Centre Sportif, Culturel et Social du Collège Notre-Dame de Jamhour
Inauguration du bâtiment Wafic Rida Saïd

 

Mot de Monsieur Wafic Saïd
le mercredi 16 novembre 2005

Révérend Père Recteur,
Chers amis,

Je me sens plein d'émotion de me retrouver entre les murs de cet établissement si cher qui m'a vu grandir et évoluer ! Quelle joie de respirer l'air d'antan et de retrouver l'atmosphère des classes et les bancs d'école, l'ambiance des cours et ses corridors, les senteurs des arbres d'alentour et toute une partie de ma jeunesse. Tant de souvenirs qui résonnent en moi, en ce moment même, tant de bons souvenirs personnels et partagés.

Je vous remercie tous de votre présence en cette circonstance particulière et heureuse qui me permet - après toutes ces années - de revivre cela, un moment que je n'avais jamais pu imaginer auparavant.

Notre génération a eu, au sein de ce collège, une éducation exceptionnelle. C'était une chance unique. Et là je voudrais d'abord rendre hommage à quelques-uns des grands éducateurs que j'ai eu le privilège de connaître de près : au Père Guillermié qui nous apprenait les mathématiques, au Père Pérouse pour ses cours de latin et de philosophie et bien entendu au Révérend Père Bonnet-Eymard qui était l'un des plus illustres éducateurs de son époque.

Je ressens une grande fierté d'avoir eu la chance d'être leur élève, d'avoir puisé de leurs connaissances et de leur richesse spirituelle. De retour dans cet établissement d'excellence, je leur voue toute ma reconnaissance et ma profonde gratitude.

C'est pourquoi je suis très honoré aujourd'hui de contribuer, à ma façon, à l'expansion de ce collège qui m'est si cher au cour. Et là je voudrais me permettre d'exprimer du fond du cour, en mon nom et au nom de vous tous, ici présents, tous nos remerciements et notre admiration, à celui qui nous réunit aujourd'hui, évidemment le Père Recteur Salim Daccache.

"Révérend Père, vous avez eu cette vision ambitieuse de créer ce centre culturel, sportif et social. Vu la conjoncture, ce n'était point facile mais grâce à cette volonté et persévérance et à celles de toute l'équipe qui vous épaule, vous avez réussi la création de ce merveilleux centre dont vous pouvez en être très fier. Vous êtes un grand bâtisseur et nous sommes sûrs, Révérend Père, que cet édifice sera le tremplin idéal et le flambeau rayonnant pour continuer le message que vous avez voulu transmettre aux générations actuelles et à venir."

Mes chers amis, quand nous étions jeunes et inconscients - et vous le savez très bien -

nous étions loin de réaliser l'importance de ce qui nous était offert. On se plaignait de tout : la nourriture pas tout à fait à notre goût, les douches plutôt très froides, les réveils brusques même avant les premières lueurs de l'aube. Mais quand on grandit et avec le recul, on apprécie davantage, on réalise que nous étions chanceux, voire très chanceux.

Oui, nous sommes tous redevables à cette grande institution qui nous a inculqué la détermination, le respect des valeurs, l'esprit de l'ambition et le goût du travail, ce qui a permis à beaucoup d'entre nous de franchir avec succès les difficultés de la vie et de jouer un rôle constructif dans notre société.

Ici, au Collège Notre-Dame de Jamhour, on a appris qu'il existait toujours une solution à tout et que ce système d'éducation, qui prônait souvent la sévérité et rarement le laxisme, était nécessaire à notre formation.

Quand j'ai débuté ma vie professionnelle, mon premier projet était de construire un complexe résidentiel en plein désert. Il n'y avait ni eau, ni électricité, ni âme qui vive. Il fallait construire ex-nihilo pour pouvoir peupler. Mes amis me posaient la question : comment vas-tu faire ? Comment pourrais-tu subir la vie solitaire, bâtir de rien, relever le défi ? Ma réponse était : "n'oubliez surtout pas que j'ai fait l'équivalent d'un service militaire. C'est grâce à la rigueur et au dépassement de soi que j'ai appris durant ma vie scolaire, ici même, dans ce collège où plus rien ne semblait difficile ni insurmontable au fil des années. Souvenez-vous encore que pour nous divertir le week-end, les promenades à pied duraient 5 à 6 heures de marche et seule la pluie nous épargnait une telle épreuve."

Quand beaucoup d'amis me demandent d'où j'ai eu cette connaissance aussi vaste du Liban, je leur réponds : "je l'ai parcouru à pied". C'est grâce à ces randonnées que j'ai pu découvrir ce beau pays, ses villages, ses montagnes jusqu'aux plus petits sentiers. Ce Liban-là est devenu mon pays d'adoption.

Tout cet apprentissage a confirmé mes convictions que seule l'éducation est l'outil primordial pour assurer une vie meilleure, le bagage par excellence pour affronter la vie et ses difficultés et le moyen indispensable pour éradiquer l'ignorance et réduire les différences. Toute ma vie, je me suis engagé dans cette cause et je continuerai à le faire tant que je le pourrai.

Chers amis, en évoquant ces souvenirs des temps passés et les convictions qui s'en dégagent, l'on ressent la nostalgie certes mais elle est là pour nous aguerrir et nous aider à aller de l'avant. Telle doit être cette nostalgie : le désir de continuité qui nous rassemble aujourd'hui même pour construire ensemble main dans la main. Ce désir de continuité doit nous inciter à regarder dans la même direction vers l'avenir, afin de pouvoir offrir aux générations futures qui sont notre espoir, les moyens de progrès, d'épanouissement et d'ouverture vers un monde meilleur, et comme je l'espère profondément, un monde de paix, de fraternité et de tolérance.

Je vous remercie.