À l'occasion de l'élection de Me Michel Eddé à la présidence de la Ligue maronite, le supérieur provincial de la Compagnie de Jésus au Proche-Orient, le père Fadel Sidarouss, le recteur, le père Salim Daccache, et la Communauté jésuite du Collège Notre-Dame de Jamhour, dont le père Michael Zammit est le supérieur, ainsi que le Comité de l'Amicale des Anciens ont voulu lui rendre hommage au cours d'un dîner qui s'est tenu au Collège, le mercredi 3 décembre.

Parmi les convives, l'on note la présence des évêques Youssef Béchara et Béchara al-Raï ; de Mgr Camille Zeidan, président de l'Office international de l'enseignement catholique ; du P. René Chamussy, recteur de l'Université Saint-Joseph ; des pères Marwan Tabet, secrétaire général des Écoles catholiques, Issam Ibrahim, curé de la paroisse de Sainte-Thérèse de Fayadyeh et directeur du Collège La Sagesse-Brazilia, et Bruno Pin ; des jésuites, les pères, Camille Héchaimé, directeur de Dar el-Machreq, Joseph Nassar, supérieur de la Résidence Saint-Joseph, Paul Brouwers, Bruno Sion, vice-recteur à l'administration à l'USJ ; des anciens membres de la Ligue maronite, l'émir Harès Chéhab et MM. Ernest Karam et Raymond Raphaël ; des membres actuels de la Ligue maronite, les présidents Maurice Khawam, Mounir Honein, Robert Farhat et Édouard Eid, de nombreux amis, Cheikh Michel el Khoury, Me Chakib Kortbaoui, Me Salah Honein, M. Henri Hélou, Dr Khalil Karam, Me Bassam Tourbah, M. Joseph Otayek, l'émir Samir Abillama, M. Claude Zoghzoghi ainsi que des membres des différents comités et conseils du Collège.
Dans son intervention, M. Nagy Khoury, secrétaire général de l'Amicale des Anciens, dont le président n'est autre que Me Eddé lui-même, a brossé un rapide tableau des différentes facettes de ce dernier, formidable père de famille et extraordinaire époux qui se dévoue avec amour à sa famille. Avec humour, et sans oublier de faire allusion à une certaine mouloukhieh, il a qualifié Michel Eddé de gastronome très distingué, célèbre pour son impeccable hospitalité et sa prédilection pour la cuisine libanaise. M. Khoury a ensuite évoqué l'homme de culture à la mémoire sans faille et qui constitue l'une de nos plus importantes richesses culturelles nationales, l'érudit à la concision légendaire. S'attardant ensuite sur l'homme de cour, il a révélé à l'assistance l'existence du fonds "Christ ressuscité, Liban ressuscité", un fonds que Me Eddé a mis sur pied avec ses enfants et grâce auquel il donne sans compter, à tout le monde sans distinction, et dépassant souvent les frontières de notre petit pays. C'est ensuite le maronite engagé qui a été présenté, un maronite fier de ses racines qui a accepté de présider aux destinées de la Ligue maronite sur les insistances du Patriarche Sfeir. Et M. Khoury de poursuivre : un maronite engagé capable de dire, avec toute sa candeur, à un non-maronite qu'il apprécie : "tu es tellement bien que tu mériterais d'être maronite !" M. Khoury s'est ensuite attardé sur le politicien ouvert, qui entretient de très bonnes relations avec tous les politiciens locaux, l'homme qui a une obsession, le sionisme, et une constante, le Liban. L'homme intègre qui doit son ascension politique à son savoir, son labeur et son amour sans faille pour son pays. Un tableau auquel il convient d'ajouter l'ancien élève des pères qui se donne un malin plaisir à raconter à qui veut l'entendre qu'il était à deux doigts de se faire jésuite et que le père Sélim Abou, son camarade de même promotion, a eu plus de courage que lui. Évoquant enfin la fidélité de Me Eddé à son collège et sa disponibilité à l'Amicale des Anciens dont il est le président depuis bientôt 12 ans, M. Khoury a conclu en remerciant Me Eddé d'être ce qu'il est, lui souhaitant ainsi qu'aux quatre autres membres du Conseil exécutif de la Ligue maronite bonne route et l'assurant de l'inconditionnel soutien du Collège.
Prenant la parole, le père Salim Daccache a remercié Me Eddé pour son dévouement au Collège, à l'Amicale des Anciens, à la Communauté maronite et au Liban. Le qualifiant d'ami des jésuites qui n'a jamais manqué l'occasion de manifester son attachement à la Compagnie de Jésus et à sa spiritualité, il a évoqué l'ancien élève du Collège Secondaire de l'Université Saint-Joseph, dont il a exposé, non sans malice, les bulletins scolaires. Un ancien élève brillant en. culture religieuse, peu enclin aux mathématiques et excellent en français ! À la lecture de ces bulletins, l'on pouvait deviner le futur humaniste à l'ouverture culturelle et linguistique, l'homme de raison et de profonde sagesse qu'est devenu Me Eddé. Un homme au grand cour, à l'instar de saint François Xavier, jésuite et missionnaire espagnol du 16e siècle fêté le 3 décembre, a poursuivi le recteur. Faisant allusion à sainte Barbara que l'on fête le 4 décembre, vierge martyre et patronne des artificiers et des sapeurs pompiers, il a brièvement relaté sa vie : patronne du diocèse grec-catholique de Baalbek, vénérée par tous les chrétiens du Liban, elle avait fui Baalbek pour se réfugier à Michmich, proche village de celui de Me Eddé. Le P. Daccache l'a qualifiée de Patronne de maître Eddé, puisque le travail dans le domaine et les biens publics est proche de celui des sapeurs pompiers ! Il a terminé en souhaitant que la Ligue maronite devienne de plus en plus une institution maronite au service de la communauté maronite, du Liban et du monde entier, pour une plus grande gloire de Dieu.
Quant au père Camille Héchaïmé, il a souhaité ouvrir une parenthèse, dévoilant un aspect peu connu de Me Eddé, lui qui est célèbre pour sa culture, sa générosité, sa foi, son dévouement aux biens publics et son amitié pour les jésuites, lui dont la famille en compte deux, les pères Khalil Eddé (frère d'Emile Eddé, ancien président de la RL) et Gabriel Eddé. Et de poursuivre en mettant en exergue le soutien apporté par Me Eddé, depuis son accession au poste de ministre de la culture, au lancement de la revue Al Machreq, publication de Dar el-Machreq, maison d'édition des jésuites du P-O, à laquelle collaborent régulièrement les pères Sidarouss et Daccache. Au nom de Dar el-Machreq, le père Héchaïmé a offert à Me Eddé un coffret contenant l'histoire de l'Église en cinq volumes ainsi qu'un livre portant sur les liens entre la Compagnie de Jésus et les maronites, certain de satisfaire ainsi sa gourmandise intellectuelle.
Le P. Fadel Sidarouss, a pour sa part, insisté sur trois points. Qualifiant Me Eddé de belle figure de laïc dans l'Église, de belle figure d'Ancien, spécialement depuis 1974, date à laquelle la Compagnie de Jésus a opté pour le service de la foi et la promotion de la justice sociale, et de belle figure de maronite humble, il a affirmé que ce dernier pouvait s'enorgueillir de son statut de président de la Ligue maronite, puisqu'il saura demeurer humble, lui qui, au service de la foi et de la nation, sait se montrer généreux et donner abondamment à ceux qui en ont besoin ! Et de terminer par une anecdote sur la prétendue humilité des maronites, avant de remettre, en compagnie du père Daccache et de M. Nagy Khoury, une plaque commémorative à Me Eddé.
Extrêmement ému, Me Eddé a commencé par faire rire l'assistance en déclarant avoir l'impression d'écouter une oraison funèbre, avant de poursuivre que contrairement à sainte Barbe, il n'était ni vierge ni martyr ! Embarrassé par toutes les qualités qu'on lui prête, il a affirmé agir comme tout le monde, en fonction de l'éducation reçue chez les jésuites et selon leur volonté de "former-des-hommes-et-des-femmes-pour-les-autres". Me Eddé a ensuite parlé des notions d'amour du prochain et de pardon, deux valeurs qui font malheureusement parfois défaut au Liban, et que la Ligue maronite va s'atteler à réaliser, luttant ainsi contre l'exclusion. Et d'insister sur la solidarité avec tous les persécutés, et la coexistence avec l'Islam, aujourd'hui religion universelle. "Le Liban est, selon le Saint-Père, un message de convivialité et nous sommes fiers d'être ce message pour l'humanité", a affirmé Me Eddé qui s'est attardé sur les notions d'instruction et d'éducation dispensées autrefois dans les écoles religieuses, et qui ne sont plus aujourd'hui données que dans certains collèges maronites et dans ceux de la Compagnie de Jésus, empêchant ainsi la dérive catastrophique, comme constatée bien souvent au niveau de la jeunesse en Europe.
Un vrai chrétien doit se remettre en question tous les jours, ne pas avoir la conscience tranquille des pharisiens et ouvrer pour l'amour du prochain, un mode de vie que Me Eddé affirme avoir appris chez les jésuites et continué par la suite à appliquer, le prochain étant pour lui représenté par les chrétiens et les non chrétiens.
"Il est aujourd'hui scandaleux, à l'heure où l'on parle de réconciliation nationale, d'apprendre qu'il existe encore des Libanais exclus, loin de leur patrie, et d'autres toujours en prison", a déclaré Me Eddé. Prenant ensuite pour exemple le Saint-Père dans son désir de demander pardon pour toutes les injustices commises au nom de l'Église, Me Eddé a réaffirmé la volonté de la Ligue maronite de vouloir s'atteler, par le pardon et la reconnaissance des fautes, à amener le Liban à vivre une véritable réconciliation nationale.
Les convives ont ensuite sablé le champagne et porté un toast à la réussite de la Ligue maronite et de son président.
Néda Jamhouri