Dossier du Nous du Collège - N° 264 - février 2006

Dans quelle mesure pouvons-nous édifier au quotidien un monde plus juste ?

 

  1. Introduction
  2. Engagez-vous contre l'injustice, vous n'êtes pas seuls, Hana Dib, SG1
  3. Quand la justice devient une affaire de famille, Tatiane Zoghaib, 2de 6
  4. La justice traduite en milieu scolaire, Marie Louise Sakr, 1re 2
  5. L'acteur social que je suis. , Mira Nassif, 1re H
  6. Conclusion, Alexandre Haddad, SG.1

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Introduction

Ordinairement, les pages du dossier du Nous du Collège abordent un sujet fort, un sujet qui mobilise les élèves et les concerne directement. Cette fois, le sujet s'est imposé de lui même. Le thème de cette année scolaire pour le Collège et pour l'ensemble des écoles catholiques « Une personne nouvelle au service de la justice et de la paix » nous interpelle tous, grands et petits, éducateurs ou parents, acteurs sociaux. C'est dans la perspective d'une mobilisation au service de la justice et de la paix que l'équipe des rédacteurs du Nous du Collège a voulu se pencher sur la problématique suivante :

Dans quelle mesure pouvons-nous édifier au quotidien un monde plus juste ?

Le but n'est pas de faire du remplissage, sur les sites Internet, les longs et beaux discours sont nombreux et rivalisent d'éloquence. Pour les élèves du Collège, il s'agit de traduire cela en actes et en profondes convictions.

Engagez-vous contre l'injustice, vous n'êtes pas seuls

Il est vrai que depuis toujours l'injustice est omniprésente dans le monde. Crime, escroquerie, vandalisme, terrorisme,  blanchiment d'argent etc.

Pouvons-nous dire que le monde va mal ? Pouvons-nous affirmer qu'un sort a été jeté sur ce XXIe siècle ? Une question se pose : Pourquoi sombre-t-il dans l'injustice et pourquoi tant d'injustice ?

Il est facile de dire que nous vivions dans un monde sur lequel souffle un vent de folie ! Cependant, nous aimerions pouvoir agir en tant que jeunes. Mais comment agir face à ces inégalités ?

Des enfants naissent handicapés, des adolescents se tuent en voiture, alors qu'ils ont la vie devant eux. Tous les hommes ne sont pas égaux devant la loi. Dans de nombreux pays les gens sont méprisés à cause de leur couleur ou de leur origine. Certains vivent dans le confort et d'autres dans la misère. Des innocents sont incarcérés ou tués .

L'essentiel pour contrer l'injustice, ou du moins rêver un peu d'un monde meilleur, est de prendre conscience de cette injustice et d'entamer une réflexion en vue d'un meilleur lendemain.

Il est vrai qu'une sorte de fatalité est marquée à la naissance. Il y a le nouveau-né bien accueilli et l'autre maltraité ou malade ou même né dans une communauté marginalisé.

Il faut s'engager pour des principes et avoir un esprit éveillé. Un engagement social, culturel ou politique à notre échelle peut changer les choses à notre niveau. Chacun de nous doit avoir une sorte d'autocorrection permettant à l'humanité d'avancer. Si chacun prend conscience de ses droits et de ses devoirs face à lui-même et face aux autres, je crois que nous vivrons dans un monde moins injuste.

Dans de nombreuses circonstances, il faut savoir se défendre et défendre les autres. Certains ont  brandi les armes et se sont battus ; d'autres ont choisi le dialogue comme moyen de se battre pour la vérité, la liberté et la justice.

Il faut certes du courage pour s'opposer à l'injustice. Celui qui dénonce pourrait en devenir lui-même victime, le plus important demeure honnêteté envers soi-même, quoi qu'il arrive.

Si nous regardons autour de nous, nous remarquons que la société de consommation provoque de plus en plus d'injustices. La télévision nous livre chaque soir les drames dans le monde, et cela a du succès auprès d'un certain public. La guerre, la misère, la famine, la pollution, la drogue, l'alcoolisme. Pour faire face à ces fléaux, il faudrait responsable.

Tous les moyens sont bons. Il est relativement aisé de lutter pour sauvegarder l'environnement mais il est beaucoup plus difficile d'agir pour les hommes dans la précarité. Il ne faut pas se lasser, ne jamais dire : «que veux-tu ? on n'y peut rien».  Nous pouvons peut toujours agir par des paroles, une attitude ou une action concrète !

Finalement, tout cela vaut-il vraiment la peine ? nous n'avons pas le droit d'en douter.

Engagez-vous contre l'injustice, vous n'êtes pas seuls.

Hana Dib, SG1

Quand la justice devient une affaire de famille

Comment je peux jouer un rôle de catalyseur de justice entre les différents membres de ma famille ?

Au sein de ma famille, j'essaye toujours d'observer, en toute conscience, les problèmes qui se posent et d'analyser objectivement pour aboutir à des conclusions exactes. Je peux ainsi donner un avis et conseiller celui qui semble fautif, avec beaucoup d'amour, de changer sa façon de parler ou d'agir, en lui montrant comment son comportement est en train de nuire, non seulement à une personne qu'il aime, mais aussi à toute sa famille. Quand je sens l'un des miens face à un conflit, je l'encourage à s'expliquer avec l'autre, pour continuer à vivre dans une ambiance harmonieuse et chaleureuse. Il est important de bannir tout abus d'autorité et tendre en toute circonstance à ce que justice soit faite.

Les écueils peuvent se présenter sous forme d'égoïsme, de parti pris ou de favoritisme.

Cela se manifeste lorsqu'on veut à tout prix protéger nos propres intérêts (dans le cas de l'égoïsme), ou quand on préfère un membres de la famille aux autres, alors on prend toujours son parti, même s'il a tort. L'écueil peut aussi résider dans l'oubli du bien de la famille ou tout simplement, la lâcheté, qui nous pousse à fuir les problèmes, de peur de nous attirer des ennuis ou la colère des autres.

Il faut essayer de dépasser ces faiblesses et laisser notre cour nous guider sur le chemin de la justice, seul garant du bonheur familial.

La justice ne peut qu'amener la paix, l'harmonie et un climat d'entente et d'amour au sein d'une famille.

Tatiane Zoghaib, 2de 6

La justice traduite en milieu scolaire

Être juste, c'est respecter le droit d'autrui et ouvrer pour l'équité entre les hommes. Être juste - ou du moins tendre à le devenir - c'est se confronter tous les jours à des problèmes de relations humaines. Cela dit, faire régner la justice n'est pas une mince affaire ; c'est un exercice perpétuel qui exige de la bonne volonté et une réelle implication de la part de ceux qui la réclament. Voici des exemples où la justice devrait être mieux respectée.

La justice entre camarades à l'école 

Au sein de leur bouttha sacrée, les élèves ne mâchent pas leurs mots quand il s'agit de critiquer leurs camarades. Que ceux-ci soient différents ou encore s'affichent politiquement en désaccord avec eux, il suffit de peu pour que la pierre leur soit jetée. C'est alors que les mauvaises langues se déchaînent jusqu'à ce que rien ne parvienne plus à arrêter les « yay ! chou fechil » « mich ma32oul comment elle était habillée hier ! » . N'est-ce pas une forme d'injustice que d'occulter de la sorte une personne et de la priver du droit qu'elle a de se défendre ? C'est d'ailleurs dans ce même ordre d'idées que l'on retrouve également les préjugés que l'on porte sur ceux que l'on ne connaît pas assez et les jugements sur ce que l'on perçoit de plus superficiel chez l'autre à savoir son apparence.

Les élèves au Collège 

Si l'on part du principe qu'on apprend la vertu en la voyant exercer, il serait indispensable que les professeurs se montrent justes envers leurs élèves afin que ces derniers apprennent par l'exemple à le devenir. Il ne suffit pas d'évoquer la justice en théorie mais de la manifester à travers des actes concrets. À partir de là, nous devrions avoir confiance en nos éducateurs avec la ferme conviction qu'ils n'ont, a priori, que de bonnes intensions à notre égard. Aussi, en tant qu'élèves, devons-nous aider nos professeurs à faire régner la justice en nous montrant respectueux envers eux.

Il est également indispensable de respecter toute personne qui travaille au Collège, même si nous n'avons pas de rapports directs avec elle.

« Celui qui sait ce qui est bien fera aussi ce qui est bien. » Socrate

D'une manière analogue, celui qui sait ce qui est juste fera aussi ce qui est juste. C'est dans cette perspective que le Collège nous invite à porter sur le monde une vision juste pour faire en sorte que nos actions le soient aussi.

Marie Louise Sakr, 1re 2

L'acteur social que je suis.

Bâtir  un monde plus juste est une utopie réalisable, puisque la véritable illusion est de continuer à croire que l'humanité va, longtemps et sans catastrophe, survivre à ce chaos engendré par les outrances économiques actuelles, véhiculant un système de fausses valeurs et honorant des libertés aliénantes pour l'individu et pour le macro système sociétal. La justice, certes, valeur modèle, couronne glorifiante et gratifiante pour son détenteur aussi bien que pour son pourvoyeur ; la justice, surtout, la pierre angulaire de chaque citoyen avisé, le fondement de sa conscience en tant qu'individu actif, jouissant d'une ossature et d'une voix pour lancer ses armes et s'élancer sur l'asphalte du vingt-et-unième siècle et des générations veillant à son aube.

Ouvrer par l'engagement

Notre justice justicière lutte avec acharnement. Elle se fraye des sentiers infimes et prudents, mais des sentiers désireux de soulever sens dessus dessous les chantiers battus. Si aujourd'hui, aux chantiers battus, ne pousse plus la bonne semence, alors à nous de retravailler son sol. À nous de retourner la terre, le nombre de fois qu'il faut pour mêler la croûte terrestre de jadis aux graines saisonnières d'hier, de l'instant même et de demain.

Je suis cette graine animée de ferveur et de détermination. Je suis cette citoyenne qui veut incruster notre Terre des cristaux de valeurs. Pour ma génération et pour mes successeurs, je le désire. Voilà la flamme de mon engagement. Je me prononce à présent quant aux formes pratiques diverses de ma visée justicière.

Tout est question d'Espaces superposés au Temps. Deux facteurs cycliques par leur présence imminente et intrinsèque au vécu quotidien. Notre société est organisée en microsystèmes fonctionnels, régis par des individus dotés de compétences spécifiques et d'une certaine autonomie. Le coin de rue, la rue, les hangars désertés, les orphelinats, les pensionnats, les foyers, les associations caritatives et d'aide spécialisée ; la maternelle, l'école, le collège, l'université ; les édifices à bureau, les usines industrielles, les aires de consommation, les compagnies privées, les blocs gouvernementaux ; les autoroutes, les ruelles, les habitations, les clubs récréatifs, les terres labourées, les cultures agricoles, le bétail, les carrières et professions, les occupations et techniques diverses ; l'adulte, l'adolescent, l'enfant, l' « enfant-adulte » ou personne âgée, le nouveau-né ; l'individu ; l'individualité singulière. Nous sommes des espaces de fonctionnement. Nous sommes tous ces espaces respirant de labeur et de justice mal affirmée, brimée, habitant comme un vide amorphe les murs, les parois invisibles, les peaux obstruées polluées, les yeux assoiffés d'un je-ne-sais-quoi d'inaccessible.et pourtant juste à portée de main.

Cette fois je me déclare. Je m'engage lorsque je suis prête à sacrifier mon espace, mon temps, mon Bien, pour le service du plus faible, de l'autre qui m'aperçoit et que sensiblement j'ignore. Je m'engage sur le terrain, lorsque animée par mon rêve effervescent d'édifier un monde plus juste, je conçois, je projette et j'agis. J'agis, avec la douleur et la dureté que cela exige. Mais l'essentiel est que j'agisse.

Travailler avec le souci de la justice

En tant qu'adolescente appartenant aux Caravelles, je peux m'unir aux autres mouvements de jeunesse pour prôner, parmi nous et autour de nous, une éducation aux valeurs universelles. Je peux ainsi au quotidien partager volontiers mon repas avec un camarade qui n'en a pas, servir un vieillard qui semble incapable d'achever une petite besogne ou de traverser la rue, expliquer un exercice difficile à une camarade en état de panique. Je peux m'éduquer à l'ouverture à l'autre le plus naturellement possible ; il en va de même pour la part de mes pairs et de tous ceux qui, bien-portants, affichent le désir d'éduquer leur instinct à la bienfaisance, au service, au don de soi. De telles petites et précieuses actions nous donneraient la chance et l'honneur de promouvoir l'équité et l'amour pour une meilleure justice.

Ces actions identifiables sur une gamme de la solidarité devraient donc imprégner le cour des Scouts, des Guides, des Caravelles, comme elles devraient émerger de leur foyer, tel un trésor de savoir-faire, de savoir-vivre, de savoir être.

Par ailleurs, une action de plus large envergure peut être entreprise au C.A.S., afin d'assurer un support continu aux bénéficiaires en attente de secours perpétuel. Le C.A.S. pourrait mettre en place des sous-comités actifs, classés selon diverses catégories d'âges, qui, dans un esprit commun de solidarité et une ferveur absolue en chaque contribution offerte aux plus défavorisés, organisent auprès de ces personnes une animation régulière, répartie sur l'année, se traduisant par une présence active et actionnelle de différentes natures. Un double support, matériel et affectif, comblerait certains manques ou troubles générés par l'insuffisance ou l'indigence forcée des familles concernées.

Si l'on s'ouvre davantage à la plaque tournante de la Consommation, l'impact à exercer double d'enjeu. Les marchés étant régis par les géants entrepreneurs, une intrusion puissante et effective déviant les voies de consommation vers des citoyens nécessiteux exige une « particip-action » de la part des citoyens plus aisés. À titre individuel, le citoyen engagé peut canaliser une partie de son argent volubile vers une consommation reconnue comme indispensable à la vie. qui devient aujourd'hui survivance des citoyens plus défavorisés. Cette action peut être effectuée à titre collectif bénévole pour, quelque temps plus tard, prendre officiellement corps et être sponsorisée par des institutions de renommée influente.

Les maillons manquants

Récolter des biens aux nécessiteux ne serait sans doute pas la meilleure des issues dans un monde intolérant et inéquitable. S'il faut agir pour des continents plus autonomes, il faut fournir des armes pacifistes et recréatrices aux plus faibles : éduquer au savoir et vivre le partage des valeurs universelles. Certes, transmettre les outils du savoir, initier à des apprentissages techniques, fournir un langage, un code de communication, mener par la main un citoyen sur les champs de l'action, de la réussite et de la discipline sociales signifie immanquablement s'engager à ériger des fondements sociaux plus justes. A nous de percer ces murs qui isolent le citoyen du citoyen. À nous d'enrayer les regards qui condamnent un « vieillard trop coûteux », un enfant analphabète ou un adulte trop pauvre pour devenir actif.  À chacun de nous d'avancer une suggestion d'action, et les instants concentrés d'une réunion de rigoureuse détermination, la synchronisation est établie et la petite action peut mener bien loin, bien haut.

Mira Nassif, 1re H

Conclusion

Justice. hum. Combien en a-t-on déjà parlé ? Que de beaux discours et d'éternelles promesses ?... en particulier d'ailleurs cette dernière année. promesses suivies de déceptions aux yeux de certains ?

Les déceptions suivent toujours de près les espérances trop passionnées, dit-on.

Mais à quoi bon rester sur ses déceptions ? Le ton a été bien donné dans ce dossier : il revient à chacun, au quotidien, d'ouvrer pour un monde plus juste. Chacun ? Oui, bien chacun, et ce d'autant plus dans le monde actuel qui tend, malheureusement diront certains (dont ceux qui étaient jusque-là nos références morales), vers un individualisme renforcé. La plainte se multiplie avec le nombre d'individus ressentant l'injustice. mais se réduit lorsqu'il y a communion des esprits. Ne dit-on pas, « une peine partagée est une peine partagée en deux, et un bonheur partagé est un bonheur multiplié par deux » ? Mais ne restons pas, une fois de plus, sur nos plaintes, puisqu'il s'agit de s'engager.

            Cet engagement dans la voie de l'édification de la justice avec l'autre est un long processus, certes. Remarquez que j'ai bien dit avec l'autre et non pas le classique « pour, par et avec », bien pour rassurer les esprits les moins altruistes : il n'est pas demandé un effort uniquement pour les autres, mais bien d'améliorer sa condition propre. Peut-on être fier de son peuple quand les plus démunis en sont laissés à l'oubli ? Peut-on se rappeler avec nostalgie les douces années de l'enfance ou de la fougueuse adolescence passées à l'école si nos relations avec les protagonistes de la scène scolaire étaient bourrées d'épines ? Peut-on toujours se présenter sans ambages par son nom de famille si le tissu familial n'est pas filé d'une relation saine ? Peut-on enfin s'affirmer comme individu sans être juste envers soi-même, et envers. sa conscience ?

Ce sont nos actes qui créent le monde et l'environnement humain. Inutile de remonter jusqu'à l'âge de pierre pour justifier mes propos, il suffit d'ouvrir les yeux sur les petitesses du quotidien. Oui, ouvrons nos yeux sur nos modes de vie : nous estimons trop rarement la valeur des choses qui nous entourent et par là même péchons d'injustice et d'ingratitude envers les divers acteurs qui nous ont permis, tant bien que mal, d'en jouir. Un peu d'humilité et de reconnaissance ne seraient pas de trop.

Si l'État, corps de citoyens, souffre, la cause, mais aussi et surtout le remède, se trouvent parmi ces citoyens. Dans cette nouvelle phase de (re-)construction de l'identité libanaise, (à l'ère globale néanmoins de transferts de souveraineté à des niveaux supranationaux et d'une nouvelle définition des souverainetés nationales), un travail majeur et structurel de sensibilisation multilatérale et de remise en question en profondeur est nécessaire. Multilatérale car un dialogue est nécessaire, sinon vital, passant par un arrêt du renfermement sur la politique à court terme, du refus de toute coopération afin de préserver les intérêts immédiats. Non, il ne s'agit plus seulement au Liban et au-delà, dans le monde entier, de préparer les prochains mois, même pas les prochaines années, mais bien les prochaines décennies, voire plus, pour éviter tout désastre humain, notamment en ce qui concerne l'environnement.

Il est vrai que toutes les civilisations humaines ont toujours colporté maints récits apocalyptiques, annonçant pour bientôt catastrophes naturelles, désastres divers, et fins du monde. À une différence près avec notre débat actuel : l'apocalypse ultime était jusqu'alors considérée comme provenant de forces divines supra humaines, alors qu'aujourd'hui, c'est bien l'Homme lui-même qui commence, lentement, à se reconnaître responsable.

N'hésitons pas à reconnaître les faits accomplis et voyons les choses en face. Un nouveau slogan trône d'ailleurs sur la Place des Martyrs, Liberté 06. Si elle est jouissance de droits, la Liberté implique aussi une justice pour tous, au risque sinon que les laissés pour compte menacent cette Liberté dans leur révolte. La justice pour tous doit bien être matérielle aussi, et non seulement de principe ; il s'agit surtout de savoir faire ressentir la valeur de la Liberté, de lui donner un sens, ce qui n'est a priori pas évident dans toutes les cultures.

Une fois cette liberté acquise, qu'en ferons-nous ? Pourrons-nous oublier qu'être libre de ses choix implique d'en être responsable ? J'avais souligné un peu plus haut que les acteurs décisionnels tendaient à devenir toujours plus globaux et supranationaux, visant pour la plupart, du moins formellement, à créer plus de justice dans leurs domaines d'action respectifs. Mais que pourraient-ils faire, ces organismes internationaux et autres, sans nous, les Citoyens de la Terre, si leurs normes n'étaient pas suivies d'actes ? Sans la participation des Citoyens, rien de durable ne pourrait être construit.

Sur une Terre de six milliards d'être humains, bientôt sept, bientôt huit à neuf à l'horizon 2050, un système global d'injustice -ou du moins l'absence d'un système global de justice (à vous de voir), s'il semblait viable à petites dimensions, ne peut plus persévérer, et l'indifférence et le relativisme individualistes ne peuvent y trouver une place durable. Si ces facteurs d'injustice, à la croissance exponentielle, n'étaient pas éliminés, accepterions-nous, fictivement, de renaître en 2050 ?

« Éveille-toi, Homme du troisième millénaire ! »

Message de Noël 2005 de Benoît XVI

Alexandre Haddad, SG.1



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