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Culture



        « Rideau » est le monologue d’une femme qui s’adresse
        en fait à un amant absent. Avec la jeune femme, le public
        parcourt différentes étapes de la relation. L’évolution de   Dans le cadre de la sensibilisation au genre théâtral,
                                                                               re
        ses états d’âme se comprend par la diversité de la garde-  les élèves de 1  ont assisté, jeudi 21 mars 2024 au
        robe. La femme est en même temps actrice et crée une    théâtre Monnot, à une pièce intitulée « Rideau » mise
        autre scène sur l’estrade, elle brise le quatrième mur et   en scène par Bruno Tabbal, ancien du collège.
        communique avec le public, chante, fume et boit.        Un  chef-d’œuvre  à  couper  le  souffle,  qui  mêle  à  la
        Ces  actions  peu  ordinaires  pour  le  théâtre,  nous   fois complexité et réflexion. Une femme tourmentée,
        attachent  davantage  à  son  histoire.  Maria  Douaihy   Maria,  actrice  déchue,  seule  sur  les  planches,  livre
        n’hésite pas à montrer un côté sensible et cru de son   les pensées qui lui pèsent à travers un long et ardent
        histoire personnelle et de son parcours amoureux, une   monologue.  On  comprend  la  tumultueuse  relation
        toile sincère se peint devant nos yeux.                 que cette femme entretient avec elle-même à travers
        Pour  nous,  élèves  de  1 ,  ce  qui  a  rendu  notre  sortie   son rapport avec deux entités : un homme qui n’est
                               re
        encore  plus  mémorable,  c’est  la  discussion  que  nous   plus présent, et son public. Toute la scène est dotée
        avons eue après la représentation, avec Mme Douaihy     d’un  effet  rétro  plaçant  l’intrigue  sous  le  signe  de
        et  M.  Tabbal.  Ce  dernier  a  souligné  la  profondeur   l’intemporalité, celle des émotions de la protagoniste
        et  la  complexité  du  texte.  L’objectif  est  de  créer  une   qui pourraient être celles de toutes les femmes, toutes
        dynamique  visuelle  saisissante  pour  accompagner  un   époques confondues. Les mouvements, les couleurs,
        monologue d’une heure, tout en évitant la monotonie.    les  vêtements  accordent  à  la  pièce  une  esthétique
        Nous avons abordé des sujets fascinants, notamment le   particulière qui accroche le spectateur. Ainsi, le public
        choix des couleurs, des meubles, de la mise en scène et le   s’attache  progressivement  à  ce  personnage  dont  la
        processus d’écriture de Mme Douaihy. Celle-ci a partagé   lutte semble être une expérience partagée. La scène
        avec passion l’importance de la langue française dans   finit  alors  par  une  sorte  d’émancipation  de  cette
        son identité culturelle, et son parcours professionnel.  femme qui accepte le départ de l’homme et continue
        Cette expérience ne serait pas possible sans l’organisation   sa performance. L’approche du théâtre dans le théâtre,
        par  le  préfet  et  les  professeurs  que  nous  tenons  à   doublée d’un soliloque, donne davantage accès à la
        remercier.                                              psychologie de ce personnage dans lequel nombreux
                                                   Jia Esta 1 4  peuvent se retrouver. Cette crise personnelle qui se
                                                           re
                                                                transforme  même  en  une  crise  existentielle  nous
                                                                pousse  à  réfléchir  aux  thèmes  évoqués  :  la  beauté,
                                                                l’amour, la foi, l’union et la séparation… Cette pièce
                                                                nous a non seulement initiés au plaisir du théâtre mais
                                                                a laissé en nous une trace, une leçon interprétée par
                                                                chacun à sa façon, selon sa propre vision des choses.
                                                                N’est-ce pas ce qui fait la magie de l’illusion théâtrale
                                                                où les mots s’animent et animent en nous les pensées
                                                                les plus inattendue ?
          Des élèves de 1  après leur rencontre avec le metteur en scène                         Céline Abi Nader 1 1
                                                                                                                re
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          Bruno Tabbal et l’auteure du texte et actrice Maria Doueihi.

























       Nous du Collège                              Juillet 2024 - N  301                                          61
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