Billet de la quinzaine

“Non-assistance à personne en danger…”

 

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30 avril 2006

Ce délit est sanctionné par le code pénal…

La scène se passe sur une plage quelconque, un jour de gros temps. Tandis que la mer déferle méchamment, des centaines d’Apollons, d’Adonis, et de Narcisses, se laissent mollement brunir au soleil. Quelques imprudents osent se baigner.

Soudain, on entend, au milieu du vent et du fracas des vagues, des appels au secours. Tout le monde se dresse sur son séant, comme au cinéma nous empoignons, sous l’empire d’une vive émotion, le dossier du fauteuil d’en face. Un homme se noie.

“C’était prévu!...C’est une folie d’aller à l’eau par un temps pareil, disent les sages qui vont se rhabiller.

Deux hommes se jettent à travers les flots menaçants. Un jeune homme de 18 ans qui ne sait pas crawler, mais nage sans style avec une grande énergie vers le noyé, heureusement évanoui entre deux eaux et un maître-nageur diplômé dont le métier compense le poids respectable.

Pendant tout le temps que dure ce sauvetage, 300 “ athlètes” bronzés et bavards contemplent ce petit drame sans bouger leurs doigts de pieds sculptés, exactement comme dans les tribunes du stade, des milliers d’hommes bien portants savourent le plaisir cynique de voir le coureur de Marathon s’écrouler devant l’arrivée …

Mais, pour la “respiration artificielle”, ils sont là, formant un cercle écrasant généreux en conseils stupides et malfaisants à tel point que les pompiers, pour dégager le noyé, n’ont d’autre ressource que d’arroser copieusement cette foule de sportifs bêlants.

Chassons donc de notre pensée ce faux sportif, spectateur de l’effort d’autrui qui se pare, on ne sait pourquoi du titre de “supporter”.

Yousra Rahmé
Enseignante de langue française au complémentaire



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