Le jubilé d’or de notre Collège, que nous célébrerons durant cette année scolaire 2002-2003, est un temps solennel, à caractère public, comme toute célébration. Nous n’allons pas nous replier sur nous-mêmes pour chanter nos propres louanges. Nous voulons vivre cet anniversaire pour rendre grâces et exprimer notre reconnaissance à l’Auteur de tout bienfait et à ceux qui ont contribué à la fondation et au développement de Jamhour, dans la patience et l’abnégation.
Ce jubilé sera aussi l’occasion de faire le point :
Bref, nous vivrons cette année jubilaire par des activités spirituelles, intellectuelles, artistiques, sociales, culturelles et sportives, portées et assumées par toute la communauté éducative. Nous intégrerons ces activités au cursus académique et scolaire pour que tous, éducateurs, élèves, parents d’élèves et pourquoi pas anciens élèves, puissent y participer dans le quotidien. C’est ainsi que célébrer cet événement jubilaire sera un événement éducatif pour les partenaires de la communauté éducative.
En faisant mémoire du passé, nous tirerons des leçons pour continuer notre mission éducative. Nous marquerons notre volonté de faire de ce jubilé un temps d’approfondissement de notre mission éducative pour le bien de tous. Cette volonté d’approfondir notre mission se fera à travers les trois maîtres mots inscrits sur le logo de notre jubilé : “croire, savoir, servir : une éducation pour l’avenir”.
Croire.
Croire, acte humain fondamental. Pour nous, c’est d’abord
croire en Dieu. Croire est un mot qui a un rapport essentiel
avec la foi religieuse ; il exprime une double certitude en
indiquant la confiance accordée à quelqu’un
et en tenant pour vrai sa parole. Peut-on vivre et construire
sa vie sans se fier à un certain nombre de personnes
? Peut-on réellement vivre et réaliser sa vie
sans “donner sa foi” comme deux époux qui
se font confiance ou comme un enfant qui fait confiance à
son maître.
Parce que l’acte de croire fait l’objet d’une éducation et d’un apprentissage, il est une réalité.
Pour illustrer cet acte de foi, inscrit dans les fondations-mêmes de Jamhour, écoutons cet extrait du discours du P. Pruvot, s.j., recteur de l’USJ, université et collège, lors de la cérémonie de la pose de la première pierre à Jamhour, le 30 avril 1950 :
"Aujourd’hui, en effet, peut-être
plus qu’alors, les sujets d’inquiétude, autre
que la distance, ne manquent pas, si l’on considère
l’instabilité des structures politiques, économiques
ou sociales. Mais aujourd’hui comme alors, la Compagnie
de Jésus garde la foi dans sa mission d’éducatrice.
Aujourd’hui comme alors, sans se faire d’illusions
sur la gravité des problèmes que réserve
l’avenir de cet œuvre parce qu’elle garde la
foi dans l’avenir du Liban. Car vraiment cette fondation
est un signe de cette foi, cette fondation est un acte de foi…"
Savoir.
Voici un verbe qui a sa place dans la vie des institutions éducatives
dont la mission est de faire fructifier tous les talents que
Dieu a déposés dans l’intelligence et le
cœur de chaque élève. L’épanouissement
de ces talents n’est pas le seul but de cette mission
; il faut aussi chercher et trouver la Vérité,
le Dieu vivant. Les faire fructifier nécessite une solide
formation humaniste qui réponde aux besoins de l’Homme,
tout l’Homme : cœur, corps et intelligence. La formation
intellectuelle sera solide. Elle mettra en place des structures
d’analyse et de discernement pour répondre à
la complexité des situations qui mettent en jeu la dignité
de l’homme.
Savoir aujourd’hui place l’Homme devant deux défis :
Servir.
Est-ce un verbe qui désigne le geste d’une main généreuse
? Le sentiment d’un cœur qui s’émeut
devant la détresse ? L’attitude de l’intelligence
en faveur de la justice ?
C’est dans l’esprit, sinon la lettre de ces maîtres mots, que notre jubilé prendra son sens pour toute la Communauté éducative de notre Collège et du Collège Saint-Grégoire. Comme depuis la fondation de Jamhour, continuons à accomplir la volonté de Dieu dans une entreprise éducative au service d’une Église, peuple de Dieu enraciné dans le quotidien des soucis humains, et d’une jeunesse, richesse et avenir du monde.
Saint Ignace de Loyola, percevant cet enjeu et allant à l’encontre du principe que tout jésuite doit être “mobile pour la mission”, avait accepté que des collèges soient érigés pour l’éducation des jeunes, avenir des nations, à condition que cette éducation soit réalisée pour plus de confiance, plus de paix, plus de liberté et plus de justice ; pour une plus grande gloire de Dieu ! Ad majorem Dei gloriam !
Salim Daccache, s.j.
Recteur