SALUTATION À NOTRE-DAME DE JAMHOUR

À la mémoire du Révérend Père Jacques BONNET-EYMARD, s.j.
« Bâtisseur de Notre-Dame »

JUBILEZ DE JOIE

 

Cette Salutation est pieusement présentée à Notre-Dame de Jamhour
en ce 40e Jubilé de la Dédicace de son église.
21 novembre 1968 – 21 novembre 2008
Fête de la Présentation de la Vierge Marie au Temple

 

Eglise Notre-Dame de Jamhour

 

 

                   En cette Présentation de Marie au Temple, je franchis, comme Elle le fit à Jérusalem, le porche élancé du sanctuaire : l'église Notre-Dame de Jamhour.

         Pèlerin du Jubilé, je laisse mon regard, jamais assez comblé, être saisi par la couronne aux tonalités étincelantes. Sous cet embrasement d'or, d'azur et de pourpre, toute oraison se fond dans cette continuelle louange. Jaillissent alors en mon esprit quelques strophes de la plus belle hymne jamais adressée à la Vierge Marie :

« Réjouis-toi en qui resplendit la joie du Salut .

Réjouis-toi Étoile qui annonce le lever du Soleil .

Réjouis-toi tu es la première des merveilles du Christ Sauveur .

Réjouis-toi ineffable Mère de la Lumière. » HYMNE ACATHISTE

         Cette ancienne et sainte exultation de la Vierge Marie résonne en moi comme une invitation à esquisser une humble prière pour ce quarantième Jubilé de Notre-Dame de Jamhour.

         Mais quelle hymne saurait-on ciseler assez finement pour saluer et célébrer Celle dont l'église jubilaire s'élève comme le trône de sa glorieuse majesté et s'offre comme la coupe abondante de sa maternelle bénédiction ?

         Aussi à l'ombre de ses murs, j'ose tel un scribe novice poser les humbles mots d'une fervente salutation à Notre-Dame de Jamhour.

         Cependant avant de pouvoir chanter dignement Notre-Dame, l'esprit et le cour doivent se soumettre à une démarche préparatoire, initiatique.

         Ainsi il faut d'abord laisser l'esprit être émerveillé par la communion qui s'établit entre les puissantes rotondités des formes et la légèreté de ses élévations. Puis on acceptera d'être séduit par l'harmonie qui se crée entre la palette des teintes de la pierre ensoleillée et la profondeur des luminosités intérieures. La raison ne s'interrogera pas devant l'enveloppante expansion des voûtes ni sur la dynamique de leur mouvement. Car tous les éléments de cette architecture concourent à créer leur unité, qui est la marque de la parfaite Beauté.

         Alors, seulement, le regard s'étant fait contemplatif, l'esprit puisera dans la Parole divine et dans la Prière de l'Église, quelques représentations concordantes. L'église Notre-Dame de Jamhour sera alors perçue à travers quelques figures allégoriques d'où se dégagera, telle une flamme, le Message que Marie, Notre-Dame de Jamhour, veut nous adresser par la beauté de son sanctuaire jubilaire.

Notre-Dame de Jamhour,

Hôtesse de nos jours heureux, tu nous convies à ta fête,

École de foi  et d’amour, tu nous mets à l’école du Fils,

Exultation vivante du Seigneur, pour toi nous jubilons de joie,

Nous Te saluons !


                   JAMHOUR

                   « Réjouis-toi, tu prépares l'Espérance du Peuple en marche » (H.A)

                   Notre-Dame de « Jamhour ». Mais par quel phénomène, le nom d'une petite bourgade étalée le long d'une grande route, est-il devenu avec l'usage le nom propre courant du Collège des Pères Jésuites ?

         Grâce à une curieuse forme d'appropriation d'un nom de lieu, la Sainte Patronne du Collège, sis à Jamhour, est connue et célébrée sous ce beau et cher titre : « Notre-Dame de Jamhour ».

         N'oublions pas cependant que « Jamhour-hors-Collège » existe bel et bien. Et cette bourgade, que rien ne distingue particulièrement, est toute proche du Collège. D'ailleurs, si l'on prend la peine de s'arrêter à l'entrée du village, on découvrira au bord de la route, l'ancienne gare désaffectée du chemin de fer Beyrouth-Damas. Au fronton de la gare, s'étale encore sur une plaque de marbre, le nom de la station gravé en belle calligraphie arabe : « Jamhour ». L'origine de cette appellation s'expliquerait, dit-on, du fait que c'est sur ce site qu'autrefois se rassemblaient, en cette première étape, les caravanes de mulets, les pataches de voyageurs et leur escorte qui allaient se mettre en route pour un long et ardu voyage vers les villages des collines dominantes, puis par le col, descendre vers la plaine.

         Avec le temps, on assistera à une bien curieuse évolution. Il y eut autrefois Jamhour-caravansérail et Jamhour-Khan. Puis vint Jamhour-village-étape et Jamhour-gare. Enfin, avec l'implantation d'un nouvel acteur, ce sera Jamhour-Collège. Enfin, il y a 40 ans, le Collège lui-même portera cette évolution à son achèvement : Jamhour - Église Notre-Dame.

         Or on va constater une surprenante mutation onomastique. Le Collège et son sanctuaire vont reprendre pour la transcender, la signification originelle de ces lieux qui exprimait le rassemblement des voyageurs avant la mise en route de leur voyage.

         Désormais, le Collège Notre-Dame de Jamhour, selon l'objectif voulu par ses fondateurs, grâce aux orientations de son Projet pédagogique et par son rayonnement éducatif et spirituel, s'affirme comme un pôle reconnu de « rassemblement » pour toute une jeunesse du Liban qui s'y forme pour la « mise en route » de son grand voyage : celui de la vie.

         Alors l'église Notre-Dame de Jamhour, lieu sanctifié de tous les rassemblements sacramentels, spirituels et conviviaux de la Communauté éducative assume sa fonction voulue d'être le Foyer où s'opèrent les objectifs de la Mission du Collège :

Notre-Dame de Jamhour,

Mère accueillante de notre rassemblement,

Guide vigilante de nos envois vers la vie,

Voyageuse aux pas rapides de notre Visitation,

Nous Te saluons !


                   LA TOUR

                   « Réjouis-toi, Solide Tour qui garde l'Église » (H.A)

                   Il est un endroit précis du Collège où l'église évoque l'image d'une tour. En se rendant dans la cour de la Vierge, on se retrouve au niveau le plus bas à partir duquel la vue sur l'église s'élève dans toute sa verticalité. Fondé sur une assise circulaire, l'édifice massif monte vers le ciel en deux élancements : celui de sa muraille circulaire à partir desquels s'élèvent les voûtains tendus vers le lanterneau. Vue ainsi, majestueuse, puissante et rassurante, l'église est la Tour.

         Cependant cette évocation visuelle exige une autre relecture afin de s'imprégner de la mystique signifiée par l'allégorie.

         Oui, l'église Notre-Dame de Jamhour est la Tour.

         Cependant, nous qui la connaissons et qui l'aimons, savons bien qu'elle n'a rien de commun avec l'architecture militaire. Visible de loin, elle ne s'impose pas comme un orgueilleux donjon.

         Accueillante à tous, elle ne s'enferme pas derrière d'imprenables défenses.

         Elle n'est crénelée que de fragiles créneaux qui laissent passer les traits du soleil. Connue et admirée, elle n'est pas le fier apanage d'une aristocratique élite.

         Malgré son apparence de force tranquille, elle a été blessée par de graves atteintes.

         Alors, en quoi est-elle Tour ?

         Elle l'est authentiquement par les vocations qui se forment en sa pacifique enceinte. Comme toutes les tours d'usage militaire, la Tour spirituelle engendre aussi pour sa garde et sa fonction, des offices et des services.

         C'est en cela que Notre-Dame de Jamhour, collège et église, est la Tour.

         Avec assurance, elle annonce qu'ici, sous son ombre tutélaire, des générations d'Hommes et de Femmes se forment pour devenir des VEILLEURS.

         Rayonnante, elle annonce qu'ici, sous son ombre tutélaire, des générations d'Homme et de Femmes se préparent à devenir des HERAUTS.

         Veilleurs et Hérauts, en son enceinte, des Hommes et des Femmes, dans leur enfance et leur jeunesse, sont élevés, au double sens du terme, pour percevoir et désigner les Signes de Dieu en notre temps et pour proclamer, et même défendre, au cour de la société les valeurs de l'Évangile.

         « Fils d'homme, je fais de toi un guetteur. » (Ez 33, 7)

         Veilleurs et hérauts, ils seront les prophètes de notre temps.

         Notre-Dame de Jamhour,

Tour où tu nous investis Veilleurs de ton Fils,

Phare de la Bonne Nouvelle dont nous sommes les Hérauts,

Enceinte pacifique en qui nous construirons la Paix,

Nous Te saluons !


                   LA CHAMBRE HAUTE

                   « Réjouis-toi, Arche de la Nouvelle Alliance dorée par l'Esprit. » (H .A.)           

                   La figure allégorique de la Tour se parfait dans sa relation avec une autre représentation imagée de l'église Notre-Dame de Jamhour.

         Sur le seuil du narthex, le regard embrasse l'harmonie des structures et des formes, qui dans leur union, participent à une dynamique symphonie. Pierre, béton et verre concourent à créer ce mouvement ordonné des structures circulaires, horizontales et verticales. Pénétrons au cour de cette dynamique.

         Traversant toute la nef, l'allée centrale se fait axe de marche processionnelle : elle avance vers le chour, encadrée par les rangées convergentes des bancs. En deux niveaux, les marches s'élèvent lentement vers la Pierre du Sacrifice. La rotonde du chour se recueille au creux de la haute parabole de béton qui prend son élan, solide comme le fût de l'Arbre de Vie. En son sommet, l'élancement est la Pierre d'angle dans laquelle s'ancrent les nervures des voûtains. Du haut de cette assise, les branches s'élancent, tel un voile au plissé tranché, pour venir poser délicatement leur arête sur son assise murale, cerclant ainsi par son plissé le fleuron de lumière du vitrail.

         Cependant, la même parabole, nimbée par les feux de la veilleuse de l'Esprit, se penche en un lent et large mouvement pour venir enserrer de ses deux bras l'Autel et la Parole.

         Ici la matière brute façonnée et ordonnée par l'Homme, devient Liturgie. Dans son mouvement ascendant et descendant, dont l'Autel est le centre rayonnant, la parabole matérielle se change en Anamnèse d'oblation et en Épiclèse de sanctification d'une Liturgie célébrée par la pierre.

         Par la conjonction de ses trois plans, l'église Notre-Dame de Jamhour s'est libérée de toute apparence statique. En elle, tout est mouvement : élévation, élancement, extension, retombée.

         Cependant, il convient de valoriser maintenant l'autre aspect conjoint de cette harmonie. Le plan circulaire de la nef, cerclé par la couronne aux vingt-quatre fleurons de lumière, crée aussi, et en même temps, une atmosphère de paix, de stabilité et de recueillement où tout se fige pour la seule élévation de l'âme. Elle est, par Marie l'Orante, un espace privilégié de pause, de paix et de recueillement. Elle est, comme un cantique, un mouvement de formes pour la paix de l'âme.

         Une référence testamentaire nous vient ainsi à l'esprit :

« Rentrés en ville, ils montèrent à la chambre haute où ils se tenaient habituellement.

. Tous d'un même cour étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères. » (Act 1, 13-14)

         « Monter à la chambre haute » : cette démarche des Apôtres nous est bien familière. Au Collège Notre-Dame de Jamhour, et en son église, toute démarche éducative est « montée ». C'est dans cette élévation progressive de l'esprit et de l'âme que se fait la « montée » de la personnalité de l'élève en vue de l'épanouissement de tout son être. L'éducation se veut « montée », guidée et accompagnée des dimensions intellectuelles, morales, sociales et spirituelles de toute la Personne. Mais ce mouvement sur soi-même et de soi-même exige effort, courage et don de soi. Pour être fortifiée et sanctifiée, cette « Montée » requiert aussi la pause spirituelle de la Prière. À l'image de son église, où le mouvement des formes prédisposait à la paix spirituelle, l'âme, accueillie par Marie l'Orante, s'ouvre en « chambre haute » pour y accueillir l'Esprit et la Vie du Christ.

Notre-Dame de Jamhour,

Chambre haute où nous montons en frères de ton Fils,

Sanctuaire de notre prière assidue auprès de Toi,

Image de l’Église orante, illuminée par l’Esprit,

Nous Te saluons.


                   LA TENTE

                   « Réjouis-toi Manteau aussi vaste que la Nuée pour ceux qui sont sans recours. » (H.A.)

                   Lorsque les pas s'aventurent dans la petite oliveraie, on arrive à percevoir à travers les branches noueuses ou les rameaux argentés, une perspective différente de l'église Notre-Dame de Jamhour.

         A mi-côte, seule la voûte plissée émerge de derrière les cyprès de l'esplanade, elle semble même reposer sur le terre-plein. Sous cet angle, l'église s'étend comme une immense tente aux plis ondulants dont le lanterneau à la croix serait le solide mât.

         Notre-Dame de Jamhour, la Tente !

         À son achèvement, les concepteurs de l'église ont vu dans la forme étalée et plissée de la voûte un fort symbole : le large manteau de la Vierge Marie recouvrant de sa protection maternelle l'École qui s'est vouée à Elle. L'architecture traduisait ainsi la traditionnelle représentation de la Vierge de Miséricorde qui a fleuri au Moyen-Âge. Sur ces tableaux, la Vierge abrite sous les pans de son vaste manteau, ses fidèles dévots qui se réfugient sous sa protection. D'ailleurs l'image du Manteau marial frappe toujours d'émerveillement les plus jeunes de nos élèves lorsque, en prière dans l'église, ils lèvent leurs yeux étonnés vers la voûte.

         D'autre part l'image de la Tente, que l'édifice peut évoquer, se rattache aussi à de nombreuses références bibliques.

         La Tente aux larges bandes de pourpre protégeait l'Arche de l'Alliance. Ensemble, toutes les deux constituaient la Demeure divine où Dieu se manifestait. La Tente est alors le Sanctuaire mobile du Peuple. qu'elle accompagne pendant son Exode ; elle achèvera sa fonction avec l'édification du Temple de Jérusalem. De Moïse à Salomon, en passant par Aaron, les prêtres et plus tard, David, elle est le lieu sacré de la rencontre de Dieu avec son Peuple : sanctuaire de la fidélité du Peuple à la Loi.

         Mais en considérant la Tente de l'Exode comme l'un des instruments privilégiés de la Pédagogie de Dieu envers son Peuple, on va se permettre de dégager une interprétation toute symbolique de l'église Notre-Dame de Jamhour, dont la Tente est l'image.

         Puisque dans son Dessein, Dieu s'est fait l'Éducateur de son Peuple, retrouvons dans la Tente de l'Exode  un symbole éducatif.

         Toute éducation est par nature la période de la Tente. L'éducation de toute la Personne chemine, avance, pérégrine d'étape en étape selon les évolutions de l'âge, de la maturité et de l'achèvement progressif de toutes les phases de la formation de la Personne. L'éducation porte en elle une forme de temporalité toujours tendue vers son achèvement. Elle est un exode, toujours conduit, accompagné et dirigé des périodes éduquées de la vie : enfance, adolescence, jeunesse. Comme pour le Peuple éduqué par Dieu, elle passe « de tente en tente » pour atteindre sa finalité : l'édification parfaite du Temple : Avancer de tente en tente vers le Temple, achèvement de l'Homme parfait à l'image du Christ.

         Dans ce long exode éducatif, Dieu manifeste sa bienveillante Pédagogie : par la Tente, signe de la Rencontre avec Lui, il manifeste sa tendresse de Père pour ses Enfants; il les éduque à la liberté de l'Amour par sa Loi.

         Retrouvons alors en l'église Notre-Dame de Jamhour, la Tente de Dieu ; Père, Il est présent au cour de son Peuple « en marche ». Par son Fils et dans l'Esprit, il est Parole vivante qui guide et éduque. Par son Fils et dans l'Esprit, il se donne comme Pain, nourriture de nos exodes. Et la Vierge Marie, Notre-Dame, « la première » d'un peuple en marche, nous conduit vers le Temple éternel où, dans sa glorieuse élévation, elle prie pour nous.

         Dans le silence lumineux de l'église Notre-Dame, notre Tente, écoutons le Psalmiste nous redire les grands traits de la Pédagogie de Dieu :

« Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?

Qui habitera ta sainte montagne ?

Celui qui se conduit parfaitement,

Qui agit avec justice

Et dit la vérité selon son cœur. » (Ps 14, 1-2)

         Alors s’élèvera de notre cœur cette prière :

Notre-Dame de Jamhour,

Manteau de miséricorde où s’abritent nos âmes,

Tente fidèle qui accompagne le temps de notre exode,

Temple de la divine perfection, modèle de notre achèvement,

Nous Te saluons !


                   LA COLONNE DE FEU

                   « Réjouis-toi Colonne du Feu qui illumine notre marche dans la nuit. » (H.A.)

                   Notre-Dame de Jamhour, la nuit !

Il est des occasions inoubliables où l’église Notre-Dame de Jamhour brille de tous ses feux au cœur de la nuit : messe de la Nativité, messes de Mouvements, rassemblement inter-religieux, manifestations culturelles, …

On est obligé de s’arrêter un instant pour profiter de cette illumination qui contraste avec la vision habituelle de l’église en plein jour. Par le narthex dont les portes sont largement ouvertes, la lumière intérieure jaillit vers l’allée. Mais de cette place, l’église dévoile le chœur rempli de lumière, où, tout à fait au fond, se dresse la statue dorée de Saint Ignace. Cependant, la nuit opère un changement de vision. Cette fois, la couronne de vitraux, illuminée de l’intérieur, projette vers les ténèbres environnantes le lumineux message du Jardin sacré.

Alors dans cette nuit, l’église Notre-Dame se dresse comme une colonne aux mille feux qui percent les ténèbres.

                   Pour le familier de la Parole de Dieu, une nouvelle image vient à l'esprit et s'impose : la colonne de feu de l'Exode : « Le Seigneur marchait avec eux, le jour dans une colonne de nuée pour leur indiquer la route, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils puissent marcher de jour et de nuit ; » (Ex 13, 21)

                   Notre estimée consoeur, Madame Arlette Chahrouri-Panayoti a offert à toute la communauté éducative une magistrale et fervente lecture mystique des verrières de l'église Notre-Dame de Jamhour. Sa plaquette « Cantique du Jardin sacré » reste à cet égard une pièce du patrimoine spirituel du Collège. Dans l'église silencieuse, le « Cantique du Jardin sacré » à la main, le regard égrène, pour un lent et circulaire rosaire, chacun des Mystères illuminés. Alors l'âme émerveillée s'exclame avec Marie : « Magnificat ! »

                   Pour compléter cette méditation diurne, accomplie à l'intérieur du sanctuaire où le soleil jouait sur les verrières la symphonie mariale, nous nous proposons de la reprendre cette fois dans la nuit où, colonne de feu, se dresse Notre-Dame de Jamhour, enflammée de ses feux électriques. Dehors, nous nous ferons alors pèlerins pour effectuer une lente circonvolution autour du sanctuaire devenu phare. Les yeux levés vers la lumière diffusée, nous retrouverons les figures et les mystères chantés par les vitraux. La perspective est différente mais le message projeté dans la nuit est le même. La colonne de feu répond à nos attentes.

                   La lumière dans la nuit chante la Vierge Marie, Servante, Mère et Reine, qui de l'Annonciation jusqu'au pied de la Croix, a cru et a vécu dans la Foi. Par sa disposition aimante à participer au Projet de Dieu, Elle annonce à travers les figures de ces verrières, l'Incarnation du Fils pour la Rédemption de l'Homme. En Notre-Dame de Jamhour, la lumière proclame la Lumière de Pâques. Et elle le fait au cour même de la Nuit.

                   Or la nuit n'est pas seulement dans l'ordre naturel du cycle de la journée. Elle est Nuit au fond de bien des cours marqués et obscurcis par les angoisses, les doutes et les épreuves du temps et de la vie.

                   Elle est Nuit quand l'environnement humain et social du Pays souffre des tensions et même de la guerre.

Pour cette Nuit-là, Notre-Dame de Jamhour envoie maternellement, du cœur de sa prière, la lumière de son Amour total et confiant. Au cœur de notre Nuit, Colonne du Feu de l’Amour, elle projette la lumineuse Espérance.

Notre-Dame de Jamhour,

Colonne du FIAT où brûle le feu de l’Amour,

Lampe immaculée plus forte que la Nuit,

Espérance lumineuse qui vainc toute peur,

Nous Te saluons !


                   LA CITÉ

                   « Réjouis-toi Rempart inébranlable de la cité. » (H.A.)

                   Le visiteur qui, pour la première fois, pénètre dans l'enceinte du Collège Notre-Dame de Jamhour, ne manque pas de s'exclamer à l'issue de sa visite : « Mais, c'est une ville ! »

                   Véritable microcosme social, le Collège vit en effet au rythme et à la mesure d'une petite ville. Elle accueille, loge, nourrit, achemine, éduque et rétribue une population d'adultes, de jeunes et d'enfants.

                   Ses services de fonctionnement répondent à tous les besoins urbains : eau, électricité, voirie, entretien, surveillance, . . Les édifices collectifs sont adaptés aux rythmes de la vie en ses murs : bâtiments scolaires, bureaux administratifs, parkings, garages, équipements sportifs, stade, pavillons culturels, résidences et même. une église. Une flottille de véhicules de transport achemine matin et soir une population de jeunes habitants qui arborent l'écusson de cette cité. Ajoutons enfin qu'elle est gérée avec une efficacité que bien de petites municipalités pourraient lui envier. La Cité Notre-Dame de Jamhour ! Ce n'est point là un titre prétentieux mais le reflet d'une réalité.

                   Cependant cette description aussi réaliste fût-elle, resterait purement formelle si l'on ne recherchait pas derrière ces structures si bien organisées, l'âme qui anime cette cité.

                   C'est pour cela qu'une référence évangélique nous vient à l'esprit : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. » (Mtth 5, 14-15)

                   Deux images associées ressortent de cette citation.

                   Nous allons chercher maintenant à les appliquer à la finalité que se donne le Collège Notre-Dame de Jamhour.

                   Le Collège, justement, n'est pas qu'une ville séculière située en effet « sur une montagne ». Sa mission en fait un temps et un lieu de construction : construction de la personnalité, des savoirs et de l'avenir. En cette cité, c'est toute la Personne de l'Élève qui, niveau par niveau, s'édifie en toutes ses dimensions. Ce plan de construction est défini par le Projet éducatif qui spécifie la volonté du Collège : « Forger des caractères libres et forts, des cours ouverts, des volontés soucieuses du bien commun, des Hommes-et-des-Femmes-pour-les-autres. » (P.E. II, 1)

                   Mais cette si noble volonté resterait bien fragile si elle ne s’enracinait pas elle-même dans son fondement spirituel.

                   Cette nécessité nous renvoie à la seconde image : celle de la « lampe sur le lampadaire ». L'église de la « Cité Notre-Dame de Jamhour » s'identifie à cette figure évangélique. En effet, le Collège légitime et sanctifie sa Mission et son Projet dans le Message du Christ. Par toute sa dimension spirituelle et par sa signification, l'église, au centre du Collège, n'est pas que le plus beau de ses bâtiments. Par tout ce qui s'y célèbre dans la foi, l'église assume son rôle de « Lampe » de la « Cité ». Lieu sanctifié de la Célébration de la Vie, de l'Amour et de la Parole du Seigneur ; à partir d'elle, se propagent les valeurs de l'Évangile.

                   Alors dans cette inséparable association, dont chaque image justifie l'autre, le Collège-Cité et son Eglise-Lampe proclament visiblement la Mission qui y est assumée.

                   Par son Projet d'édification de toute la Personne, la Cité Notre-Dame de Jamhour forme les Hommes et les Femmes qui, dans la cité humaine, construisent et construiront la civilisation de l'Amour.

Notre-Dame de Jamhour,

Dame souveraine de notre Ville de la Paix,

Cité  forte avec qui se construit la Cité de l’Amour,

Cèdre du Liban en qui s’enracine notre Projet,

Nous Te saluons !


         LA PORTE

                   « Réjouis-toi Porte de la Lumière étincelante. » (H.A.)

                   L'heure du couchant approche. Tourné vers l'Occident, le porche de l'église Notre-Dame de Jamhour commence à être patiné sous la caresse des derniers rayons : pierre mordorée et brillance rosée du béton. Pendant que l'oil prend possession de cette illumination, l'âme s'élève et s'avance en une intérieure liturgie d'entrée :

         « Portes, levez vos frontons,

         élevez-vous, portes éternelles,

         qu'il entre, le roi de gloire ! » (Ps 24)

                   Ce porche joue un rôle architectural majeur dans l'équilibre et l'harmonie du sanctuaire. Revêtu de la belle pierre « ramleh », il s'ancre dans la rotondité de la muraille, mais il ne la clôt point. Bien au contraire, il l'ouvre par son avancée majestueuse dont le fronton relevé se tend vers la ville, la mer et le Monde.

                   Parmi les Anciens, ils sont encore nombreux ceux qui conservent la nostalgie émue de leur premier grand passage sous le porche. Tel un arc-de-triomphe de nos Fêtes-Dieu, il s'ouvrait pour accueillir la blanche procession de leur Première Communion. 

                   N'oublions pas non plus que, cette année, cela fera quarante promotions d'élèves qui, bannières au vent, franchiront, comme leurs Anciens, les portes de l'église. Ils y pénètreront « en Promos » fiers de leur parcours, leur « exode éducatif ». Ils en feront l'oblation au Seigneur, sous le regard de Notre-Dame, puis ce sera « en Anciens » qu'ils retraverseront le porche d'où ils s'élanceront vers la Vie.

C’est encore par ce porche que toute la Communauté éducative se rend dans l’église pour solenniser et bénir chaque nouvelle Année scolaire. Il est aussi le Porche ouvert à tous par où convergent les participants de la Rencontre islamo-chrétienne de l’Annonciation.

                   Parce que ce porche remplit si bien sa fonction d'entrée et de sortie, d'accueil et d'envoi, nous prenons plaisir à le relier à des figurations typiquement libanaises très familières. Quand on se place sous son arche, le porche évoque un « Arc » triomphal, comme celui qui se dresse encore à Tyr. En s'avançant lentement vers lui, il devient un « Portail » monumental semblable à celui qui ouvre le temple de Bacchus, à Baalbek. En l'examinant de côté, sa silhouette se profile en « Proue » élancée et audacieuse de navire phénicien, comme on en voit sur les monnaies antiques.

                   Cependant ce sera encore à travers le prisme de l'Évangile que la double image du « Porche-Porte » diffusera sa signification plénière :

         « Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira et trouvera un pâturage. . Moi, je suis le bon pasteur. » (Jean 10, 9,14)

                   En s'identifiant en même temps à la « Porte » de la bergerie et au « Bon Pasteur », Jésus ouvre une perspective parfaitement applicable à l'Éducation. Pour l'enfant et le jeune, toute éducation est un passage, ou même une série de passages successifs marquant les étapes de la formation et de la maturation de toute la personne de l'être éduqué. Pour ouvrir et guider ce temps de passages, la figure du Christ « Pasteur-Porte » donne la signification de toute éducation, de toute la mission éducative : se faire, dans le Christ, l'Accompagnateur des Passages qu'accomplit au long de sa jeune vie l'être éduqué.

                   Cette dimension « pédagogique » que donne la figure du Christ « Pasteur-Porte » est encore confirmée par cette autre référence : « Il les appelle chacune par leur nom et il les fait sortir dehors. » (Jean 10, 3)

                   La citation latine de ce verset est très explicite : « Vocat nominatim et educit eas. »

                   Nous constatons que c'est ici l'unique fois où le verbe « éduquer » est employé dans l'Évangile. Nous en saisissons toute la signification : E-ducere, c'est-à-dire « éduquer », signifie « conduire hors de . »

                   Le magnifique ensemble architectural « Porche-Porte » de l'église Notre-Dame de Jamhour, dans lequel nous avons perçu la figure évangélique du Christ « Pasteur-Porte », délivre un message.

                   Toute la Mission de l'Éducation, qui se place sous le magistère maternel de Notre-Dame, s'accomplit dans l'Accompagnement de toute la personne éduquée, « appelée chacune par son nom », donc aimée pour ce qu'elle est et ce qu'elle vit.

                   L'accompagnement éducatif de ces passages, ceux de l'enfance mise en éveil jusqu'à ceux de la jeunesse mûrie, conduit chaque Personne aux seuils de la vie adulte. Mais cet itinéraire vital porte aussi en lui sa dimension d'arrachement, parfois difficile, pour passer d'une étape à l'autre. C'est pour cet accompagnement que l'Éducateur, à l'image du Christ, se fait aussi Pasteur, « Bon » Pasteur.

                   À l'issue de la Messe de l'Envoi de la Promotion, chaque « Éduqué «  retraversera le porche de l'église Notre-Dame. Par cette démarche, festive et joyeuse, il accomplira un dernier Passage dans le Christ « Porte ». Celui qui, « en Bon Pasteur » l'a conduit « hors » des étapes passagères de sa jeune vie, le conduit désormais « vers » sa vocation d'Homme.

Notre-Dame de Jamhour,

Accompagnatrice maternelle de nos longs passages,

Porte si accueillante où nous venons souvent frapper,

Porche de confiance qui nous introduit auprès de Dieu,

Nous Te saluons !


                LA CROIX GLORIEUSE

                   « Réjouis-toi en qui s'illumine pour nous la Trinité d'amour. » (H.A.)

                   Ce titre nous est inspiré par un souvenir relatif à la croix fixée au centre du lanterneau de l'église Notre-Dame de Jamhour.

                   Cette année-là, la tempête d'équinoxe du printemps fut particulièrement violente. La lourde croix de métal en subit les effets destructeurs. Celle-ci avait été solidement arrimée au lanterneau par des filins d'acier. Mais lors de la période de la guerre, cette fixation avait été touchée par des éclats et donc, fragilisée. Aussi, sous la violence des secousses, la croix donna des signes inquiétants de faiblesse dans son accrochage. Des câbles latéraux lâchèrent. La croix n'était plus suspendue que par le filin vertical. Sous la poussée des rafales, elle commença à se balancer en tous sens. Comme un battant de cloche, la croix était soulevée jusqu'à l'horizontale. Impuissants, résignés au pire, les pères craignaient que la croix, livrée à une chute prévisible, ne vienne écraser la verrière. Dans la nuit, la croix rompit sa dernière attache. Au matin, on la retrouva gisant sur le bord de la voûte où après un dernier envol et une glissade, elle s'était arrêtée. Comme la sainte Croix de Jérusalem fut arrachée un jour de l'Anastasis, puis victorieusement ramenée de son exil par Héraclius, notre croix fut remise à sa place, grâce au savoir-faire des techniciens. Depuis, suspendue, aérienne, elle est le point focal de la façade de l'église. En fin d'après-midi, selon l'angle du soleil, la lumière effleure le métal poli, alors elle scintille, elle rayonne : la croix glorieuse !

                   Les bâtisseurs des cathédrales, romanes et gothiques, pensaient et élevaient leur ouvre comme un message de Foi. Par les formes architecturales et par la décoration, ils rendaient les sanctuaires lisibles. L'espace du sanctuaire, mais aussi les vitraux, les chapiteaux et le tympan étaient des livres ouverts que le fidèle pouvait déchiffrer.

                   Or l'église Notre-Dame de Jamhour, dans son apparence extérieure ne présente pas d'ornementations ni de représentations. Même les vitraux, vus en plein jour de l'extérieur, ne font apparaître qu'un assemblage de verre grisâtre enserré de ciment. Le vitrail du tympan du porche oblige à pénétrer dans le sanctuaire pour comprendre le Mystère qu'il illustre et il en est de même pour l'ensemble des verrières.
Et pourtant, l’initié ne tarde pas à percevoir, à reconnaître et à déchiffrer dans la structure architecturale bien plus qu’  un symbolisme. Il lit toute une théologie inscrite dans l’œuvre. Avivons notre regard pour discerner le Mystère signifié.

                   Pour cela, il faut centrer son regard sur la croix, point de convergence de toutes les lignes de la façade. Puis, à partir de la croix, le regard englobe les éléments du lanterneau : sa coupole aux onze ouvertures, la verrière circulaire. Les trois éléments sont étroitement unis tant par la structure matérielle que par le sens.

                   Première approche : la tranche parabolique de la rotonde du lanterneau opère un mouvement descendant qui encercle la croix qui y est suspendue. Puis la courbe s'évase pour ouvrir le grand cercle de la verrière. En considérant cette courbe qui s'abaisse autour de la croix, une parole évangélique surgit à l'esprit : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné le Fils unique. » (Jean 3, 14)

                   Deuxième approche : la croix tellement dépendante de la voûte et pourtant tellement libre dans cette élévation d'où elle attire le regard, rappelle une autre parole : « Et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes. » (Jean 12, 32)

                   Alors le mouvement de montée des vingt-quatre voûtains convergeant vers la croix figure la réponse de l'Humanité sauvée, attirée par la croix mais encore en chemin dans sa confiante élévation vers le Christ : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. » (Matthieu 11, 28)

                   Dressée sous un angle très prononcé, la verrière de la Veilleuse de l'Esprit est à la fois enserrée par l'assise de lanterneau et dominée par la croix suspendue au-dessus d'elle. Ce cône tronqué reçoit tout l'éclat de la lumière du jour et la verrière circulaire la propage en lui donnant les couleurs de l'Esprit jusqu'au chour du sanctuaire. Ce cercle de feu encastré dans le lanterneau nous invite à un autre déchiffrage : « Lorsqu'il viendra le Paraclet, que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage. » (Jean 15, 26)

                   Le mouvement descendant des voûtains, qui s'élancent à partir du cercle flamboyant de l'Esprit, devient l'annonce de l'ouvre du Paraclet envoyé : « Mais quand il viendra, lui l'Esprit de vérité, il vous guidera dans la vérité tout entière. » (Jean 16, 13)

                   Nous avons tenté de décrypter un ensemble architectural : la rotonde élevée du lanterneau, la croix qui y est suspendue, la verrière circulaire de la veilleuse et leurs relations avec les voûtains concentriques et convergents dans leur double mouvement.

                   Dans l'ordonnance et la beauté qu'ont voulu leur donner les concepteurs de cette ouvre, nous avons tenté, non sans audace, de lire une théologie : celle de la Trinité divine et sainte.

                   Dans ces formes conçues par le génie d'un concepteur, un bâtisseur, nous lisons le Don aimant du Père, l'abaissement et l'élévation salvifique du Fils, la diffusion de l'Esprit répandu.

Ici, en trois signes de pierre, tout est devenu Signe du Divin. 

Notre-Dame de Jamhour,

Croyante bienheureuse, avec toi nous chantons le Père,

Mère comblée de joie, heureuse tu nous donnes le Fils,

Servante revêtue de l’Esprit, tu L’annonces à l’Église,

Nous Te saluons !


        CANA

                   « Réjouis-toi Servante du Festin où nous avons part aux réalités du ciel. » (H.A.)

                   Il est quasiment impossible d'épuiser la richesse du symbolisme mystique et marial qui est contenue dans les verrières du Jardin sacré.

                   « De Maria, numquam satis. », écrivait saint Bernard : Au sujet de Marie, on n’en dit jamais assez.

                   Nous pourrions appliquer cette sentence à propos de Notre-Dame de Jamhour exaltée par les vingt-quatre fleurons lumineux qui couronnent la rotonde de sa muraille ocre.

Alors, dans cette enceinte de lumière, que dire encore de Marie ?

                   La préface de la messe romaine de la fête de l'Assomption ouvre une autre perspective de lecture. En quelques formules, cette prière liturgique donne une clé pour pénétrer plus avant dans le mystère écrit en lettres de lumière. « La Vierge Marie, la Mère de Dieu., parfaite image de l'Église à venir, aurore de l'Église triomphante. ».

                   Dans la resplendissante prière de ces verrières, qui célèbrent le Mystère de la Vierge Marie, transparaît dans toute sa vérité le Mystère de l’Église.

                   Tout l'ensemble du message des verrières de l'église Notre-Dame de Jamhour doit être interprété à trois niveaux de lecture.

                   Le premier message est d'ordre biblique : Il illustre la beauté symbolique du Jardin sacré du Cantique des cantiques, en qui nous voyons la préfiguration de la Vierge Marie.

                   Le second message est évangélique : Dans l'enchaînement de tous ces thèmes consacrés à la Vierge, on suit en un rosaire de lumière, les mystères de Marie dans son union avec son Fils :

-         Le mystère joyeux représenté ici par l’Annonciation et la Nativité (vitrail A)

-         Le mystère lumineux figuré par l’abondance jaillissante de l’Eau du Baptême et de Cana (vitrail T). L’Eucharistie dans le vin pourpre de la vigne (vitrail P)

-         Le mystère douloureux, avec l’Agonie du Jardin des Oliviers (vitrail O) et la présence de la Mère qui se tenait debout près de la croix (vitraux L, M, N)

-         Le mystère glorieux dans l’élévation céleste de la Bienheureuse Vierge Marie, couronnée (vitraux X et B)

              Nous parvenons ainsi à ce troisième niveau de lecture annoncé : le sens ecclésial des verrières. En détaillant la technique du maître-verrier, nous comprenons ce qu'est le vitrail. Au premier abord,  c'est un assemblage étudié de pièces de verre colorées, taillées, biseautées et ordonnées dans un ensemble cohérent : l'ouvre.

Dans le vitrail, chaque pièce de verre n’existe que pour tenir la place que le maître lui a destinée. Assujettie aux autres, elle est la partie nécessaire d’un tout dans lequel elle se fond. Elle n’est là que pour assurer la partition que la lumière lui fera jouer. Autre aspect technique, chaque pièce de verre est cerclée, maintenue dans un cadre qui se transformera en lignes sombres pour mieux dessiner le jeu lumineux des formes tracées.

              Or cette humble pièce de verre, par sa place et son rôle, vient illustrer une image de l'Église donnée par l'Apôtre Pierre : « Vous aussi, soyez des pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles. » (1 Pierre 2, 5)

              « Pierres vivantes » : osons adapter l'image à notre référence « pièces de verre vivantes » du nouveau et lumineux Temple : l'Église.

              Par l'unité rayonnante des pièces de verre qui composent l'harmonie des vitraux, où s'écrit la louange de Marie, l'église Notre-Dame de Jamhour se transforme en figure lumineuse et vivante de l'Église, une et sainte.

              Or cette figure de l'Église s'accomplit et se réalise en Église vivante lorsque le sanctuaire devient le réceptacle saint et uni de l'Eucharistie.

              A l'image de ces pièces, soudées les unes aux autres, les Membres de la Communauté éducative, dans l'unité de leur diversité de ministère, de rôle et d'état, forment pour l'Eucharistie un Corps réuni et vivant : l'Église.

              L'Église de Dieu « établie à Jamhour » possède sa caractéristique particulière. Parce qu'elle est, en Église, un lieu saint éducatif, elle est aussi une Église de la Joie et de la Fête.

              Alors l'Église de la Joie et de la Fête, qui est en Jamhour, se retrouvera tout simplement dans l'épisode festif de l'évangile de Saint Jean : les Noces de Cana. (Jean 2, 1-11)

              Méditons-le.

     « La mère de Jésus était là. »

              Sous son beau titre de Notre-Dame de Jamhour, la Vierge Marie est « là », parmi nous. Sa présence s’est manifestée dans toutes les étapes de l’histoire de son Collège. On serait en droit, par reconnaissance, de graver dans la pierre tous les titres sous lesquels elle a prouvé sa présence :

Notre-Dame de Bon Conseil, de la Garde, de Bon Secours, d’Espérance, de Liesse, de Miséricorde, de la Paix, du Perpétuel Secours, de Sagesse, de l’Unité, …

     « Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. »

              Jésus est « là ». Il est l’Hôte du Collège Notre-Dame de Jamhour.

Or le mot « hôte » a deux sens. Et Jésus le Christ assume pour nous les deux significations.

                   Il est l'Hôte qui, dans sa maison, accueille notre jeunesse « en passage » éducatif chez Lui. Il la reçoit pour sa Fête. Dans son hospitalité d'amour, il comble de joie ceux et celles qu'Il reçoit ; Il leur communique la joie de la Bonne Nouvelle et la saveur divine de son Repas.

                   Mais il se fait aussi Hôte pour être reçu, accueilli et reconnu par chaque membre de la Communauté éducative. A travers toute l'étendue de la mission éducative, Jésus est l'Hôte de notre Fête.

         « Or on manqua de vin. »

                   Mais toute fête peut connaître le manque de la Joie : déceptions, échecs, épreuves, désenchantement, refus, …

                   Toute Éducation porte en elle le risque de « manquer de vin », de perdre sa Joie. Mais .

         « La mère de Jésus lui dit : Il n'ont plus de vin. »

                   Marie, pleinement femme et tellement mère, se révèle attentive, vigilante à nos réalités et nos besoins. Elle a décelé le désenchantement et l’échec de la fête. Prévoyante, elle est la Mère qui intercède, sûre de l’effet de son intercession auprès de son Fils, à qui, en Mère, elle ouvre le moment de son Heure.

         « Faites tout ce qu'il vous dira. »

                   Marie l’Éducatrice de Cana : toute sa pédagogie est contenue dans sa courte recommandation.

                   Dans cette lumière, Notre-Dame de Jamhour est reconnue et célébrée comme l'Éducatrice ultime du Savoir-Être chrétien, qui est la finalité ignatienne du Collège.

Car l’objectif pédagogique marial est au cœur du Projet éducatif. Centrée sur le Christ, par Marie, l’éducation de toute la Personne unifie, en une totale cohérence, les exigences des valeurs fondamentales de l’Évangile du Christ avec l’engagement et le témoignage de ces Hommes et ces Femmes, « passés », et donc accompagnés, par le Collège Notre-Dame de Jamhour.

                   Alors « le bon vin » de la Fête dont le Collège Notre-Dame de Jamhour est l'Invité privilégié, lui sera assuré par l'intercession de Marie et lui sera servi en abondance par le Christ. Au commencement et à la fin, ce bon vin de sa fête sera la Joie de l'Éducation.

                   Jubile encore avec nous, Notre-Dame de notre Joie.

Notre-Dame de Jamhour,
Mère de toute Joie, tu viens combler nos manques,
Éducatrice du Verbe, tu enseignes à faire ce qu’Il dit,
Jardin sacré de la colline où fleurissent tes quarante rosiers,
Nous Te saluons !

P. BRUNO PIN



Collège Notre-Dame de Jamhour, LIBAN
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