21 Novembre - Présentation de la Vierge
Allocution de Mgr Dahdah

 

"Mon âme exalte le Seigneur" est le plus beau chant de la Sainte écriture; c'est le chant de la personne croyante par excellence, de la croyante parfaite, sans réticence, sans réserve et jusqu'au bout, Marie Mère de Jésus. A elle s'appliquent les paroles du Christ: "Heureux ceux qui n'ont pas vu et ont cru" (Jn.19,29). La foi de Marie est avant tout la foi conclusive de l'Ancien Testament. Jésus devait venir dans la plénitude des temps. Dans le dessein de la Providence, toute l'histoire de l'humanité converge vers la plénitude des temps. Mais seule la foi de Marie pouvait faire jaillir la plénitude des temps et préparer immédiatement la venue du Seigneur.

Marie, synthèse de la foi de l'Ancien Testament, est en même temps anticipation de la foi du Nouveau Testament. Marie résume et anticipe dans sa vie toute la foi de l'humanité. Elle a cru pour nous tous, elle a fait monter vers Dieu la foi de tous les hommes. Marie est donc la "Mère de notre foi".

Au moment de l'Annonciation, Dieu fait à Marie une révélation péremptoire, tranchante, immédiate, sans préambules et sans justifications. C'est son style, puisque, quand il parle, il veut qu'il soit écouté, parce qu'il est Dieu.

Dieu ne fait pas de demandes: il est révélateur, il annonce et dévoile deux évènements qui sont des mystères inouïs pour une jeune fille comme Marie; des mystères dans le sens le plus absolu.

Une telle révélation suscite en elle stupeur et émerveillement qu'elle exprime par la demande: "Comment cela sera-t-il?". II faut voir dans cette demande le drame de sa foi face au mystère et à l'inconcevable. Par l'intermédiaire de l'ange, Dieu ne donne pas des explications, mais révèle des mystères. Face à tout cela, Marie ne fait qu'incliner la tête , consentir et croire. Son "Flat" - qu'il m'advienne selon ta parole - est dire à Dieu: Je crois que l'incompréhensible que tu annonces, l'impossible que tu révèles s'accomplira.

Elle accepte l'annonce, la révélation, elle croit et elle abandonne sa vie à ce mystère abyssal dont elle ne découvre pas les possibilités et les modalités. Face au mystère qui lui reste obscur, la Vierge n'insiste pas, elle accepte en silence. Dans le domaine de la foi on ne peut pas prétendre tout comprendre, avoir une explication exhaustive. II y a un seuil outre lequel il n y a que croire. C'est la pédagogie de Dieu, c'est la logique de la foi.

La patrie de la foi c'est la terre et non le ciel; pour cela même la foi de Marie est enracinée dans la trame humaine des humbles choses. Elle vivra ses certitudes dans une attitude foi, laissant la responsabilité à Dieu. Quand sa maternité deviendra un tourment et un doute pour son époux, elle en confiera la solution au silence et à l'abandon de sa foi.

Avec la naissance de Jésus, le mystère devient encore plus impénétrable; les événements qui auront lieu sont souvent cause de ténèbres et non de lumière. La réponse est une seule: croire malgré tout et jusqu'au bout.

Jésus ne manquera pas de mettre à l'épreuve la foi de sa mère. L'évangile ne dit jamais rien que son fils lui a expliqué quelque chose, ou l'a mise au courant de ses projets. Plus que ça, sa réponse quand elle l'a retrouvé au temple semble scandaleuse. Comme aussi aux noces de Cana: "Que me veux tu femme? Mon heure n'est pas encore arrivée".

Aux pieds de la Croix , Dieu demande à Marie de porter jusqu'au bout l'holocauste de la foi.

C'est grâce à cette foi profonde que Marie a pu accomplir la mission que Dieu lui a confiée. Et quelle mission difficile! Porter le fils de Dieu dans son sein, lui donner naissance dans une étable pauvre, veiller à son éducation malgré toutes des difficultés, l'aider à remplir sa mission qui devait comporter sa mort sur la croix. Tout cela exigeait d'elle une transparence totale: Ouverture au plan du Seigneur et disponibilité à collaborer à sa réalisation dans son fils, pour son fils et avec son fils.

Marie a pu réaliser que cet enfant, et tout enfant, est un don de Dieu qu'il faut bien         valoriser. Elle a tout fait pour le sauvegarder, elle a supporté la pauvreté et même l'exil pour lui   sauver la vie. Elle a été toujours la maman tendre et affectueuse mais sans l'étouffer, sans en faire un éternel dépendant.

Quand elle l'a retrouvé au temple parmi les Docteurs de la loi, elle ne l'a pas grondé, mais elle lui a adressé un reproche tendre et transparent visant à souligner sa sollicitude et celle de son époux et non sa faute à lui.

En réaction à tous les évènements qui ont accompagné la vie de Jésus, l'évangile nous dit que: " Marie conservait avec soin tous ces choses les méditant en son coeur". C'est le Silence de la foi, ce n'est pas un silence silencieux, taciturne, boudeur mais bruyant . C'est dans le silence et la méditation que Marie pratiquait le discernement: comment réussir sa mission de mère du Fils de Dieu. En un mot se résume la mission de Marie: elle était toujours présente dans la vie de Jésus de prés ou de loin; et du haut de la croix, le dernier regard de Jésus a été pour elle et pour son disciple bien aimé Jean.

Pour Vous parents, pour Vous Enseignants, Marie est le grand modèle à imiter, Vos enfants sont des dons de Dieu, confiés à Vous pour les aider à grandir et a se fortifier dans la sagesse et dans la grâce. Ces dons de Dieu ne sont pas des choses à manipuler n'importe comment, ni des vases à remplir d'un savoir abstrait et d'une manière détachée, Ce sont des jeunes à former avec la vitamine psychologique-la tendresse- et la vitamine spirituelle - la foi -. Satisfaire leurs besoins matériels n'épuise pas toute votre mission, chers parents et enseignants; il faut de votre part une présence continue dans tous les sens. Il faut le respect qui garantit un meilleur épanouissement pour l'avenir de vos enfants et élèves. Loin de vous l'impatience, l'indifférence et l'insouciance . Ce n'est pas un métier que vous exercez uniquement pour vivre. C'est essentiellement une mission humaine et chrétienne à laquelle vous n'avez pas le droit de vous soustraire. Marie a respecté l'autonomie de son fils, mais sans se dérober à sa maternité.

Vos enfants et élèves, faites-en des amis. Une telle mission exige la collaboration de tous, pour un meilleur avenir de vos enfants, pour un meilleur avenir du Liban et de l'Eglise.

Dans l'annonciation, la foi de la Vierge est tellement parfaite qu'elle lui permet de rester dans la tranquillité et dans la paix. Devant nous tel évènement bouleversant, Marie, abandonnée au mystère de Dieu, certaine de la parole divine, reste sereine et ouverte aux réalités quotidiennes de la vie. L'évangile nous la montre non ravie dans l'extase ou étourdie par le désarroi, mais empressée à aller au devant d'une nécessité de l'existence humaine, empressée à venir en aide à une parente nécessiteuse, à rendre service, poussée par sa foi et sa charité. Sa foi n'a pas besoin d'extase pour se nourrir et rayonner dans la vie, mais solide et parfaite, elle l'introduit immédiatement dans les oeuvres de Dieu, elle l'y intègre avec une telle rapidité qu'elle ne laisse aucune possibilité de contemplation savoureuse; ainsi elle va chez Elizabeth. Sa foi a besoin de débouché, a besoin de s'incarner dans la vie, dans des services à rendre.

Un jour Jésus va personnellement trouver Jean-Baptiste sur la rive du Jourdain et lui, Fils de Dieu, demandera d'être baptisé par le précurseur, sa créature. Marie anticipe cette humilité du Fils de Dieu et elle, Mère de Dieu, va trouver la mère de Jean - Baptiste, grand homme mais simplement homme; et elle va la visiter non pour être servie, mais plutôt pour la servir assumant devant elle, comme devant Dieu , l'attitude d'humble "servante". Jésus, vivant en Marie et porté par elle, la conduit dans ce chemin d'humilité, de service qui sera son chemin à lui et l'indique aussi à nous. "Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir". C'est notre mission de chrétiens, C'est le témoignage que nous avons à rendre. A M E N.



Collège Notre-Dame de Jamhour, LIBAN
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