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Vie au Collège


                              Les élèves de 1  à Beit Beirut
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            endredi 16 février 2024, la 1 1 a visité l’exposition
                                       re
        Vtenue à Beit Beirut par le Comité des familles des
        kidnappés et des disparus au Liban, qu’on a pu découvrir
        grâce  à  notre  professeure  d’Histoire-Géographie  Mme
        Myrna  Habre.
        L’exposition revient sur les travaux débutés en 1982 par
        ledit  Comité  pour  tenter  d’apporter  des  réponses  aux
        familles mais aussi à tous les Libanais, sur les personnes
        enlevées pendant la guerre. Le but de notre visite a été
        de découvrir une partie de l’histoire récente de notre
        pays à laquelle nous avons difficilement accès.
        L’exposition installée à Beit Beirut - Sodeco, un immeuble
        témoin des destructions de la guerre, qui a été utilisé par
        les francs-tireurs figure sur beaucoup de photos de cette   C’est  justement  l’objet  de  la  deuxième  étape  de
        époque. Il est donc porteur d’une lourde mémoire et est   l’exposition, dans laquelle nous avons découvert l’histoire
        particulièrement adapté à l’exposition. Son emplacement   de parents décédés sans avoir obtenu de réponse sur la
        géographique est stratégique, et sa structure permettait   disparition de leurs enfants. Le suicide de Nayfeh Najjar
        aux  francs-tireurs  de  viser  des  positions  variées  sans   après la disparition de son fils de 13 ans Ali Hamadeh en
        être repérés de l’extérieur. Rénové, il a perdu quelques   est un malheureux exemple. Pour nous, qui n’avons pas
        aspects de sa structure originelle, mais reste un témoin   vécu la guerre, c’était indignant, révoltant, et choquant.
        extrêmement révélateur des réalités de la guerre.      Ensuite,  nous  avons  scruté  les  tableaux  statistiques.
        L’exposition  comporte  plusieurs  moments  forts.  Dans   Pour n’en citer qu’un nombre, 17 000 ! C’est le nombre
        un  premier  temps,  une  frise  chronologique  en  grand   de disparus lors de la guerre. Et 17 000 familles dans le
        format témoigne du vécu des proches et des familles.   doute, dans l’attente, dans le déni. 17 000 familles qui
        Elle relate aussi les publications de journaux d’époque   peinent encore à reprendre la vie. Et enfin, nous avons
        et  les  réactions  de  l’État  et  des  forces  de  l’ordre  face   vu une carte montrant les fosses communes repérées
        aux évènements. De petits écrans et des écouteurs sont   partout au Liban et qui expose dans le même temps le
        disponibles pour écouter des témoignages de proches.   processus  que  devraient  employer  les  autorités  pour
        Mais ce sont surtout les photos des disparus placées sur   recenser les corps des disparus. Un travail qui n’a pas
        la frise qui nous ont touchés. Ces visages et ces regards   été fait.
        en noir et blanc font écho dans la salle. Et la souffrance   Mais  notre  visite  n’a  pas  seulement  été  informative.
        des familles se fait ressentir.                        Nous avons rencontré Mme Souhad Karam, membre de
                                                                              la grande famille de Jamhour, et membre
                                                                              du Comité, qui a tenu à nous accueillir
                                                                              pour partager avec nous son histoire et
                                                                              nous donner plus de détails sur le vécu
                                                                              de la guerre, de l’horreur de l’attente, et
                                                                              de la souffrance qui accompagne le déni
                                                                              et le doute. Je la remercie profondément
                                                                              pour son honnêteté et son courage, sa
                                                                              force d’esprit et son beau sourire.
                                                                              Alors  que  cette  partie  de  l’histoire
                                                                              reste taboue, dissimulée, cachée par la
                                                                              plupart  des  Libanais,  nous  avons  jugé
                                                                              extrêmement important de visiter cette
                                                                              exposition  pour  découvrir  une  partie
                                                                              sombre  de  notre  histoire,  l’histoire  du
                                                                              Liban,  l’histoire  de  tous  les  Libanais.
         Les élèves captivés par le témoignage de Mme Souhad Karam,           #Badna  naaref
                      ancienne employée au Collège.
                                                                                               Emmanuel Moawad 1 1
                                                                                                                  re
       Nous du Collège                              Juillet 2024 - N  301                                          17
                                                                   o
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