C’est avec une joie profonde, mais discrète, que nous accueillons ce document dit « PROJET D’ETABLISSEMENT » du fait que son élaboration ne s’est pas faite sans peines et sans douleurs. L’on mesure sa joie en fonction des sacrifices consentis, du temps investi et des difficultés surmontées pour que ce document puisse voir le jour.
Lancé en février 2000, annoncé pour le mois de mai de la même année, ce travail a pris, pour sa réalisation, un temps plus important, temps qu’il fallait pour poser les critères, constater, réfléchir, rédiger, approfondir et élaborer. Un projet qui doit prendre en compte les composantes essentielles de la mission d’une institution éducative comme la nôtre, et oriente vers l’avenir, ne peut être le fruit d’une improvisation. On ne peut considérer la rédaction d’un tel document comme un devoir à achever.
Il n’est plus nécessaire de revenir sur le bien-fondé du projet d’établissement ; certains pourraient dire que notre Collège a sa politique éducative qui se révèle avec des actions et innovations multiples. C’est justement pour donner une cohérence et une visée à ces actions, pour les ordonner à la mission du Collège qui cherche la formation intégrale, intellectuelle et humaine de l’élève, pour sortir de l’immédiat et du court terme et des décisions prises sous le poids des événements, pour faire participer le plus grand nombre à ces décisions que le projet d’établissement est devenu une nécessité. Dans ce document, vous retrouverez les résultats des réflexions des différents partenaires de la communauté éducative.
Dans ce texte, vous retrouvez les valeurs, ces mots simples et importants à la fois, qui disent ce que nous voulons atteindre par notre engagement quotidien, ce que chaque élève est censé acquérir ; nous n’avons pas retenu toutes les valeurs (inscrites dans notre Projet Éducatif), mais certaines qui nous ont semblé les plus significatives pour l’homme de demain :
- l’excellence (qui rappelle le magis ou « le plus » de saint Ignace) en toutes choses : être excellent non seulement dans les études mais dans le spirituel, l’humain et le social.
- l’autonomie qui signifie formation à la liberté et à l’indépendance d’esprit, mais aussi à la responsabilité. L’on ne peut imaginer un monde sans règles et sans discipline, un monde de liberté sans la foi en l’autre et en la justice.
- l’ouverture culturelle qui ne peut aller seulement dans le sens du monde occidental mais, suivant les instructions de l’Exhortation Apostolique du Pape Jean-Paul II aux Libanais, qui doit englober le monde arabe dont nous faisons partie. L’ouverture culturelle et linguistique a toujours été notre souci et le sera toujours. Ces valeurs nous sont communes et, de ce fait, nous devons les mettre en évidence.
Ce texte inclut aussi une lecture dynamique de notre réalité. De quoi s’agit-il ? L’une des contributions spirituelles et intellectuelles de la tradition spirituelle jésuite est celle qui consiste à pratiquer, comme nous le demande le Projet Pédagogique Ignatien, un discernement suivant le modèle suivant : saisir le contexte dans lequel nous vivons, nos dispositions intérieures et notre environnement, passer de là à une analyse de notre expérience pédagogique qui engage l’élève, à la fois dans les dimensions intellectuelle, cognitive et affective. Ensuite, entamer la réflexion qui exprime l’examen attentif de l’expérience afin d’en saisir la signification et me faire prendre conscience de l’écart qui pourrait exister entre mes convictions et mes actes. Dans notre tradition pédagogique, les termes d’expérience et de réflexion désignent la manière de procéder qui vise à réaliser la formation intégrale de l’élève, en l’amenant, non seulement à acquérir des connaissances, mais aussi à rechercher le sens de la vie et à faire des choix personnels cohérents dans le cadre de sa communauté. De plus, la réflexion ne peut rester lettre morte mais devrait aboutir à des actions et trouver son accomplissement dans la décision et l’engagement. En cela, les valeurs devraient être intériorisées par des actions adéquates qui favorisent la cohérence intérieure de chacun. Nous savons, par ailleurs, que l’action devrait être objet d’examen dans le cadre de l’évaluation pour mesurer le degré d’adéquation entre la finalité et l’acte.
Partant du contexte, nous avons voulu porter la réflexion sur notre expérience des différents lieux où se fait la formation de l’élève par des actions déterminées en fonction des valeurs déclarées. C’est pourquoi nous avons choisi sept axes ou domaines de réflexion qui couvrent l’ensemble des chapitres du Projet Éducatif:
En règle générale, le travail des différentes commissions qui ont réfléchi sur ces axes, y compris le travail réalisé par l’ensemble des enseignants et éducateurs lors de la matinée pédagogique du 2 mai 2000 (auxquels se sont joints des parents d’élèves et des élèves), a suivi la démarche suivante : établir des objectifs généraux mais surtout des objectifs spécifiques à l’axe étudié, des objectifs parfois ambitieux mais réalisables, qui supposent un changement d’habitudes et de mentalités, dégager les constats positifs et négatifs, définir et analyser les besoins réels, proposer des actions et des moyens de réalisation et enfin étudier la mise en place de critères d’évaluation. Chaque fois, les actions étaient étudiées, dans le cadre d’une planification, en fonction d’une durée déterminée et en fonction des acteurs que ce soit l’établissement, les professeurs, les élèves ou leurs parents. Au moins cinq étapes de réflexion et de travail intensif dans le temps ont été nécessaires pour élaborer ce projet : le lancement du chantier et la détermination des axes de travail, la première rédaction de la réflexion sur les axes, la matinée pédagogique, le dépouillement des travaux de la matinée et une première synthèse de ses travaux, la reprise des synthèses et la formulation des objectifs propres aux axes ainsi que les actions à mener durant les années à venir. et enfin la rédaction des introductions générales.
Le résultat est là, dans les pages qui suivent. C’est une prise de conscience de ce que nous sommes, de ce qui se produit dans notre expérience d’éducateurs et de ce que nous voulons faire pour être fidèles à notre mission éducative. Elle est pour nous, et le sera durant les jours et les mois qui viennent, un lieu de communication et d’échange pour mettre en œuvre ce qui a été consigné dans ce document.
Je suis sûr que l’Esprit du Seigneur nous a accompagnés dans cette entreprise où nous avons travaillé en équipe et en communion. C’est lui qui a libéré les énergies vitales, la volonté d’examiner et de discerner, et ce sera lui qui nous aidera à recevoir ce document afin qu’il devienne un instrument de réforme et de changement, un appel à la fidélité à notre tradition et à notre mission éducative, un pas en avant pour être au service de tous nos élèves.
En marquant la reconnaissance envers l’origine de ce Projet, comment ne pas exprimer les remerciements du Collège à tous ceux qui ont travaillé à son élaboration, c’est-à-dire à vous tous, surtout à ceux qui ont constitué l’équipe de pilotage dès le début, les membres du Conseil de Collège et les coordinateurs de matières qui, sans leur volonté de relever le défi, ce travail n’aurait pu trouver son aboutissement.