Les autres billets de la quinzaine
10 juillet 2007
Voici le mois de juin ! La fin d’une année scolaire !
Comme d’habitude, c’est le temps de l’évaluation ! En principe, en vue d’une certaine évolution, souhaitée, demandée, exigée… mais heureusement, parfois elle est tellement désirée qu’elle émane seule sans le moindre effort et conduit à un geste attendu depuis longtemps !
En essayant d’évaluer mon parcours, je ne peux que remercier celles et ceux qui ont favorisé mon évolution et m’ont soutenue au fil du temps.
Chemin faisant, je me retrouve face à face avec un souvenir lointain mais qui reste toujours frais dans ma mémoire : en classes de 4e et de 3e , j’ai vu Georges Duhamel décrire sa maison baignant dans le noir d’une nuit qui ne fait pas dormir la vie. Je suis sûre aussi d’avoir rencontré Antoine de Saint-Exupéry expliquer la perte d’un ami et « le deuil qui n’est point déchirant mais amer ». Romain Rolland m’a rendu l’espoir avec sa certitude que l’amitié résiste au mal « loin de moi, près de moi, toujours en moi, je l’ai, je suis à lui, mon ami m’aime, mon ami m’a… » et que c’est là où « s’apaisent enfin les battements d’un cœur haletant ».
Je vous jure aussi, mais ne le dites à personne, que j’ai pleuré dans le secret de ma chambre en écoutant Anne Philippe s’adresser à son mari et rendre un hymne à l’amour, à la vie, tout en sachant qu’elle ne l’aura que « le temps d’un soupir ».
En classe de première, j’ai trottiné à côté de Victor Hugo un 1er mai, j’ai conjugué à tous les temps de l’indicatif le verbe aimer. Mais le cœur serré, une boule dans la gorge, j’ai voulu consoler le poète sans savoir comment, j’ai eu mal avec lui pour sa fille disparue jeune. Et pendant tout un mois, je l’ai vue à travers les rayons de soleil dans la chambre de son père « un peu chaque matin ».
Bien plus tard dans ma vie, j’ai pu voir le petit Bernard Clavel s’émerveiller devant un livre à la lueur dansante d’une bougie de cuisine, le jeune Bernard se réveiller avant l’aube pour devenir pâtissier loin de sa famille. Cet aventurier n’a pas hésité à me prendre par la main et je l’ai suivi dans « l’Harricana ». J’ai eu froid avec les bâtisseurs du Grand Nord mais j’ai eu ma récompense, ils ont survécu et leurs enfants ont grandi…
Alors, je revois les visages de mes professeurs. Et je leur dis merci. Sans eux, ces textes auraient simplement le titre hideux de « leçons et devoirs ». Leur génie a rendu ces « lectures » et ces « questions sur texte » une « occasion » et un « droit » à l’évasion et à la quête de la vraie richesse. Même si j’ai oublié une partie des règles de grammaire que j’ai apprises, il me reste toute la beauté de la langue à pouvoir apprécier, et la magie des ponts construits de paroles.
Merci aussi à mes élèves qui, bien qu’ils bavardent parfois pour faire taire l’essentiel, dans un élan de sincérité, ils finissent par me lancer des vérités qui me font toucher l’éclair et le clair de lune.
Un merci reste à Jamhour. Aussi bizarre soit-il grâce au semblant de jungle qu’il présente, on y trouve encore des clairières verdoyantes, l’oiseau bleu très rare et la rose de l’hiver. On peine, c’est vrai. On essuie des déceptions, oh oui ! Mais on partage une espérance et on se lie d’amitié surprenante. Heureusement, quand on n’a plus le souffle, l’Esprit souffle et la vie reprend.
Jamhour, c’est exactement la vie…
Marie Fares
Adjointe au préfet, 7e