parcours sera long, la marche sera lente. Il y aura des choix à faire, des décisions nécessaires à des moments déterminés. L'orientation scolaire est un passage obligé. Elle est fortement marquée par les résultats scolaires d'une part, et par les pressions du milieu familial d'autre part. De plus en plus, le jeune est appelé à construire son orientation plutôt qu'à la subir (j'y reviendrai plus loin).
1.2 Les nouvelles exigences au niveau des apprentissages
Les différents parcours, que traverse le jeune adolescent, exigent une formation dans l'action. Pour cela, des apprentissages s'imposent :
a. L'apprentissage cognitif
b. L'apprentissage des outils transversaux
c. L'apprentissage comportemental et socio affectif
a. L'apprentissage cognitif ou le développement de la pensée
Les méthodes et les démarches adoptées relèveront de plus en plus du domaine de l'abstraction. Il s'agit de renforcer le raisonnement, la réflexion, l'analyse, l'interprétation, la reformulation et la synthèse. Des démarches inductives à partir de l'expérimentation et des recherches nécessitent du même coup, compréhension et savoir-faire. Autrement dit, c'est exploiter ses connaissances, adopter un vocabulaire théorique en croisant des méthodes.
Cet apprentissage ne peut réussir sans l'acquisition d'outils transversaux.
b. L'apprentissage des outils transversaux
Les outils transversaux permettent à l'élève d'avoir une meilleure vision et une meilleure gestion de son travail scolaire. La tenue de l'agenda scolaire et celle des classeurs s'imposent. Au-delà de la simple annotation des agendas, cet exercice quotidien permet à l'élève de planifier son travail et de gérer son temps. L'apprentissage du classeur et celui de la prise de notes, c'est l'apprentissage du classement et du tri qui facilite la recherche des informations. C'est un exercice qui concerne l'organisation mentale, source de réussite scolaire. L'acquisition des outils transversaux est un pli qui exige du souffle, de la persévérance et de l'assiduité. Ce qui est loin d'être le point fort des jeunes adolescents. C'est alors que l'apprentissage comportemental s'avère essentiel.
c. L'apprentissage comportemental et socio affectif :
L'apprentissage le plus significatif est l'autodiscipline. A partir du cycle central (de la 5ème) le jeune élève est beaucoup plus livré à lui-même qu'il ne l'était dans les années précédentes. Il est appelé à se prendre en charge tant au niveau de la tenue que de l'hygiène. Il doit apprendre à se débrouiller et à faire face à des situations auxquelles il se trouve confronté tous les jours, avec ses camarades filles ou garçons, ses professeurs, ses parents. Il est appelé à se maîtriser en s'adressant aux autres, et à distinguer ce qui se fait, ce qui se dit, de ce qui ne se fait pas et de ce qui ne se dit pas. Il est appelé à faire la part des choses et à nuancer ses opinions.
L'école est le microcosme de la société. C'est le lieu où le jeune adolescent fait son apprentissage social et affectif. N'oublions pas que le premier miroir dans lequel l'adolescent saisit son image est le regard de l'autre. C'est en relation avec ses camarades, ses professeurs et ses parents qu'il finira par trouver sa place.
Face à cette patience qui leur est imposée et dont ils ne voient pas encore la finalité, face à ces apprentissages qui leur sont indispensables et difficiles, les jeunes adolescents vivent des difficultés et remettent tout en question.
2. Quels sont les obstacles rencontres et les réactions des jeunes face a ces nouvelles exigences ? Quels sont les moyens de détection et de remédiation ?
2.1 Les obstacles rencontrés
Les obstacles sont à trois niveaux : la compréhension, les méthodes, l'organisation.
a. Au niveau de la compréhension
Nombreux sont les élèves qui ont des difficultés d'abstraction. Ils ont besoin de visualiser, d'entendre, de toucher, pour comprendre. Ils manquent d'outils intellectuels pour saisir. Ils peuvent également souffrir d'acquisitions antérieures mal maîtrisées. Ces lacunes appartiennent le plus souvent au champ cognitif.
b. Au niveau des méthodes
Les élèves auraient tendance à privilégier la mémorisation au détriment de la réflexion et de la déduction. De même, ils ont tous tendance à présenter l'information telle qu'ils l'ont trouvée plutôt que de l'exploiter, de la synthétiser pour la réinvestir. Ils ont du mal à produire par eux-mêmes et cherchent toujours des documentations toutes faites. Il est également à souligner que leur reformulation à l'oral est souvent pénible, imprécise, appuyée d'onomatopées et de gestes.
c. Au niveau de l'organisation
Pour la plupart, les élèves savent ce qu'est une bonne organisation du travail. Ils désirent s'appliquer, promettent mais n'y arrivent pas, souvent par manque de persévérance. Il leur est difficile de bouleverser leur rythme et ils choisissent la facilité de fonctionner quand même à ce rythme tout en sachant qu'il est peu rentable. Ils ont du mal à mener un travail à terme, à respecter les échéances et comptent sur des délais supplémentaires souvent non accordés.
Devant tant de difficultés, les adolescents sont démotivés ce qui entraîne forcément des réactions.
2.2 Les réactions
Les élèves ont tendance à tenir :
a. Le discours du renoncement
Avec plus de subjectivité que d'objectivité, le jeune adolescent a tendance à s'étiqueter lui-même : "je suis nul en maths" ; "Je n'aime pas la géographie". "Je ne peux pas mieux faire".
Ce discours du renoncement va déclencher l'ennui et la paresse.
b. L'ennui et la paresse
Démotivé, le jeune subira son apprentissage au lieu d'en être le moteur. Il fera le strict minimum et encore ! Il devient expéditif, impatient. Il bâcle tout ce qu'il fait. Il est toujours insatisfait de lui-même et des autres. Devant cette attitude de désinvolture et de démission, des sanctions viendront creuser encore plus l'abîme entre lui et son parcours.
Ces sanctions vont commencer à le révolter et ce sera le début d'une étape agitée.
c. La révolte et l'agitation
Au début de cette étape agitée, le jeune adolescent, par instinct de survie, essayera d'attirer l'attention de l'autre. Devenu provocateur, il a du mal à respecter certaines règles élémentaires de discipline : la tenue, le comportement, la ponctualité, . Il affiche une toute autre attitude : il bavarde, il agresse sans raison ou pour un détail futile. Forcément, ces attitudes ne peuvent rester impunies. Mais à ce stade, les punitions ont-elles encore l'effet escompté. Non ! Elles seront acceptées avec indifférence ou mieux encore, elles autoriseront, a contrario, le jeune révolté à recommencer et à s'enfoncer davantage dans sa révolte puisqu'il aura purgé sa peine, sans trop de mal.
2.3 Les détections
L'école est une institution sociale. Elle possède et exerce une certaine autorité dans la société. L'école est un milieu de vie et de croissance. C'est bien là que les problèmes peuvent apparaître et se révéler d'une certaine manière. Il est donc du devoir de l'école de détecter ces problèmes et d'en informer la famille.
a. Les détections au niveau du Collège
- Les notes : la note est symptomatique quand nous constatons une baisse soudaine dans les résultats.
- L'observation en classe : l'élève n'a plus ses affaires, il ne prend pas notes, il ne fait plus ses devoirs du soir. Il ne suit pas les cours, bavarde, s'amuse et rêve.
- L'observation en division : l'animateur spirituel et les surveillants constatent qu'il n'adhère à aucun jeu collectif, ni aux activités organisées. Il rôde ici ou là en quête d'un divertissement creux et fantaisiste.
- Les conseils de classes : l'avis unanime des professeurs tant au niveau académique que disciplinaire est un signal d'alarme.
b. les détections au niveau des parents
- La relation à la maison : Le jeune adolescent, sans vouloir mentir, omet beaucoup de détails le concernant et devient moins bavard. Il évite de se trouver trop longtemps en compagnie de ses parents préférant de loin celle de ses amis ou la solitude.
- Le comportement : les requêtes augmentent, de plus en plus de sorties, un cellulaire s'impose (moyen assez efficace pour les parents de s'enquérir des va-et-vient des jeunes.) ou au contraire, le jeune s'isole, n'adhère plus aux activités habituelles, veille trop tard la nuit et brise toute tentative de communication.
Enfin, les échanges entre les parents et l'école sont toujours révélateurs. Pour l'école comme pour la famille, cette collaboration s'impose. Elle permet d'émettre un diagnostique complémentaire qui rassemble les derniers morceaux d'un puzzle, n'en doutons pas, un puzzle en voie de construction.
2.4 Les remédiations
Suite à ces détections, l'école possède des moyens de remédiations qui lui permettent de reprendre la communication avec le jeune adolescent et de ressaisir la situation. Elle peut également proposer quelques conseils aux parents.
Cela dit, rien n'est irrémédiable, en effet. Il serait fort imprudent de soutenir l'idée que l'adolescent, ne sait pas, parce qu'il n'est bon à rien. De même que forcer son rythme naturel serait attentatoire à sa croissance et susciterait chez lui des angoisses supplémentaires.
Pour que la solution soit possible, elle doit être une solution, humaine et personnalisée. Suite aux difficultés évoquées (académiques, relationnelles et comportementales), l'école et la maison doivent collaborer et adopter un même système de fonctionnement. Il s'agit d'instaurer avec les jeunes, une relation de confiance, d'autorité et de responsabilité.
a. La remédiation à l'école
L'école a des structures adaptées aux différentes situations. Le préfet chargé du suivi des élèves s'occupera de retracer le parcours avec l'élève concerné, pour que ce dernier devienne capable d'identifier les obstacles, d'estimer sa situation et d'avancer des solutions.
Le Préfet s'entretient aussi avec tous les partenaires en lien avec l'élève : les professeurs, les surveillants, le tuteur, l'animateur spirituel, les parents et éventuellement le psychologue scolaire. Ensemble, ils ont le devoir de guider l'élève et de l'éclairer. Ils proposent également des moyens adaptés pour permettre à l'élève de se remettre à niveau. Quel que soit l'interlocuteur de l'élève en milieu scolaire, la relation à bâtir converge vers le scolaire. De même, il est plus qu'évident que la qualité de la relation entre le professeur et l'élève est fondamentale, elle est centrale. Il ne s'agit pas seulement d'un contact relationnel mais aussi et surtout d'un suivi responsable qui ne peut se faire à sens unique et qui pousse le jeune à rendre compte.
b. Les conseils d'ordre général que l'école peut donner aux parents
- Instaurer une relation de confiance : pour le jeune adolescent, l'opinion qu'ont de lui ses parents compte pour beaucoup dans la construction de son image. Pour cela, toutes les remarques qui lui sont adressées doivent être constructives. Elles créent ainsi un climat de confiance. Que le jeune comprenne qu'elles lui sont destinées par amour, sans que les parents, toutefois, ne recourent au chantage affectif du genre : je me tue pour toi. j'ai fait l'impossible pour que tu arrives. qui nuit et culpabilise. Les parents ont plutôt l'habitude de centraliser toute leur relation avec leurs enfants autour de l'école. Ils ont également tendance à monopoliser la parole et tombent dans le piège des leçons de morale et du blâme : il faut que tu étudies . tu dois obtenir de meilleures notes .Tu n'as pas réussi à.Ils usent et abusent de l'impératif : rentre étudier, range tes affaires, . Ce qui contribue largement à créer un climat de lassitude et de méfiance. Il serait plus astucieux de laisser réagir le jeune sur son centre d'intérêt. Le faire parler, l'écouter formuler son problème sans l'interrompre et finir par discuter avec lui de tout dysfonctionnement en analysant la situation plutôt qu'en le blâmant.
- Instaurer une relation d'autorité : Le jeune adolescent comprend facilement qu'il a des devoirs et des obligations d'où la nécessité de les lui montrer pour qu'il se construise et l'importance de lui laisser suffisamment de liberté pour qu'il s'épanouisse. Grandir, c'est aussi s'affranchir de la tutelle de ses parents.
Pour cela, les règles de fonctionnement doivent être claires. Etant lui-même hésitant, l'adolescent attend de ses parents des positions claires et nettes. On ne peut pas le décevoir. Les repères ne doivent en aucun cas dépendre des humeurs : je suis de mauvaise humeur, je le gronde et je l'empêche de sortir alors que de bonne humeur je l'autorise à faire ce qu'il veut sans même lui demander un minimum légitime : où sors-tu ? Avec qui ? Et à quelle heure rentres-tu ? Dans le cas du « tout ou rien », l'adolescent ne saura plus distinguer ce qui se fait de, ce qui ne se fait pas, il apprendra à agir selon les humeurs. Il ne saura plus ce qu'est la loi !
- La gestion des vacances : Loin de prétendre vouloir gérer les vacances de ses élèves, l'école conseille toutefois aux parents de maintenir certaines règles de vie et de veiller à ce que les jeunes gèrent leur temps libre de manière organisée et non anarchique : les repas à heures fixes ; les soirées interminables et le lever trop tardif doivent rester occasionnels. Qu'il n'y ait pas une grande rupture entre le temps scolaire et celui des vacances.
- Le partenariat avec l'école : L'école ne peut réussir l'éducation de ses jeunes si elle n'a pas l'appui des parents. Deux poids deux mesures entraîneraient forcément la perte de tout repère. Couvrir le jeune parce qu'il a commis une erreur c'est le priver d'un repère fondamental qui est le devoir. C'est lui apprendre qu'il peut toujours compter sur une intervention qui va le sauver et lui enlever tout sens de la responsabilité. Le jeune adolescent rêve de liberté. Il doit savoir que pour être libre et exercer sa liberté, il doit pouvoir d'abord l'assumer. C'est alors que nous aurons réussi à le responsabiliser.
3. Quels sont les moyens pédagogiques mis en ouvre pour motiver les jeunes et prévenir les difficultés ?
La réussite scolaire du type standard n'existe pas. Il s'agit plutôt de réussites par étapes, liées à un projet personnel. La démarche du projet personnel est une grande motivation pour l'adolescent qui désormais va se faire reconnaître et se faire accepter par sa propre histoire. Ce projet trouve son importance dans le fait qu'il rattache le présent à l'avenir. Ainsi, il permet de donner du sens au vécu et réduit ainsi l'inconnu et l'anxiété. Le projet personnel passe par différents paliers :
a. Le projet de formation
b. Le projet civique et citoyen
c. Le projet d'orientation
a. Le projet de formation
L'adolescent tout seul ne peut réussir. On ne peut réussir à sa place non plus. Par conséquent, la première règle est la mise en place d'un plan d'action auquel il est associé. Ce projet de formation le fera passer d'une relation d'autorité à une relation d'autonomie. Si l'école met en place aujourd'hui des projets comme les Itinéraires de Découverte (IDD) ou les Travaux Personnels Encadrés (TPE) ou les technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (TICE)qui permettent à l'élève de maîtriser les connaissances en les découvrant par lui-même, la maison et la famille pourraient s'aligner sur ce même mode de fonctionnement et confier aux jeunes des projets qui dépassent le scolaire et qu'ils sont tenus de mener à terme. Des projets divers comme aménager sa chambre, organiser une soirée familiale, amicale.
b. Le projet civique et citoyen
Il fait également partie du projet personnel de l'élève. Si l'éducation civique et citoyenne est amorcée dès les petites classes, c'est à partir du cycle central qu'elle prend une dimension considérable. C'est là que s'opère la confrontation à la loi. Le jeune adolescent voudra discuter le règlement pour affirmer ses droits et connaître aussi ses devoirs. Avec les jeunes adolescents, on ne s'interroge plus sur comment réprimer, interdire, punir, mais plutôt qu'est-ce que la loi ? Pourquoi faut-il des lois ? Le jeune adolescent apprendra la différence entre enfreindre le règlement et ne pas le reconnaître. Il découvrira non pas l'arbitraire mais la démocratie. D'ailleurs les élèves veulent des lois pour s'y référer tous les jours. Ils sont les premiers à dénoncer le laxisme des professeurs quand ces derniers ne punissent pas les élèves réfractaires. Un exemple d'apprentissage à la démocratie : les élections de délégués, les heures de vie de classe qui sont des moments de débats et où le combat agressif est remplacé par le combat des arguments. Ces débats pourraient être également ouverts à la maison : écouter les jeunes donner leur avis sur l'actualité, argumenter logiquement leurs opinions sans chercher à ignorer leur prise de position.
c. Le projet d'orientation
La construction du projet personnel d'orientation est le concept le plus utilisé au sein du système éducatif. C'est un passage obligé. Il nécessite le développement de l'éducation au choix.
L'éducation au choix développe la personnalité de l'adolescent. Elle fait réagir ce jeune qui semble ne s'intéresser à rien. Elle facilite l'émergence de ses désirs et le début d'un itinéraire. Réussir le choix de son orientation, c'est commencer à réussir sa vie en quelque sorte.
Pour faire les bons choix, il s'agit d'amener le jeune adolescent à se poser les bonnes questions : Qui suis-je? Qu'est-ce que je veux ? Pourquoi je le veux ? Quels sont les obstacles à franchir ? Quels sont les moyens à mettre en ouvre ?
Pour répondre à ces questions certes difficiles, l'école s'occupe, de son côté, de la connaissance de soi, elle organise des forums des métiers, des visites de campus universitaires, des rencontres avec des professionnels et éventuellement, des stages d'été qui contribuent largement à mettre le jeune en contact avec la réalité. Mais les parents jouent encore plus un rôle d'éclaireur. Les jeunes aiment et privilégient le témoignage des adultes notamment de leurs parents ou d'un membre de la famille. Leur vécu et leurs expériences leur sont toujours profitables. Il revient également aux parents de leur ouvrir de nouveaux horizons en les accompagnant dans des lieux où se tiennent des conférences ou des expositions.
Le projet personnel est donc un projet de formation continue. Il est bon non pas quand on trouve les bonnes réponses mais quand on se pose les bonnes questions. Il ne s'arrête certainement pas à l'issue de l'adolescence. Le projet personnel est aussi celui que continueront à construire les adultes qu'ils deviendront.
Conclusion
Reconnaissons à ces adolescents le courage dont ils font preuve dans les situations difficiles qu'ils traversent.
Obstinons-nous à croire en eux en taisant nos angoisses !
Osons dire, à notre tour, à chacun d'eux : « deviens ce que tu es ! ».