Billet de la quinzaine
La poésie, une synchronisation de l’esprit et du cœur
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21 février 2005
« Définir » la poésie, c’est en tracer le contour. Or, la poésie n’est pas une forme géométrique, encore moins un terrain de football ou une maison en carton. Elle serait plutôt une fraction de vie intense, ressentie comme une étincelle, une parcelle d’émotion forte, qui cogne à la porte du cœur et parcourt, en ricochets, toutes les parois de l’être vivant.
Vibrer à la poésie, c’est lui accorder sa liberté d’expression. C’est harmoniser le rythme des paroles avec le souffle, la musicalité avec le lyrisme de l’âme, la collision naturelle des mots avec les envols légers de la même éternelle âme.
Aimer la poésie, c’est boire son effervescence instantanée, goûter son originalité, entendre sa résonance singulière. C’est voir le ciel bleu soudain orange, le soleil un jour rouge un autre blanc, l’arbre aussitôt feuille et la feuille déjà embarcation. C’est toucher un galet à la surface d’un désert et apercevoir dans sa paume la carapace d’une tortue. Pour aimer la poésie, il faut s’y faufiler, s’en émerveiller, crier « Impressionnant ! » … Tout cela est impressionnant quand même, ne trouves-tu pas ?
La poésie s’adresse à son lecteur. La poésie affirme des réalités, crée des fictions, relie des sensations, suscite l’émotion, interroge la raison. Elle véhicule des messages, défend certaines causes, en réfute d’autres. Elle rehausse l’art, cultive les champs de l’esthétique. Elle apprend à l’homme, rend hommage à l’Histoire sur des feuilles de papier, en des mots qui, agencés côte à côte, révèlent un langage universel, une écriture innovatrice, un savoir qui enivre ou qui délivre… une suite de signes logiques ou pas, qui projettent haut la réflexion et célèbrent l’art avec splendeur.
Carole Younan
Enseignante de littérature française en classe de Seconde