Tisser des liens entre les institutions libanaises et le Canada, découvrir le Collège et rencontrer ses responsables, tel était l'objectif de la visite de la délégation canadienne à Jamhour, le samedi 29 novembre 2003.

Dès 11h30, ils sont arrivés. Ils sont venus, avec leur accent particulier et leurs chaleureux sourires témoignant de l'intérêt qu'ils portent au Collège.
La délégation est formée du sénateur d'origine libanaise, plusieurs fois ministre, Pierre DeBané et de son épouse, accompagnés de M. Clément Richard, ancien président de l'Assemblée Nationale du Québec et ancien ministre de la culture, et de son épouse, de MM. Joseph Husny, membre du Conseil d'administration de l'Université de Montréal, et Gérald Dufour, chirurgien, avec leurs épouses respectives. La délégation est menée par Mme Salwa el Khalil el Amine, présidente du Diwan Ahl el Kalam, une institution qui promeut la culture et honore les Libanais qui ont brillé dans la diaspora. Mme Salwa el Khalil el Amine était, elle aussi, accompagnée de son époux, Dr Imad el-Amine. C'est d'ailleurs à l'invitation de cette association que la délégation canadienne a visité le liban.

Le comité d'accueil était formé par le père Salim Daccache, recteur, SEM. Michel Eddé et M. Nagy Khoury, respectivement président et secrétaire général de l'Amicale des Anciens, le frère Roch Lapalme, jésuite canadien et animateur spirituel en Terminale, M. Joseph Salamé, M. Fady Hatem, Sour Hyam Abboud, Mlle Nada Hédari et M. Maroun Checrallah, membres du Conseil de Collège, Mme Christiane Tuéni, directrice du CIO, M. Edmond Chidiac, secrétaire général du Comité des professeurs, Mlle Hoda Mourad et Mme Marina Slim, responsables des CDIs complémentaire et secondaire, M. Fabrice Szabo, coordinateur d'EPS, Mme Marie Lys Abi Hachem, chargée des clubs culturels et artistiques, Mmes Neyla Chidiac et Néda Jamhouri, du BCP, et une douzaine d'élèves de Terminale.
"Promesse tenue" s'exclama tout haut le Président Clément Richard en descendant de voiture, s'adressant à M. Nagy Khoury qu'il avait rencontré à Montréal il y a quelques semaines et à qui il avait promis de "consacrer une journée pour Jamhour".
Au Canada, les salutations revêtent une importance capitale, et la délégation n'a pas dérogé à la tradition. Ses membres se sont attardés à discuter avec les personnes composant le comité d'accueil, posant des questions et faisant preuve d'un réel intérêt pour le Collège.
Le recteur, exprimant la joie d'accueillir à Jamhour ses amis, leur a souhaité la bienvenue au nom de toute la communauté. Il a évoqué ensuite leur précédente rencontre au Canada, lors de sa tournée du mois d'octobre, en compagnie de Me Eddé et de M. Khoury. Une rencontre où le courant était passé, libérant de l'énergie. S'adressant à M. DeBané, homme politique québécois et canadien, mais aussi et surtout personne ayant vécu les premières années de sa vie au Liban, le recteur a insisté sur les liens d'amitié entre le Liban et le Canada. Il a ensuite évoqué la coexistence, les nobles et séculaires traditions de respect des autres, de tolérance, de profond désir de vivre ensemble, d'être enraciné et d'être conscient de ses racines, autant de valeurs que les Libanais et les Jamhouriens s'efforcent de vivre au quotidien, les Jamhouriens du Liban et leurs camarades Anciens dans la diaspora (près de 40% des effectifs actuels), tous constructeurs de l'espérance.
Le sénateur DeBané a exprimé l'émotion qu'il ressentait d'être accueilli, en compagnie de ses amis canadiens et québécois, à Jamhour, un collège qui fait la gloire du Liban qu'il qualifie d'une des deux capitales intellectuelles du monde arabe - la seconde étant le Caire -. Avec humour, il a raconté qu'au plus fort de la guerre au Liban, différents ministres arabes, alors en conférence, discutaient de l'éventualité de construire à Dubaï un nouveau bâtiment de l'ESCWA, suite à la proposition de l'un d'entre eux, qui vantait la qualité de l'infrastructure (électricité, fax, téléphones, ordinateurs, etc.) existant à Dubaï alors que plus rien ne fonctionnait au Liban. Et le ministre libanais de répondre : quand vous aurez construit ce bâtiment, avec tous ces fax, lignes téléphoniques, ordinateurs et autres, de quoi parlerez-vous ? qu'écrirez-vous ?
En effet, malgré la guerre et l'infrastructure défectueuse, Beyrouth demeure la capitale intellectuelle du monde arabe !
Le sénateur a ensuite évoqué ses premières années d'étude au Liban, des années fructueuses, puisqu'une fois au Canada, il avait 2 à 3 ans d'avance sur les écoliers de son âge. S'adressant alors aux élèves de Terminale présents, il leur a rappelé à quel point ils étaient chanceux de bénéficier d'une telle éducation, dans un cadre aussi féerique. Et d'enchaîner que le frère de l'un des membres de leur délégation, Mme Monique Parent, jésuite en Chine, est le paratonnerre de la famille ! Remerciant le recteur, Me Eddé et M. Khoury pour leur invitation, il a confirmé qu'effectivement le courant était passé.
À son tour, Me Michel Eddé a commencé par évoquer les nombreux liens existant entre le Liban et le Canada, deux pays qui se ressemblent, francophones et catholiques (et maronites aussi !). Le Liban, a-t-il expliqué, est, selon le Saint-Père, un message pour l'humanité, et nous, Libanais, vivons en convivialité avec les musulmans, l'Islam étant aujourd'hui une religion universelle. Insistant sur les ressemblances, Me Eddé a relevé que le Canada n'existerait pas sans le Québec, comme le Liban n'existerait pas sans les maronites ! Et de poursuivre que nous avons appris à aimer le Canada, pays d'accueil, aux frontières ouvertes, où, comme au Liban, les étrangers se sentent chez eux. Il a conclu en affirmant sa joie d'accueillir la délégation canadienne.
Les canadiens se sont ensuite intéressés au système d'éducation en vigueur au Liban et plus particulièrement au Collège, posant des questions relatives aux deux baccalauréats, voulant savoir dans quelle langue étaient dispensés les cours d'histoire-géographie, s'informant si le latin et le grec étaient toujours en vigueur. Ils ont manifesté de l'intérêt également pour l'aspect économique, s'interrogeant sur la participation financière du gouvernement (!) à l'éducation dispensée par le secteur privé, puisqu'au Canada, le secteur éducatif privé bénéficie d'un pourcentage d'aide légèrement plus faible que celui accordé par le gouvernement au secteur public. Le recteur leur a expliqué le système de solidarité en vigueur au Collège et dont bénéficient quelques 600 élèves.
Les membres de la délégation ont ensuite reçu chacun un lot de publications diverses du Collège avant de procéder à la visite des lieux. Une visite des plus détendues et placée sous le signe du rire et de la joie. Les membres de la délégation ont, le temps d'une photo, troqué leur statut de diplomates pour celui, tout aussi sérieux, d'élèves de Terminale ES, pendant que le sénateur DeBané rappelait à chacun qu'il avait reçu en 12e le "Prix de la bonne humeur", dont il s'enorgueillit, à juste titre, jusqu'à présent. Une visite signée puisque l'on en retrouve les traces sur les deux livres d'or du CDI complémentaire.
Me Eddé a ensuite convié les membres de la délégation, ainsi que le recteur et M. Nagy Khoury à de mémorables agapes comme lui seul sait en faire, occasion de poursuivre les échanges et le dialogue.
Vers 16h, retour de la délégation à Jamhour pour une réunion avec le Comité directeur de l'Amicale des Anciens dont le Secrétaire Général a expliqué le fonctionnement, mettant l'accent sur la nécessité de poursuivre le contact à travers cette association à Montréal, association qui rassemble plus de 200 Anciens vivant au Canada.
La journée libano-canadienne s'est achevée vers 17h30 avec des promesses de "revoyure" et de renforcement des liens d'amitié.
Néda Jamhouri