Collège Notre-Dame de Jamhour 1953 - 2003 : Cinquante ans au service de la jeunesse du Liban

 

Le père recteur Salim Daccache:
"En faisant mémoire du passé, nous tirerons les leçons pour continuer notre mission éducative"

CNDJ

Un des symboles rayonnant de la foi de la Compagnie de jésus dans sa mission éducative, le collège Notre-Dame de Jamhour célèbre cette année son jubilé. Un événement pour tout le Liban, mais en premier lieu pour les promoteurs, éducateurs, animateurs, anciens et nouveaux élèves de cette véritable institution qui depuis un demi-siècle déjà, continue à former des générations de Libanais selon des critères de qualité pour une éducation humaniste lui assurant ainsi le titre de "Collège de l'excellence". C'est aujourd'hui, sans conteste, avec son palmarès de cinquante promotions armées pour la vie, l'un des plus beaux fleurons des établissements d'enseignement de cette région du monde.

Qu'il est loin le jour du 30 avril 1950 où le président de la République, Béchara el­Khoury posa la première pierre de ce qui devait devenir, trois ans plus tard, le collège Notre-Dame de Jamhour "pour le bien de la jeunesse qui est la gloire du Liban". Si les cinquante ans représentent une première étape dans la longue existence de cette noble institution, c'est toutefois une tranche de vie d'un demi-siècle de labeur quotidien, de dévouement et d'abnégation pour former au Liban "des-hommes-et-des-femmes­pour-les-autres".

Successeur des éminents recteurs du premier demi-siècle: les pères Jacques Bonnet-Eymard, Edouard Mouracadé, Jean Dalmais, Abdallah Dagher, Pierre Madet, le père Salim Daccache préside aux destinées du collège depuis 1991 et a entrepris de grandes réalisations. Sous son aimable conduite, nous avons visité longuement cette véritable "ruche" au travail, avant qu'il ne réponde à nos questions, dans le cadre de cette année jubilaire.

Révérend Père Recteur, votre collège célèbre cette année son jubilé. Que vous inspire ce cinquantenaire et quelle signification donnez-vous à cette célébration?Le père Salim Daccache assume les fonctions de Recteur depuis douze ans.

En fait, un jubilé, dans la vie des institutions, comme dans la vie des personnes, est un moment fort et solennel pour remercier le Seigneur de tous les bienfaits qu'il a accordés à ce collège, à cette âme qu'il a insufflée dans les cceurs pour continuer la mission éducative aux pires moments de la guerre qui a été imposée aux Libanais. C'est un moment pour nous rappeler les belles figures d'éducateurs, pères et laïcs, qui ont consacré le meilleur d'eux-mêmes au service de l'éducation de la jeunesse. Un jubilé c'est un tremplin pour l'avenir, sinon il y a le risque de repliement sur lui-même, mais un tremplin pourl'avenir suppose un regard sur le passé, sur les valeurs fondatrices sur lesquelles repose notre éducation. Pour les élèves actuels, comme pour les anciens élèves, au lieu de lancer des clichés comme "un collège pour l'excellence"... nous nous sommes tournés vers des maîtres-mots qui sont maintenant inscrits sur le logo de notre jubilé de cinquante ans: croire, savoir, servir. Ces verbes reprennent, d'une manière synthétique, les trois volets de notre projet éducatif qui met l'accent sur la formation humaniste, littéraire et scientifique, sur l'éducation à la citoyenneté et au service social et en troisième lieu à l'ouverture aux valeurs religieuses et spirituelles chrétiennes, tout en respectant toute religion et toute bonne volonté. Un jubilé est une interpellation pour mesurer le temps parcouru à la lumière des objectifs de notre projet éducatif et de réanimer la flamme. Cela permet de sortir de la routine, de se ressourcer et de mieux se préparer pour l'avenir. Un jubilé nous dit: il n'y a que l'essentiel qui dure. L'essentiel c'est l'éducation, c'est la personne qui éduque et la personne qui est à éduquer. Les moyens sont là au service de l'essentiel.

12 PRÊTRES, 4 RELIGIEUSES ET 270 PROFESSEURS

Pourriez-vous relater, à l'intention de nos lecteurs, l'historique et les étapes de l'essor du collège de Jamhour?
Le collège Notre-Dame de Jamhour a été fondé par les pères jésuites de la Province de Proche­Orient. Il a ouvert ses portes en octobre 1953 succédant au collège secondaire de l'Université Saint-Joseph installée en 1875 à Beyrouth, lui­même successeur du collège ouvert à Ghazir en 1849, auprès du séminaire fondé en 1844. Depuis 1975, le collège ne reçoit que des externes, garçons et filles, de la 12ème jusqu'aux classes terminales.

Institution libanaise, le collège est, également, homologué par le ministère de l'Education nationale en France. On y prépare les examens officiels: en 3ème, le brevet libanais; en Terminale, les deux baccalauréats libanais et français avec les séries "Lettres et Humanités", "Sciences générales", "Sciences de la Vie" et

Photos d'archives: le 30 avril 1950, pose de la première pierre par le président de la République Béchara el-Khoury.

 

"Sciences Economiques et Sociales" (bac libanais); L, S et ES (bac français).

Le collège est dirigé par le recteur, secondé par les pères spirituels et les préfets de niveau: Minimes (12ème, 11ème, Même); Benjamins (9ème et Sème); Petits (7ème, 6ème et 5ème); Moyens (4ème, et 3ème); Grands (2de et 1ère); Terminales. Les classes de 12ème à la Sème sont regroupées au sein du Petit Collège, celles de 7ème à Terminale sont regroupées au sein du Grand Collège. Différents comités et conseils assistent le père recteur: le Conseil de gestion nommé par le supérieur provincial de la Compagnie de jésus; le Conseil de collège; le Conseil d'enseignement; le Comité des professeurs; le Comité des parents élu pour trois ans selon la loi libanaise. Par ailleurs, en début d'année scolaire, les élèves élisent leurs délégués.

Actuellement, douze prêtres, quatre religieuses, 270 professeurs et éducateurs forment la famille spirituelle et éducative du collège quant au personnel administratif et sectoriel, il comprend 50 personnes attachées à l'administration, 70 employés de l'intendance et 75 chauffeurs des autocar

 

2815 ÉLÈVES ET 78 CLASSES

Edifié sur une superficie de 260.000 mètres carrés, sur la colline de Jamhour, le collège compte actuellement 2815 élèves répartis en 78 classes divisées en treize sections de six classes chacune.

Les grandes étapes de son développement sont: de 1950 à 1953, construction du collège; de 1965 à 1968, construction de la chapelle; de 1972 à 1973, construction du petit collège; 1998 et 1999, réaménagement total des salles de classes et équipement d'un nouveau mobilier scolaire. Enfin, de 1999 à 2002, construction du centre sportif et culturel.

Quelles sont les réalisations les plus importantes entreprises au cours de ces longues années?

En tête de ces réalisations, il y en a une qui est la plus importante: par l'éducation, notre objectif principal reste la réalisation de l'humain en l'homme. C'est ainsi que plus de 13.000 élèves ont pu être formés à l'école de Jamhour, dont certains - ils sont plusieurs - qui brillent dans les domaines de la politique, l'économie, le social, la médecine, l'ingénierie, les technologies de pointe. Beaucoup sont au service du social, non seulement en matière d'aide charitable, mais au service du développement social dans toutes ses déclinaisons. Il y a quelques années, nous avons voulu rassembler les maîtres à bord des associations caritatives, écologiques, sociales, etc... quelle fut notre surprise de voir qu'une quarantaine d'associations étaient gérées par des anciens du collège et plus spécifiquement du Comité d'activités sociales, fondé en 1962 par les élèves eux-mêmes et qui, depuis, a formé des générations d'acteurs sociaux. Ce Comité continue aujourd'hui cette formation par l'encouragement du volontariat, mais un volontariat qui prend le temps de se former aux différentes techniques d'animation et d'assistant social.

Bureau élu du comité des professeurs de Jamhour et St Grégoire.

 

LE "CAPITAL HOMME"

Je le répète: notre réalisation principale, c'est le "capital homme" formé à l'école de Jamhour pour un engagement au service de la nation, de l'Etat, de l'Eglise, de Dieu... Des hommes tolérants et ouverts.»

Centre sportif, culturel et social

Une des grandes réalisations ces dernières années: Le centre sportif, culturel et social est une réussite du genre.

Et le père recteur d'ajouter: Un collège comme le nôtre se donne des moyens pour mettre en oeuvre sa politique éducative. La guerre a beaucoup secoué le collège qui fut détruit, d'une manière directe, au moins cinq fois entre 1975 et 1990. La dernière fut la plus dure. Une réalisation de taille s'est faite alors: entre octobre 1990 et mars 1991, ce fut un grand chantier de reconstruction du collège pour pouvoir continuer notre mission éducative, aidés par les jésuites du monde entier et parles anciens élèves. Depuis la restauration du collège et durant les dix dernières années, notre politique éducative s'est développée de diverses manières: la création de plusieurs services pédagogiques, nécessaires comme rouages d'accompagnement (aumônerie, bureau d'orientation, CDI, informatique, archives, bureau de publication, psychologie et orthophonie scolaire, médecine scolaire, formation continue, service social...); la revitalisation de l'Amicale des anciens qui touche au moins 4.000 à 5.000 anciens, organise un dîner annuel public qui couvre des bourses scolaires...; la dynamisation de notre travail dans un esprit d'équipe: c'est pourquoi il y a beaucoup de Conseils qui ouvrent de concert pour réaliser ces objectifs de notre éducation; donner de la place aux élèves en insistant sur le rôle des délégués de classes. Nous continuons à accorder une attention spéciale à chaque élève malgré le fait qu'il y a un nombre important d'élèves par classe. Si le nombre de professeurs a augmenté d'année en année, c'était pour assurer un suivi de qualité à chacun, loin de l'esprit d'élitisme social; l'ouverture à des appels extérieurs à Jamhour: c'est ainsi qu'à la demande des autorités de la Compagnie de Jésus, le Collège Saint-Grégoire (qui fête ses 80 ans et qui fut longtemps géré par la mission jésuite auprès des Arméniens) est devenu partie intégrante de notre famille scolaire. Il accueille aujourd'hui quelque 570 élèves et il est appelé encore à se développer. Pour pouvoir accueillir de nouveaux élèves, il devra se doter d'un nouveau bâtiment scolaire à construire. Et enfin, se doter de moyens éducatifs d'avant­garde: c'est pourquoi le collège s'est équipé d'un réseau informatique moderne autonome, de salles de Centres de documentation et d'Informatique, d'un Centre sportif, culturel et social, d'un Club sportif de Jamhour...

Le collège est équipé d'ordinateurs, constituant son "laboratoire informatique" pour l'enseignement assisté par ordinateur.

Quels sont vos projets? Existe-t-il un plan de développement et d'expansion du collège à travers de nouvelles constructions?

En plus d'un bâtiment scolaire à St Grégoire sous étude, il faudra sans doute penser à élargir les locaux des classes secondaires à Jamhour pour pouvoir accueillir les élèves de St Grégoire à partir de la seconde. Dans le cadre du projet du Centre sportif, il y a à bâtir encore la partie culturelle et sociale très prochainement, là où il y aura la Bibliothèque Président Charles Hélou, la salle d'accueil Michel Eddé, la salle audiovisuelle Naoum Khattar, la salle des jeunes, jean Tamer, le salon Sonia Rizk Rizk.

SE DONNER EN MODELE DE CIVILISATION

Dans le cadre de votre mission de formation de la jeunesse libanaise, quel message aimeriez-vous communiquer aux jeunes d'aujourd'hui, hommes de demain?

Notre message porte, en premier lieu, sur cette réalité: que la vraie richesse, source de toute richesse, c'est le capital humain et spirituel; le savoir et savoir-faire qui sont à acquérir par le sérieux, l'engagement dans les études. Les Libanais n'ont que cette richesse. Il faut combattre le relâchement et la démission.

Le Liban, comme pays et nation, ne peut exister que dans la tolérance, le respect mutuel, l'ouverture à l'autre... se donner en modèle de civilisation fondée sur la culture de la reconnaissance mutuelle et sur la convivialité. Pour les jeunes chrétiens, la peur du monde arabe et d'un regard négatif sur lui, pour les jeunes musulmans, ne pas vivre dans l'esprit d'une majorité qui écrase l'autre et le domine mais qui le respecte comme tel et comme autre qui a son droit de vivre. Il est sûr que Jamhour aura à travailler de plus en plus dans cette orientation. Jeunes d'aujourd'hui, hommes de demain, l'avenir est là, dans votre pays, même si vous devez le quitter un jour, car vos racines sont ici. Ne perdez pas le sens de l'orientation: que votre boussole vous oriente vers le service de ce Liban qui vous aime et que vous avez aimé. La jeunesse doit se préparer pour travailler au développement social et économique mais surtout technologique de notre pays et du monde arabe.

Riche pépinière de jeunes cadres de haut niveau et d'une élite formés à bonne école et occupant une place privilégiée au sein de notre société, le collège Notre-Dame de Jamhour construit il y a cinquante ans sur le roc de notre montagne continue, tel un phare, à éclairer notre vie nationale et demeurera sur son promontoire naturel, un "haut lieu où souffle l'esprit".

JEAN DIAB

 

Premières activités de l'année jubilaire

Les 21 et 22 février:
Congrès des Anciens élèves autour du thème du jubilé.
"Jamhour Croire, Savoir, Servir", une éducation pour l'avenir.

Le 23 février:
Messe de Sa Béatitude Mar Nasrallah Sfeir à l'église du collège précédée de la bénédiction de la Cloche du Jubilé (offerte par les anciens élèves).

Parution le 22 février de 4 livres:

  1. "Si Jamhour m'était conté..." retrace l'histoire de Jamhour depuis 1953 jusqu'aujourd'hui.
  2. "Les Vitraux de l'Eglise", présentation et sens spirituel et théologique.
  3. Le livre de la messe jubilaire (en arabe).
  4. Le livre de l'Académie des lettres arabes (à Beyrouth entre 1892 et 1943). Ainsi qu'un film documentaire sur les 50 ans de Jamhour.

 



Collège Notre-Dame de Jamhour, LIBAN
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