Centre Sportif, Culturel et Social du Collège Notre-Dame de Jamhour
Inauguration du bâtiment Wafic Rida Saïd

Allocution du P. Salim Daccache

 

Chers Amis

Les paroles de bienvenue tout juste prononcées par M.Joe Otayek sont évidemment celles de la Communauté des Pères, celles de la Communauté éducative, celle du Comité de l'Amicale des Anciens, celles du Comité du Centre, et les miennes aussi. Courteline n'a-t-il pas dit, en s'adressant à son hôte, dans l'un de ses textes : « Venez toujours, vous êtes toujours le bienvenu, n'est-ce pas là votre maison ? ».

Mesdames et messieurs,

Lorsque le comité organisateur de cet événement a discuté du lieu de rassemblement de nos hôtes d'aujourd'hui, j'ai insisté, malgré le trajet qui nous sépare de l'entrée officielle du Bâtiment culturel et social Wafic  Rida  Said, pour que notre rassemblement se fasse ici, dans ce lieu si symbolique, le Hall des Adhérents - Fondateurs. Lorsque nous avons donné ce nom à cet espace, il s'agissait d'un défi qui laissait certains sceptiques et d'autres quelque peu souriants. Quelques uns voyaient en moi un bienheureux. Etait-il possible de rassembler une quarantaine, voire une cinquantaine de grands donateurs suicidaires pour contribuer au financement du Centre Sportif culturel et social d'un collège, dans un contexte qui n'est pas américain, qui ne connaît pas ce genre de culture   philanthropique? Grâce à l'action conjuguée du Comité directeur du Centre, grâce surtout à l'Emir Samir Abillamaa, à Joumana Hobeika, à Sandra Abou Nader, et au comité de l'Amicale des Anciens, de nombreux donateurs ont largement contribué à ce que le bâtiment sportif et la zone de natation puissent voir le jour en mai 2002, relayés par l'adhésion de plus de 1400 familles et individus. Les travaux commencés le 16 septembre 99 se sont terminés le 16 mai 2002. L'aventure s'est ensuite poursuivie avec le projet de la troisième phase, le bâtiment culturel et social dont la construction a débuté le 16 décembre 2002. Mais les difficultés se sont multipliées, et il a fallu redoubler les prières adressées au Seigneur et à Notre Dame pour trouver un ami du Collège et des Pères, prêt à renflouer le budget et à assurer des fonds supplémentaires. « Frappez et vous obtiendrez », la parole de l'Evangile résonne encore dans nos esprits. Jusqu'à hier, plusieurs personnes ont apporté leur aide et leur contribution, afin que cet ouvrage culturel et social destiné à l'âme des anciens et à la culture, devienne, avec les autres bâtiments, une ouvre complète rappelant ce mot de Samuel Johnson : « Peu de choses sont impossibles à qui est assidu et compétent... Les grandes oeuvres jaillissent non de la force mais de la persévérance ».

Je remercie le Seigneur, je remercie MM., Michel Eddé, Jean Tamer, Claude Zoghzghi, Sami Maroun, Samir Mokbel, et je salue la mémoire de Georges Abou Adal, du Président Charles Hélou, de Sonia Rizk, de Naoum Khattar et de Béchara Nehmé. Je crains d'avoir oublié d'autres noms, même si on me répète souvent que j'ai une très forte mémoire.

Oui. Je me rappelle une lettre que j'ai reçue en mai 2001, une lettre gardée précieusement dans les archives vivantes de notre Collège. De ce fait, permettez-moi d'opérer un léger retour en arrière. Revenons en juin 2001, lors du dîner de la Mutuelle des Anciens. Ce jour-là, je parlais de l'Annuaire des Anciens, paru en 2000, à l'occasion des 125 ans du Collège, comme d'un excellent trait d'union entre les anciens élèves d'une part, et entre les Anciens et le Collège d'autre part, et j'avais dit ce qui suit :

« L'un d'eux, que certains parmi vous connaissent peut-être, M. Wafic Rida Saïd, élève au Collège pendant trois ans, de1953 à 1956, m'a envoyé le mot suivant: "J'ai été profondément touché et ému de recevoir l'annuaire des anciens élèves de notre cher Collège Notre-Dame de Jamhour. Quand j'ai feuilleté les pages de cet annuaire, j'ai ressenti une grande joie et une profonde émotion en retrouvant les noms des anciens amis que je n'ai pas vus depuis longtemps ainsi que les photos des anciens enseignants, notamment celle du père Bonnet-Eymard qui m'a beaucoup marqué. Le Collège Notre-Dame de Jamhour représente un grand moment de ma vie et je suis très heureux qu'il puisse continuer, après 125 ans, sa noble mission d'éduquer les générations du futur".  J'avais continué mon texte en disant :

« Ce témoignage d'un ancien élève oriente aujourd'hui encore nos regards et notre intelligence vers notre mission d'éducateurs, celle de former des femmes et des hommes pour les autres, des hommes et des femmes capables de bâtir un monde plus vrai, plus juste et plus fraternel. La valeur d'une institution c'est d'abord son passé qui est toujours présent et vivant ; sa valeur réside également dans ses manouvres quotidiennes qui tendent à former de vrais bâtisseurs d'avenir, des hommes de sciences et de lettres, et plus encore, des citoyens qui sachent façonner un avenir de justice et de liberté. »

M. Wafic Saïd, vous veniez de Damas, du 24, rue Abou Rommané, passer les trois années du Cycle complémentaire à Jamhour. Notre Dame de Jamhour vous a séduit, vous êtes donc tombé amoureux de ce collège et vous avez tenu à garder une partie de votre âme entre et sur ses murs. Quand vous avez visité le Collège et le Bâtiment sportif, depuis trois ans, vous n'avez pas hésité à faire preuve d'une grande générosité pour aider  Jamhour à continuer sa mission. Et lorsque je vous ai raconté que, parallèlement au Bâtiment culturel, nous comptons réaménager les locaux des Terminales, vous m'avez dit que votre participation au financement du Centre sera plus substantielle et vous avez tenu à contribuer également au développement éducatif du Col1ège.

Aujourd'hui en vous remerciant et en remerciant tous les adhérents fondateurs dont les noms figurent sur ce mur, je voudrais tirer, en quelques mots, les morales suivantes :

  1. Vous, fondateurs et membres qui avez contribué à l'édification de cette ouvre, représentez toute une communauté d'Anciens, de parents d'élèves et d'amis du Collège. Vous représentez une âme et des valeurs apprises sur les bancs de ce Collège. Nous sommes heureux que cette âme soit toujours vivante et qu'elle puisse aider cette institution à continuer sa mission pour l'excellence. Et cette excellence, nous devons tous en payer le prix.
  2. "Le bonheur n'est pas un gros diamant, dit Alphonse Karr, mais une mosaïque de petites pierres précieuses harmonieusement rangées." Nous sommes donc heureux que l'union de nombreux parrains et amis ait embelli davantage l'architecture de cet ouvrage. Car vous avez été nombreux à désirer cette beauté et à l'édifier.
  3. La solidarité pour le Centre a permis au Collège de continuer sa politique de développement pédagogique et d'aides sociales en bourses scolaires, en comptant sur les parrainages des anciens et des parents. Ces contributions ont également aidé à perfectionner les laboratoires et à assurer le matériel technologique de pointe.
  4. M. Saïd, même si vous êtes aujourd'hui un citoyen international, votre présence parmi nous  n'est pas sans donner un autre sens aux liens unissant le Liban à la Syrie. Elle nous rappelle que le Liban et la Syrie, comme le dit si bien le Patriarche Sfeir, sont deux pays placés sous l'égide d'un destin commun de fraternité et de soutien mutuel. L'histoire de ces deux pays est celle de deux frères qui s'aiment, se respectent et se soutiennent.
  5. Il est vrai que des ingénieurs, des architectes et des artistes ont travaillé pour que cette construction s'achève : merci à vous tous, à Jacques Liger-belair et aux Architectes Associés, à André Hakimé à l'équipe de Maken avec Youssef Amine, à Dimitri Bekhazi pour l'architecture d'intérieur- la Bibliothèque Président Charles Hélou sera votre référence en la matière-  Merci à Karim Chaaya et ACID et à toutes les personnes qui ont réalisé ce bâtiment. Merci surtout pour toutes ces preuves d'amour que vous n'avez pas hésité à montrer, car lorsque l'amour et la générosité se conjuguent à l'excellence, le fruit de cette union devient témoin d'une humanité créative qui croit en le Beau et le Vrai. Et lorsque le tout est mené d'une main de maître et d'un cour d'or comme celui de l'Émir Samir Abillamaa, cela signifie que l'on milite déjà pour que le Liban redevienne une principauté gouvernée par l'amour, le sourire, le don de soi  et la compétence.
  6. Un tel événement n'a pu être organisé sans l'apport et les sacrifices de beaucoup de personnes regroupées au sein du comité organisateur :

Chers amis,

Cette construction  a été entamée à l'époque où le Liban souffrait d'une crise d'indépendance et d'identité, lorsqu'il luttait pour sa liberté, lorsqu'il ployait encore sous l'arbitraire d'un pouvoir étranger. Mais, en entreprenant une telle ouvre, nous témoignons d'une foi inébranlable et d'une résistance sans faille car nous avons été et nous sommes toujours porteurs d'une mission, celle de former des hommes et des femmes de sciences et de lettres, des acteurs sociaux cultivés, qui oeuvrent pour un monde plus juste, plus vrai et plus fraternel. Notre mission est de former des citoyens qui veulent se libérer, aujourd'hui encore, de toute aliénation, qui veulent se défaire de cette corruption politique et sociale qui détruit le renouveau. Nous voulons former des Libanais qui sachent transformer et construire un Liban nouveau. Aujourd'hui, à l'approche de la fête de l'indépendance de notre pays, nous agissons pour que cette ouvre soit réellement une ouvre complète, pour qu'elle soit dédiée à un Liban toujours plus souverain et plus libre, ami de tous les peuples, trait d'union entre les différentes civilisations.