Conférence à deux voix avec le Dr Nabil Okaiss et Mme Sandra Khawam le mercredi 31 janvier 2007, au Centre Sportif Culturel et Social du Collège Notre-Dame de Jamhour.
Le Dr Nabil Okaiss a débuté la conférence en insistant sur le rôle et la fonction que devraient avoir les médecins qui se contentent de soigner la douleur de leurs patients et non leurs souffrances. En effet, l’âme et le corps étant étroitement liés et interdépendants, les praticiens se doivent aujourd’hui d’avoir une approche pluridisciplinaire et comprendre la psychologie et la philosophie en collaborant avec des spécialistes. Les médecins doivent aussi pouvoir déceler un mal être chez leurs patients.
Ainsi, la tension interne que ressent souvent l’être humain qui doit faire face à un stress quotidien le place parfois dans une situation qu'il devient difficile de gérer ce qui entraîne une baisse des défenses immunitaires, laissant alors libre cours à l’apparition de certaines maladies tel l’eczéma, le psoriasis, les ulcères et autres affections de l’estomac, et parfois même certains cancers.
Mais en fait pourquoi somatise-t-on ? Pour répondre à cette question, Mme Sandra Khawam remonte à la petite enfance de l’individu pour expliquer que l’homme est fait de désirs et qu’il va commencer à se rendre compte très tôt qu’il existe des obstacles à leur satisfaction. Ces barrières qui se dressent entre l’enfant et la satisfaction d’un besoin vont être source d’angoisse. Cette dernière va être sublimée et détournée vers un besoin dont la satisfaction sera permise ou rendue plus accessible.
Au cours de sa vie d’adulte, une personne n’arrivant pas à trouver une certaine satisfaction à ses désirs peut se retrouver dans une situation d’impasse, et face à ce malaise plusieurs options se présentent. Elle peut culpabiliser avec le risque d’être atteinte de troubles névrotiques obsessionnels, ou bien sombrer dans un délire psychotique. Une autre possibilité est de passer quand même à l’acte au risque de sombrer dans la violence, ce qui explique souvent les actes des criminels qui ne peuvent s’empêcher de céder à leurs pulsions meurtrières et sentent un besoin incontrôlé de les libérer. Enfin la dernière solution, celle qui est la plus courante est la somatisation qui fait que l’agressivité va être détournée contre soi et déversée dans le corps.
Enfin, les deux conférenciers insistent sur le fait qu’il est important pour le malade de prendre conscience que la cause de son mal peut ne pas être uniquement organique. Il faut donc se poser les bonnes questions, et surtout de ne pas hésiter à avoir recours à une psychothérapie quand cela s’avère nécessaire.
---------------
* Mme Sandra Khawam est psychologue clinicienne psychosomatique diplômée de l’USJ. Elle a poursuivi ses études à Paris et à Montpellier. Elle travaille en milieu hospitalier sur la souffrance somatique du corps.
* Le Dr Nabil Okaiss est professeur de neurochirurgie à l’hôtel Dieu de France de Beyrouth. Il a effectué diverses recherches sur les relations de l’âme et du corps.