Bernardo Zacka, ancien du Collège et étudiant aux Etats-Unis,
compare les systèmes français et américain

 

Bernardo Zacka (Promo 2001), aujourd'hui étudiant à MIT, ne manque jamais l'occasion, quand il est au Liban, de rendre visite au Collège.

Le mardi 20 janvier, pendant la récréation de midi, Bernardo a animé au CIO une causerie auprès des élèves des filières scientifiques du secondaire.

Très vite, le débat a porté sur une comparaison entre les approches et les cursus pédagogiques des systèmes universitaires américain et français. En effet, bien qu'il soit étudiant à MIT depuis déjà deux ans, Bernardo a bénéficié, dans le cadre d'un programme international d'échange, d'un séjour de quatre mois à Polytechnique en France. C'est donc fort de cette double expérience qu'il a pu s'entretenir avec les élèves et répondre à leurs différentes questions.

D'emblée, il a qualifié son intervention de discussion interactive, et ses propos de relatifs à une expérience non exhaustive. Pour Bernardo, le système français, tel que vécu pendant son semestre à Polytechnique, privilégie énormément la théorie, alors que l'américain vise en premier la pratique.

Quel système valorise le mieux le travail de l'étudiant ?

À cette question, Bernardo a répondu en s'attardant sur la nature du travail. En maths sup. et maths spé. (système français), le programme est défini à l'avance, et un concours final sanctionne ces deux années préparatoires. Ce système assez rigide est quelque part rassurant puisque l'étudiant sait où il va et ce qu'il a à faire.

Le système américain est d'un tout autre genre parce que beaucoup plus ouvert. Les élèves de freshman et de sophomore ont la possibilité de choisir parmi un vaste spectre de cours proposés dans des domaines très variés.

Tout scientifique qu'il est, l'étudiant peut s'intéresser à la philosophie, à la casuistique ou à l'histoire de l'art. Il construit son cursus au lieu de suivre une voie stéréotypée, alors que l'école française, de par son parcours prédéfini, écarte d'emblée beaucoup d'opportunités et de voies inexplorées !

Il est enthousiasmant, poursuit Bernardo, d'être l'acteur de sa formation, de faire preuve d'initiative personnelle, de pouvoir créer son cursus, d'explorer, d'approfondir les voies qui nous passionnent, et de se spécialiser dans un domaine non codifié, d'autant plus que l'interdisciplinarité est présente à tous les niveaux.

Quel est l'aspect pratique du système américain ?

Si à Polytechnique l'enseignement est très théorique et conduit l'étudiant à travailler les maths et la physique selon un niveau d'abstraction peu utilisé dans la pratique, le système américain, explique Bernardo, favorise la pratique dans toute sa dimension. En d'autres termes, on réfléchit à comment concrétiser telle ou telle notion dans la vie, en tenant compte des aspects business et management. Les approches coûteuses, les solutions longues à réaliser, etc. sont éliminées d'office. Le professeur conduit ses élèves vers les applications les plus concrètes, les formant ainsi à l'esprit d'initiative.

MIT offre des possibilités de s'intégrer directement dans l'entreprise, dès la fin des études.

Peut on comparer les deux premières années de MIT avec le programme CCE (Communication and computer engeneering) de l'AUB ?

Il existe énormément de similitudes entre les approches pédagogiques répond Bernardo. De plus, le corps professoral à l'AUB est très compétent, et souvent, les professeurs sont formés à MIT ou dans d'autres universités tout aussi prestigieuses. Bien que l'on trouve dans le cadre du programme CCE des projets comparables à ceux de MIT, le choix des cours reste plus limité, et l'AUB n'offre pas la même possibilité de recherche qu'à MIT. Aux USA, l'étudiant du 1er cycle a l'opportunité de toucher de plus près comment se font les découvertes scientifiques, et ce grâce à la recherche. Toute formation implique un important investissement personnel de l'étudiant dans la recherche, et ces chances sont rares au Liban. Malheureusement, les programmes du 2e cycle sont très sélectifs à l'étranger. Il est plus facile de s'inscrire en Masters ou pour un PHD si l'on fournit à l'université des garanties de notre capacité à effectuer de la recherche.

Qu'en est-il du marché du travail ?

Être étudiant à MIT constitue en quelque sorte un passeport pour le monde du travail, puisque ce sont les entreprises qui viennent recruter leurs employés à l'université.

Le système américain exige beaucoup de dynamisme : je me bats, j'apprends, j'avance, je participe à la recherche, je me forme à la polyvalence et je construis mon parcours.

S'il y a dans le système français peu d'interaction avec les professeurs, peu de place à l'initiative et au dynamisme, trouver du travail reste une certitude. Ce qui est dommage, c'est qu'une fois admis à Polytechnique, l'étudiant est certain  de terminer son cursus ; s'il se relâche au niveau du travail, son trajet n'en reste pas moins tracé.

Évoquant ensuite son propre parcours, Bernardo a tenu à rappeler à quel point son expérience à MIT était positive, tant au niveau des acquis pédagogiques que de l'indépendance gagnée. La vie sur le campus universitaire est une expérience magnifique dans toutes ses dimensions pédagogique, intellectuelle, sportive, sociale, etc.

Néda Jamhouri
BCP

 

Collège Notre-Dame de Jamhour, LIBAN
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