Billet de la quinzaine
Les autres billets de la quinzaine
3 octobre 2006
Toute petite, bien installée sous ma couette, j’attendais impatiemment l’arrivée de ma maman qui, tous les soirs, me lisait une histoire avant de m’endormir. Quel bonheur de prendre le temps de partir ailleurs avec la lecture d’histoires drôles, farfelues ou intrigantes. Ces histoires qu’elle me racontait ont provoqué en moi une irrésistible invitation à la lecture. Maman m’en a inoculé le virus.
Je lisais tout le temps, au Collège, durant les cours. Au pensionnat, lorsque toutes les lumières étaient éteintes, je me confectionnais une tente avec mon drap et une règle et je m’usais les yeux à la lumière d’une torche électrique. Et les sanctions pleuvaient !
N’empêche que je m’y plongeais avec plaisir : j’épousais la vengeance du Comte de Monte Cristo, je chevauchais aux côtés de d’Artagnan pour la gloire de la France, les malheurs de Sophie m’amusaient tant ses bêtises étaient polissonnes. J’éclatais de rire en lisant la lettre que Lili écrivait à Marcel Pagnol dans La Gloire de mon père parce qu’elle était criblée de fautes d’orthographe. Je sentais l’odeur des herbes et écoutais le chant des cigales de la Provence d’Alphonse Daudet ; j’étais Madame Bovary, Madame de Rênal et je partageais leurs sentiments.
J’en passe, bien entendu, car la liste est longue. Lire est un plaisir et non une contrainte. Daniel Pennac l’a si bien compris lorsqu’il dit : « Le verbe « lire » ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il partage avec quelques autres : le verbe « aimer » et le verbe « rêver ».
La lecture laisse en nous une marque indélébile.
Laurence Abou Chacra
Enseignante de Français