Dans l’absolu, toute forme d’éducation a une valeur ajoutée. Ne serait-ce que celle de faire de l’être humain, une personne humaniste, sociale et créatrice !
Dans l’absolu, le processus de l’orientation a une valeur ajoutée. Ne serait-ce que celle qui conduit tout être humain à choisir un métier qui lui conviendrait.
Entre l’éducation en général et l’orientation en particulier, une alliance survient et bouleverse l’absolu : celui de l’éducation à l’orientation.
En effet, l’éducation à l’orientation invite à une interrogation sur soi et sur le monde, une interrogation régie par des activités de réflexion tant pour le sujet qui s’oriente, que pour les praticiens de l’orientation et les professionnels du monde du travail.
Cela dit, la valeur ajoutée de cet amalgame n’est-ce pas de redéfinir le sens de l’éducation et l’intérêt de la formation ? Quel est désormais le rôle de l’école si ce rôle n’est pas directement rattaché au sens et à l’intérêt de la vie ?
La valeur ajoutée de l’éducation à l’orientation, c’est bien d’apprendre à se connaître et à réfléchir sur soi pour construire sa vie et se construire dans le monde.
Voici une question très peu présente dans le champ scolaire.
Si le programme de l’orientation s’inspire fortement du programme pédagogique et des compétences exigées par chaque niveau, cette pédagogie à son tour, ne devrait en aucune façon, perdre de vue la finalité pour laquelle elle existe : faire des élèves, les futurs citoyens du monde. Ainsi, appelés à jouer leur rôle dans l’histoire de ce monde, comment ces mêmes élèves, se préparent à le tenir ? Comment vivent-ils leur formation et les matières enseignées ? Les considèrent-ils comme une marchandise qui rapporte des points ou qui se fane avec le temps ? Comprennent-ils que c’est leur formation qui est appelée à être réinvestie ? Leurs connaissances et leurs compétences appelées à être transférées d’un domaine à l’autre pour faire d’eux des personnes omniscientes et polyvalentes, dans un univers en mutation continue ?
Reconnaissons que le programme de l’éducation à l’orientation a bien de prétentions ! Il use de mots scolaires sans cesse répétés, sans cesse vécus, sans cesse échoués ou réussis, pour en faire un roman. Un roman qui s’étend dans le temps et dans l’espace. Le roman qui permet de construire son itinéraire et de devenir l’historien de sa vie, le géographe de son environnement, l’Archimède de ses expériences. Un schéma qui prend la forme d’un cercle dont le centre de gravité est « le moi » ouvert à toutes les tangentes, et par lequel passe impérativement tous les rayons qui sillonnent la vie.
Reconnaissons que l’éducation à l’orientation est une exigence éducative dont la condition est d’agir et de décider à tout moment de l’existence, autrement que par le « suivisme moutonnier » bien caché derrière le refrain qui sonne creux : C’est un bon choix ! Et derrière lequel ne sont soulignés que de simples jugements de valeur. Un refrain qui semble vouloir freiner des ambitions personnelles. Une affirmation qui semble vouloir étouffer l’émergence d’une autre personnalité, d’une autre intelligence que celles qui se sont longtemps répandues … Une affirmation, enfin, dont les mots pèsent et que l’éducation à l’orientation cherche à compléter par une finalité et un possessif, afin d’atteindre la seule devise possible : « c’est un bon choix, pour moi ! »
Concédons enfin que « Chaque être humain reçoit la faculté de choisir ; c’est ce qui le distingue à l’intérieur du règne animal ; et c’est ce qu’on nomme intelligence ».
Christiane Tuéni
Juin 2005