Noël en Tchéquie

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En ce lundi 3 décembre, notre flânerie  vespérale nous conduit au pavillon « Wafic Rida Saïd », du Centre Culturel du Collège Notre-Dame de Jamhour.

À peine en avons-nous franchi l’entrée que nous sommes saisis par l’atmosphère Vieille Europe qui règne dans le hall. Immédiatement nous nous sentons chez nous, en Tchéquie. Et même si la neige manque, on se sent pris par la magie de Noël : le sapin traditionnel, tant illuminé et décoré nous tend ses branches chargées de boules.

Les cordiales salutations aux invités présents ne nous distraient point de la promesse  des plaisirs culturels qui nous attendent. Tous nos sens en alerte, nous portons à la découverte de la riche culture tchèque judicieusement présentée.

Et c’est tout de suite la musique qui attire et séduit notre attention : quelques mouvements allègres d’une sonate jouée par un duo de piano et de violon nous introduisent dans la grande musique classique tchèque. Les deux musiciennes nous renseignent : c’est une sonate du musicien tchèque František Benda, contemporain de Mozart. Dans ses sonates, les mouvements joyeux alternent avec d’autres plus lents, créant un bon équilibre entre le jeu du violon et celui du piano.

Tandis que nous sommes tout à l’écoute de ces morceaux de choix, notre regard se tourne vers un autre pôle digne de notre soif culturelle : le bar ! Il s’est transformé en un présentoir tentateur. Devant les plateaux de verres étincelants, il faut faire un choix difficile: la brillante Becherovka, la Slivovice tout ambrée ou un vin chaud aux profonds arômes? La célèbre eau-de-vie de prune tchèque l’emporte finalement. Son goût fruité s’harmonise parfaitement avec les canapés de harengs.  

Verre en main, nous pouvons aborder la culture de l’esprit. Et c’est une passionnante découverte qui nous est proposée par une série de panneaux. Ce point fort de la soirée nous présente le poète Jaroslav Seifert (1901-1984), prix Nobel de Littérature.

Au fil des panneaux, goûtons quelques extraits de ses poèmes :

« Le garçon se change en un blanc buisson :

le buisson en pâtre en train de dormir ;

ses cheveux si fins, en cordes de lyre :

et la neige, en neige, sur son front blanc »…

Métamorphoses

« Donnez, garçons, un peu d’argile,

et nous construisons un barrage,

sans nous dire « quelle heure est-il ?

sans entendre le temps qui passe »

Chanson de l’enfance

Et tant d’autres titres aux versets enchanteurs ; « La ville en larmes »,  «Les mains de Vénus », « La coulée des cloches », « Le garçon et les étoiles », « De lumière vêtue », « Être poète »…  

Il revenait donc à l’âme tchèque de donner au monde un poète pour notre temps.

Ici, quelques maîtresses de maison, en fines connaisseuses, se penchent sur le présentoir de la célèbre cristallerie de Bohême : des coupes, dignes d’orner les plus belles tables de Noël, étincellent sous nos yeux administratifs.

Mais, là-bas, sur le plateau porté par un habile serveur, n’est-ce pas de chopes de la célèbre bière tchèque ? Il faut être culturel jusqu’au bout : goûtons donc cette fameuse boisson dorée. Frappée à point, son goût typé de bière de grande classe, accentue notre appétit.

Mais l’auditorium rassemble les invités pour une projection commentée sur les célèbres villes thermales de Tchéquie. Nous en sommes vites convaincus : dans cet heureux pays, le traitement  des maladies devient un plaisir.

Les stations thermales mondialement connues défilent sous nos yeux : Karlovy Vary, Marienbad, Marianské Lazne, Jáchymov. Spas et massages, eaux et boues, palaces et concerts, tout concourt au rétablissement heureux de la santé. Aussi, chacun se tâte, au propre et au figuré, pour se donner des raisons impératives d’aller faire une cure au paradis thermal tchèque.

Enfin, bien préparés par les apéritifs, les invités rejoignent la salle à manger du centre, haut lieu bien connu de la culture jamhourienne.

Après le cordial mot de bienvenue de M. Barakat, le Père Salim Daccache, recteur du Collège Notre-Dame de Jamhour, ouvre cette soirée culturelle tchèque. Il évoque, pour son plaisir et le nôtre, les souvenirs de son récent séjour à Prague « qui fut un voyage à travers les siècles ». Il égrène ses impressions sur ce pays chaleureux : ses monuments et ses églises, l’amabilité de ses habitants, son histoire éprise de liberté.

Monsieur l’Ambassadeur de la République Tchèque Jan Cizek, prend d’abord courageusement la parole en français pour nous introduire dans l’exposition culturelle que les services de l’ambassade ont su si bien organiser, ce qu’il nous explique ensuite en anglais.

Un grand moment culturel nous attend alors. Monsieur Joe Letayf se livre à une présentation magistrale de la musique tchèque. Il la condense en ces deux grands noms : Mozart, familier de Prague, où il composa et fit jouer certaines de ses œuvres et Dvorak. L’exposé est accompagné par l’audition de quelques extraits judicieusement  sélectionnés. 

Après nous êtres pénétrés de la Poésie et de la Musique, il nous retrait à connaître un dernier art culturel : la Gastronomie ! Et nous ne fûmes point déçus. Préparé par le chef Thomas Vesely, le menu offert était déjà attirant par les arômes et la présentation. Une procession impatiente et alléchée tournait pieusement autour du majestueux buffet. Que choisir ? Sachant maintenant qu’en Tchéquie la table du masseur n’est pas loin de la bonne table, nous étions prêts à tous les sacrifices gastronomiques au nom de la culture. La soupe de poisson était une merveille, le poisson pané avec sa salade de pommes de terre méritait deux services. Quant à la célèbre tarte aux pommes (strudel), elle fit le bonheur des gourmets enthousiastes qui portaient des toasts à l’amitié tchéquo-libanaise.

Dans cette atmosphère des plus conviviales, les plaisirs du goût étaient accentués par l’écoute des morceaux choisis des sonates de Benda. Madame Lina Ktaili Nassar au piano et Madame Anne-Claire el-Khoury au violon réussissaient à élever l’ambiance si cultivée.

« Noël en Tchéquie » devenait ainsi une référence de qualité pour le cycle des Flâneries proposées par le Centre Culturel. La culture tchèque sous ses aspects les plus séduisants et les plus célèbres était au rendez-vous, inoubliables.

D’ailleurs, en l’espace d’une soirée pleine d’enchantement, le Centre Culturel s’était métamorphosé en un palace raffiné tchèque, ouvert aux plaisirs de la culture de ce pays, que nous avons tout de suite apprécié et aimé.

Nous avons fait un rêve : Jamhour ? Non, ce soir-là c’était Marienbad !

P. Bruno Pin