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Nous du Collège - N 298 - Mars 2023
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Vie au Collège 33
ès mon arrivée au Collège, le matin du mercredi
D25 janvier, Mme Wehbé me convoque dans son
bureau. À ce moment, (des centaines de questions
rôdaient dans ma tête). J’ignorais toujours qu’elle
m’invitait à faire part d’une expérience exceptionnelle
avec les délégués de ma promotion : rendre visite
à nos « sœurs et frères » de l’association Anta Akhi.
Arrivés à Ballouneh, Père Marek Cieślik, notre Vice-
Recteur, Mme Wehbé, Mme Hindi, M. Tinawi, les
délégués et moi-même outsider privilégiée, sommes
accueillis par Layal Bitar la chargée de l’association,
et par les membres de l’association qui ont
entonné un chant aussi émouvant qu’enthousiaste.
Émouvant puisqu’eux-mêmes l’avaient créé et le
chantaient tout en nous manifestant leur joie et offrant son temps pour le besoin d’autrui. Lors du
leur enthousiasme. Par ailleurs, nous sommes assez discours, on nous a offert des sfoufs faits-maison
chanceux d’avoir eu l’opportunité d’être là-bas, ainsi que des boissons chaudes. Je pense que ces
mais d’y être un mercredi, c’était quelque chose. En sfoufs étaient les plus doux que j’ai jamais goûtés
effet, les mercredis sont les « jours spirituels » où ils de ma vie. Comme on le dit, ce qui est donné du
passent leur temps à prier tous ensemble. cœur est toujours particulier.
Le handicap est loin d’être une maladie, bien au
Suite à de longs échanges, c’était comme si nous contraire. Les personnes qui portent un handicap,
nous connaissions depuis longtemps. On a appris les sont dotées d’un cœur pur, d’un esprit épanoui, ainsi
moindres détails de leur vie quotidienne, commune que d’un regard optimiste. C’est vrai que je souris
et privée. Plus tard, M. Tinawi a pris la parole avant en les regardant, je souris car les personnes en face
de leur remettre l’argent qu’on a collecté durant le de moi, sont des personnes bien plus heureuses
Marché de Noël. Je regardais en souriant chacune que moi malgré leur imperfection. Nul n’est parfait,
des personnes que nous sommes venus soutenir. c’est juste que leur imperfection est visible. Mais
Mais pourquoi le sourire ? Vous le saurez plus tard. nous, ne faisons que nous plaindre, ne pensant qu’à
nous-mêmes. L’Homme est égoïste c’est vrai, mais,
Nous sommes invités ensuite à monter à l’étage. Et personnellement, j’investirai en moi pour essayer de
là, j’ai fait aussi une découverte : Ghassan, un homme m’améliorer et d’apprendre à être reconnaissante à
ayant perdu son frère. Son frère et lui partageaient tout obstacle rencontré sur mon chemin.
une chose, le handicap, qui ne faisait qu’empirer
avec les années. Il a peut-être eu la chance de Finalement, j’espère que notre petit geste, venu
continuer à se battre, mais n’a fait que nous répéter, droit du cœur, servira à améliorer leur quotidien.
qu’il attend le jour où il reverra son frère. Aux côtés Sibelle Karam 1 1
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de Ghassan, on pouvait trouver M. Walid Khoury,
ancien accompagnateur pédagogique au Collège,

