Les autres billets de la quinzaine
24 mai 2007
« Une rose sur un fond gris colore en vert le fond » écrivait Merleau-Ponty dans un texte qu’il consacrait à Cézanne. Illusion... Lequel de l’art ou du réel est illusion ?... L’artiste s’octroie le rôle de magicien, magicien pour l’autre, magicien pour lui-même, surtout pour entretenir l’illusion.
Peter Pan ou Narcisse, installé dans une activité aux attributs ludiques, il porte en lui des lambeaux d’enfance, qu’il entretient de manière plus évidente que d’autres.
L’artiste, à travers une œuvre, à travers des processus d’identification, à travers la communion avec le public, recrée la sensation première que nous avons connue le jour où nous avons découvert la vie, ou encore le jour où nous avons découvert l’amour. L’artiste ne capte pas la beauté instantanée, mais il recrée l’instant de Beauté. Loin de chercher à reproduire la nature dans sa magnificence, il veut la représenter dans son apparition ; revivre et nous faire revivre la sensation d’un ordre naissant.
Mélange d’Éros et de Narcisse, l’artiste, par la quête passionnée de ses rêves et du sentiment d’exister, par la compensation dans l’instant et à répétition de blessures anciennes, par la scène, le travail d’un personnage, la création d’une œuvre, la présentation à l’autre, la critique, l’échec, la réussite, reste à mes yeux et aux yeux admiratifs du public, un amoureux désespéré de la vie, un homme en quête d’amour, qui, à défaut de le chercher sur les chemins habituels, le puise aux racines de l’humanité.
Haïfa Hélou Asmar
Éducatrice