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Que choisir à 19 ans ?
L'éventail des voies possibles est étroit pour ce fils d'une famille
quasiment ruinée, cadet de deux frères politiquement marqués et dont le
père n'est plus là pour reconstituer la fortune. Alors quelle
carrière ? Pas celle des armes évidemment. Partir pour
les nouveaux mondes? Il faudrait s'aboucher avec les Espagnols honnis
ou les Portugais. Restait le Droit - à la fois la célébrité de
son parent, le " Docteur de Navarre ", et l'exemple de son père l'y inclineraient
- et les charges ecclésiastiques. Avant de choisir définitivement, il
faut d'abord passer les examens de la Faculté des Arts. Va pour les Arts
! A ces hautes études, François est préparé: il a appris déjà le latin.
Vers quelle Université s'orienter ?
Alcalà est célèbre, mais elle est située en Castille. Par la terre des
Jassu, François ressortit à la France, et l'Université
de Paris jouit en ce temps-là d'une réputation européenne :
la Navarre y possède même un " collège ". Et puis pour un jeune hidalgo,
ambitieux, rêveur, sensible, curieux, Paris a bien des attraits. Voici
donc ce qui est décidé. C'est à Paris qu'il ferait les treize
ou quinze ans d'études qui le conduiraient au fructueux diplôme
de " Docteur
en Théologie ".
Par prudence, François, avant de partir, se fait tonsurer, comme
clerc à la cathédrale de Pampelune ; d'autant que cela ne l'engage
à rien et l'exempte du service militaire et de la juridiction des
tribunaux civils. François dit adieu à sa mère, à ses frères, au château
démantelé, symbole de ses drames et de ses chances. Mais il est sûr
de conjurer le sort qui jusqu'ici lui a été hostile. Lorsqu'il reviendra
un jour à Javier, il sera docteur en droit ou
en théologie: un avenir brillant lui est encore ouvert. Ainsi
rêve-t-il ! Jamais François
ne franchira de nouveau le pont-levis de la demeure seigneuriale.
Il ne sera jamais docteur. Et
pourtant si le nom de Javier figure encore sur les cartes de la région,
c'est à lui qu'on le doit. François part
pour un rendez-vous qu'il n'avait pas prévu. |
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