Dans le cadre des Ateliers Culturels proposés par le Centre Sportif, Culturel et Social du Collège Notre-Dame de Jamhour, une première conférence intitulée «le moment nationaliste arabe», a été donnée le lundi 30 octobre par M. Charles Rizk*.
Après avoir évoqué la naissance de l'islam et le rôle que la nouvelle religion joua dans le façonnement de l'identité arabe puis dans l'émergence d'une véritable civilisation islamique qui connut ses succès et ses déboires, Charles Rizk en est arrivé au XXe siècle.
Pour l'orateur, le moment nationaliste arabe se décompose en deux temps.
Le premier se produisit au début du siècle dernier avec le tournant que fut la révolte arabe contre le pouvoir ottoman.
Le deuxième fut dans les années cinquante, la politique de Nasser qui avait la prétention d'unir les Arabes dans un nationalisme fondé sur des bases laïques et modernes.
Le nassérisme fini par s'articuler autour de deux axes majeurs : le tiers-mondisme - c'est à dire une politique de non alignement consacrée par la Conférence de Bandoeng - et l'opposition à Israël qui devait permettre de coaliser les Arabes dans leur refus de reconnaître l'Etat Hébreu.
Cependant le nassérisme allait souffrir d'une triple fragilité : économique, géopolitique et diplomatique. Dès 1960, le neutralisme évolua de façon négative pour Nasser. En effet, avec la crise de Cuba, le monde était à l'époque proche de la guerre nucléaire, ce qui entraîna un rapprochement américano-soviétique, avec l'initiation d'une politique de détente entre les deux grandes puissances. C'est ainsi que l'Égypte nassérienne perdit de son prestige et de son rayonnement, le phénomène s'amplifia avec son effondrement militaire lors de la défaite de 1967. La principale victime de cet affaiblissement de l'Egypte fut le mouvement nationaliste arabe, dont le Liban commença à subir les conséquences dès 1975.
L'exposé du ministre Rizk a passionné l'assistance. Les questions et le débat qui ont suivi ont démontré l'intérêt que les Libanais portent à une meilleure compréhension d'événements qui ont façonnés la géopolitique libanaise et régionale.
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* Ancien élève du Collège Notre-Dame de Jamhour, docteur en droit de l’université de Paris, diplômé de l’institut d’études politiques de Paris, et licencié ès lettres de l’université de Lyon.
Il occupe entre 1960 et 1988, successivement les postes de directeur général du ministère de l’Information et celui de président directeur-général de Télé-Liban. En 1988, il devient représentant du chef de l’État au conseil permanent de la francophonie, et en 2005, il est nommé ministre de l’Information dans le cabinet de Negib Mikati, et détient depuis juin 2005 le portefeuille de la Justice dans le gouvernement Siniora.