Conférence donnée par Madame Patricia Rached, préfet des Petits, donnée au Campus des Sciences Sociales de l'USJ le 29 avril 2006 lors d'un Colloque sur les problèmes des jeunes.
Par les temps qui courent, l’école arrive-t-elle à être toujours un véritable lieu de vie où règnent respect et tolérance, où la violence se laisse amadouée par la parole… ?! Et les différences de caractère ? Les élèves peuvent-ils se côtoyer au quotidien et grandir ensemble, sans se heurter et s’entrechoquer ? Partagent-ils le même profil, le même style de vie ? Ont-ils le même cadre familial ? Chaque élève, d’où qu’il vienne, apporte avec lui sa culture, son histoire ; il a sa personnalité, sa manière de faire… Tout l’art de l’enseignant – car c’est bien d’un art qu’il s’agit – réside dans cette capacité à communiquer à la fois avec chacun et avec tous, il réside dans cette capacité d’encadrer chaque élève, comme si chacun d'eux était « unique », comme si, sur chacun d'eux, se jouait le sort du monde...
Les parents comptent sur les éducateurs pour dire la loi, prononcer les interdits, fixer les limites… Les éducateurs, quant à eux, considèrent qu’ils ne peuvent, en aucun cas, se substituer aux parents, « l’éducation commence d’abord à la maison » se plaisent-ils à répéter…
Concrètement, quel est le rôle d’un pédagogue face à un élève en difficulté, et dans notre cas aujourd’hui, face à un élève agité ? L’équipe éducative est-elle dotée d’un remède miracle qu’elle peut prescrire à chaque fois qu’elle est appelée à régler une situation de conflit ? L’élève agité va-t-il fatalement le rester ? Est-il voué à être marginalisé ? Difficile de répondre à ces questions… L’avenir n’appartient qu’à l’élève, il en est l’auteur… L’éducateur est là pour l’accompagner, pour l’aider à cheminer, à se mettre en route… L’encadrement pédagogique est surtout un accompagnement.
7h25, la sonnerie fait précipiter Fouad en classe, à l’instar de ses camarades. M. Sami Boutros, professeur d’histoire géographie et tuteur de la classe de 6e, accueille les élèves. Cette année, il choisit de placer l’éducation à la citoyenneté au coeur de son projet de classe ; il veut en faire un fil d’Ariane toute l’année pour que les élèves réalisent l’importance du « vivre ensemble » et comprennent en profondeur ce que c’est de respecter son camarade. Aussi, part-il d’abord du règlement du Collège, convaincu que les élèves peuvent mieux modifier et s’approprier ce qui les engage déjà : prendre conscience que l’école a un passé, un présent et un futur est important ! Pour mettre tous les atouts dans son jeu, M. Boutros mise sur l’engagement et l’implication des élèves dans ce processus. Le postulat de départ est simple : si les élèves édictent eux-mêmes les règles, en s’inspirant de ce qui existe déjà, ils auront plus tendance à les respecter. Au programme : Qu’est-ce qu’une règle de vie ? Que veut dire « vivre ensemble, vivre en collectivité » ? Que signifie l’expression « liberté individuelle, liberté collective ? Qu’est-ce que la tolérance ? Qu’est-ce que le respect ? Comment vivre ces valeurs ? Avec qui ? Quelles règles pouvons-nous instaurer pour améliorer la vie de la classe ?... ». M. Boutros est surpris par la fermeté et l’exigence des propositions des élèves « Je ne me déplace pas en classe, je n’interromps pas les autres, je ne dis pas de gros mots, je ne gâte pas le matériel, je ne crie pas… ». Toutefois, il leur demande de rédiger des phrases affirmatives, formulant ainsi plus de droits et de résolutions que d’interdits (sauf en ce qui concerne les actes de violence) du genre « Pour vivre ensemble et nous respecter, nous ferons… Pour travailler de façon efficace, il est important de…, j’essaie de…». Finalement, une charte de vie de la classe voit bel et bien le jour. Elle est même signée par tous les élèves qui s’engagent, par ce geste, à la respecter individuellement.
Quelques semaines plus tard, ces bonnes intentions ne tiennent malheureusement pas longtemps et les vieilles habitudes reprennent le dessus ! Certains élèves ne se contrôlent pas : s’ils ont faim, ils mangent, s’ils sont dérangés, ils hurlent. Manifestant plus d’agitation que d’autres, certains vont même jusqu’à refuser d’ouvrir leur cahier ou de remettre leur devoir, sous prétexte qu’ils « n’ont pas envie » ou que les cours « les ennuient ». Les comportements de certains « perturbateurs » finissent par déclencher un tollé général au sein de l’équipe pédagogique de cette classe et, très vite, c’est la sonnette d’alarme ! Habitué à ce genre de classe qu’on qualifie d’agitée, M. Boutros s’y prend calmement. En bon pédagogue, il est conscient qu’il traite avec des êtres vivants – vivants et divers – et que, pour tirer dans le mille, il faut du travail mais surtout du temps. C’est un travail de longue haleine et il ne se lassera pas de si tôt, il va argumenter, expliquer, surtout ne pas brimer… Il interrompt donc son cours d’histoire géographie et consacre l’heure à une mise au point : où sommes-nous du respect des règles que nous avons nous-mêmes élaborées ? Quelles étaient les règles essentielles ? Sommes-nous conscients des dégâts causés par nos actes ? Et la confiance de l’équipe pédagogique, allons-nous la trahir ? À plusieurs reprises, il reprend les règles communes et cherchent à ce que les élèves les intègrent.
Du coup, les choses vont chaque jour un peu mieux. À la fin de chaque cours, le tuteur appelle certains et les félicite de leur progrès, convoque d’autres et leur reproche de ne pas se tenir comme il faut et de manquer à leur engagement… Le progrès se fait réellement sentir et la classe se veut solidaire du bien, cherchant à ne pas décevoir les attentes de son tuteur. Un seul élève fait particulièrement exception, il manifeste une agitation excessive ! Fouad ne semble pas concerné par cette formation à la citoyenneté. Parfois, il se concentre et écoute mais, la plupart du temps, il s’agite, trouve une excuse pour se déplacer, va jusqu’à lancer des agressions verbales à ses camarades… Le tuteur le repère et décide, cette fois-ci, de hausser le ton pour le remettre à sa place… en vain ! Les enseignants le rappellent à l’ordre… en vain ; Très vite, il sombre dans l’agitation stérile, il bavarde en aparté, rigole, s’amuse jusqu’à la provocation… Régulièrement, les remarques fusent dans tous les cours : « Fouad, tiens-toi bien !», «Fouad, calme-toi, concentre-toi !», «Tu dépasses les limites, laisse tes camarades travailler…». M. Boutros décide alors de s’y prendre autrement et d’augmenter davantage la pression. Il l’appelle à une entrevue, en privé, et lui dit noir sur blanc ses quatre vérités, son branle-bas agaçant, l’exaspération des professeurs et le menace, finalement, de l’exclure de son cours. Très ému, Fouad fond en larmes, s’étonne de l’attitude plutôt sévère du tuteur et, sur un ton calme et sincère, s’excuse et promet de faire attention la prochaine fois. Le tuteur enchaîne et lui explique que l’essentiel est de trouver les raisons qui l’amènent à agir de la sorte et qu’il est justement là pour l’aider. Les jours suivants, Fouad entre en classe avec beaucoup de bonne foi, bien décidé à se maîtriser… un léger progrès est réalisé mais cela dure quelques jours et, de nouveau, à peine le professeur entame-t-il le cours qu’il l’interrompt, tantôt par un cri de surprise, tantôt par un commentaire déplacé visant quelques élèves, sérieux et attentifs, qui s’efforcent de l’ignorer. La situation devient intolérable et, dans un moment de grande colère, le tuteur exclut Fouad du cours. Il se retrouve désormais à la porte !
Dès lors, les parents de Fouad sont informés ; ils rencontrent le tuteur, en présence de leur enfant, et se montrent compréhensifs. Ils souhaitent collaborer pour aider leur fils à s’adapter au règlement. Mais, celui-ci réagit, se défend, s’excuse… En bon éducateur, le tuteur remet en cause son attitude. Peut-être a-t-il écarté Fouad faute d’avoir pu cheminer avec lui, peut-être n’a-t-il pas su l’intéresser ! Il voudrait l’aider ; il lui parle d’un contrat et lui explique qu’ils vont s’engager l’un et l’autre, lui à travailler sérieusement, à se concentrer et à participer en classe, le tuteur à lui en donner les moyens, à vérifier ses notes et à lui expliquer chaque fois précisément ce qu’il attend de lui…
Afin d’assurer une prise en charge collective, le tuteur se réunit avec le préfet, le met au courant de la situation et des différentes démarches effectuées. Ils décident de tenir un conseil de classe pour engager les enseignants dans le processus d’encadrement personnalisé de Fouad. Pendant la réunion, la parole est aux enseignants. Les uns après les autres, ils décrivent le comportement de Fouad en classe ; certains se montrent tolérants et compréhensifs, d’autres font flèche de tout bois pour essayer de le marginaliser, le prenant pour un élève réfractaire. Suite à un échange dense et fructueux, toute l’équipe éducative se dit finalement prête à s’engager à assurer l’encadrement nécessaire à Fouad.
Une semaine s’écoule et tout à l’air de rentrer dans l’ordre. Les enseignants tentent de l’aider, chacun à sa manière, avec tendresse ou agacement, méthodiquement ou par improvisation… Tantôt il fréquente l’aumônerie et se confie à l’animateur spirituel, tantôt il discute avec le tuteur des règles de vie à l’école ; il se laisse aider par ses camarades ; il veut se contrôler, il essaie de suivre, peu ou prou, le rythme de la classe, il écoute, prend note, tâche de se concentrer et de s’intéresser aux explications mais sa concentration ne fait pas long feu. Un rien le distrait, un insecte qui vole, un oiseau dans le ciel… Très vite, il reprend, de plus belle, son remue-ménage. À la moindre occasion, il intervient, en pleine séance de travail, pour lancer une plaisanterie ou pour donner son avis. Il file entre les bancs, ne tient pas en place et insiste à passer aux toilettes malgré le refus du professeur… Ses enseignants se plaignent de lui, certains réagissent en l’accablant de sanctions, nombre de ses camarades refusent de le côtoyer… La situation devient intolérable ! À la récréation, le tuteur appelle Fouad à une entrevue, en tête-à-tête, et lui confie, encore une fois, son désaccord et son agacement ; il fait appeler les parents et leur signale la gravité de la situation. De prime abord, les parents prennent inconditionnellement le parti de leur fils, reprochant aux enseignants qu’ils ont déjà rencontrés, d’avoir une dent contre leur fils, accusant les élèves de vouloir l’isoler, ce qui le stresse et attise son agressivité… Quant à la mère, elle semble tellement concernée par le comportement de son enfant qu’elle emploie, pour en parler, la 1re personne du pluriel : « Nous ferons de notre mieux… C’est promis…». Le père la tance vertement : « Ce n’est pas à toi de promettre, c’est lui qui doit le faire ; laisse-le tranquille et il s’en sortira » puis, s’adressant à Fouad, avec ce calme et cette rigueur un peu tendre : « Tu vois où tu nous as menés, tu vas devoir te calmer et te mettre sérieusement au travail ; ça suffit ! ». Fouad tâche de justifier son comportement et de prouver le bien-fondé de son attitude, son père l’interrompt et le tempête : « Tu nous en fais voir de toutes les couleurs, tu dois arrêter de jouer avec le feu, tu exagères ! ». Subitement, Fouad se démène et pleure… Très vite, le tuteur réalise qu’il a touché au talon d’Achille parental et que tout problème qui concerne leur patrimoine peut facilement perturber leur vie familiale, ce qui n’aidera pas l’enfant à se calmer. Il prend, de nouveau, les choses en main et explique aux parents qu’ils ne doivent surtout pas confondre ce que leur fils « est » et ce qu’il « fait » puis, s’adressant à Fouad, il l’incite à dépasser son mal-être en classe et lui rappelle son engagement, sa signature en début d’année, le contrat… Il l’encourage à progresser, l’assure, encore une fois, de son soutien moral et académique, visant à le rendre confiant et à l’armer d’une image positive de lui-même… Fouad réagit calmement puis reconnaît qu’il voudrait bien changer mais qu’il n’y arrive pas… puis, le silence se fait ; non pas un silence vide et inquiétant, mais un silence partagé et plein de promesses, riche d’espérance … Fouad promet finalement que, cette fois-ci, l’affaire est close ; il changera ! Mais, quelques jours plus tard, le tuteur n’arrive pas à expliquer un mot du cours d’histoire géographie qu’il avait minutieusement préparé, la veille. Il passe l’essentiel de son temps à calmer Fouad, à le rappeler à l’ordre et à le ramener à la raison… en vain. Il n’en peut plus. Il n’en finit pas de lui accorder une dernière chance et Fouad ne fait que manquer à sa parole. Il l’exclut de son cours une deuxième fois et décide de se remettre au préfet. Triste de décevoir pour la énième fois les attentes du tuteur, Fouad ne lâche pas prise facilement et tente de faire l’impossible pour regagner la confiance de son professeur… mais, cette fois-ci, le ton est catégorique et ne supporte pas l’insistance. Fouad devra rendre compte de ses comportements au préfet !
Le préfet rencontre Fouad et tâche de faire le point avec lui. Conscient de l’enjeu, il tient un discours à la fois ferme et affectueux. Il le met en confiance et tâche de le comprendre…Tout d’un coup, Fouad lève la tête et, avec cette simplicité dans la voix et ce regard droit qui inspire confiance, il déverse tout, les remarques, les sanctions et puis, les milliers d’heures passées à écouter les explications, à se mouvoir et à trépigner sur sa chaise jusqu`à la mise à la porte.
Le préfet l'écoute en donnant sens à sa parole, avec un regard qui reconnaît sa présence ; puis, il l'entretient de la nécessité de la loi et de l'intérêt de marquer des limites pour que puisse se construire la liberté de chacun. Il lui explique le sens des études, le sens des punitions et des récompenses. Plus de discipline imposée de l'extérieur mais une autodiscipline, un ordre authentique, celui de l'élève responsable. Il lui reparle du contrat et Fouad semble comprendre, il hoche la tête, marmonne quelques paroles d'approbation, s'engage, encore une fois, à le respecter et le préfet a le sentiment que c'est gagné.
Fouad regagne sa classe et retrouve une attitude de calme ; il se veut sérieux, obéissant, respectueux… mais pour quelques jours uniquement ! Voilà que tout est de nouveau à refaire ; c’est l’échec total ! Fouad se verrouille, à nouveau, dans son agitation jusqu’à la provocation. Conscient de sa situation, il souffre de ne pas tenir ses engagements. Désormais, il va devoir composer avec sa réputation de perturbateur et cela le révolte. Il demande à rencontrer le Préfet et lui fait part de son malaise « il veut changer mais n’y arrive pas »… Plusieurs tentatives se succèdent entre préfet, tuteur, animateur spirituel, enseignants concernés… Le progrès reste minime et Fouad souffre de ne pouvoir se maîtriser.
Le Préfet et le tuteur s’interrogent sur le sens de leur fonction : quel mérite ont-ils à encadrer des élèves studieux, calmes, brillants … des élèves normalisés, disciplinés… ? ! Du coup, ils n’entrevoient qu’une seule solution ; ils décident de s’adresser à la psychologue scolaire mais il faut l’accord préalable des parents. Encore une difficulté à surmonter…
Fouad est d’abord informé de la nécessité de consulter une spécialiste. Le lendemain, il est convoqué au bureau du préfet ; ses parents sont déjà là. On appelle le tuteur et on demande à Fouad de s’exprimer et de dire ce qu’il pense de ce qui se passe. Il se reconnaît perturbateur mais considère qu’il essaie de faire des progrès, peut-être pas suffisants… se dit dérangé par tout ce qui se passe et veut rester au Collège, sachant pertinemment qu’avec un comportement pareil, il ne finira pas l’année dans cette école et qu’il devra aller ailleurs, où finalement, il ne sera pas heureux, loin de ses camarades… On rappelle aux parents, contre vents et marées, les exigences du collège et la nécessité de respecter le règlement pour le bien de Fouad d’abord, ensuite, dans l’intérêt général de tout un chacun. Toutes sortes de remarques fusent de la part du père à l’adresse de son fils : « Pourquoi tu agis de la sorte, Fouad ? Tu exagères ! Il va falloir que tu te calmes, que tu te concentres... Il est grand temps ! ». Une seconde, les yeux de la mère se plantent dans ceux de Fouad … Fouad baisse la tête, une larme lui échappe... Puis, l’agitation cède la place à un silence insoutenable… Les parents acceptent finalement que leur fils pose problème et qu’il a besoin d’un encadrement, de l’aide d’une spécialiste…et qu’il faut que les choses rentrent dans l’ordre !
Une nouvelle phase commence pour Fouad. Après avoir suivi les étapes nécessaires (observations, entrevues…), la psychologue présente un rapport qui mentionne l’hyperactivité de Fouad : c’est un enfant excessivement agité, il peut poursuivre ses études dans un collège ordinaire mais il doit être encadré de très près. Du coup, une autre forme de collaboration prend place. Il s’agit d’un suivi clinique ajouté à l’encadrement pédagogique, mené à l’école. Dès lors, les enseignants comprennent qu’il ne s’agit pas d’un élève tout à fait comme les autres. Il faut rester ferme sur l’essentiel mais faire preuve de beaucoup de tolérance et de patience, veiller à fixer de petits objectifs et, surtout, imposer des échéances à court terme…
Aussi, l’amélioration de Fouad dépendra-t-elle de l’implication adéquate et authentique de tous les partenaires du projet ; il s’agit d’un maître mot : la collaboration. À chacun sa charge :
- L’élève : il n’est pas un être abstrait, sans corps, sans visage, sans vie. Il est là avec tout son être, dans toute sa complexité. C’est lui le principal partenaire du projet.
- Le personnel de santé scolaire et de psychologie scolaire : leur souci est la bonne santé des élèves. Au besoin, ils sont consultés et peuvent assurer un lien entre le Collège et l’extérieur (en l’occurrence, les spécialistes qui s’occupent de l’enfant à problème).
- L’animateur spirituel veille sur le bon esprit en division, sur le bien-être de chacun, à un double niveau, spirituel et social.
- Le tuteur joue le rôle de médiateur. Il établit une passerelle entre l’élève et les différents adultes qui assurent son encadrement, tant au niveau académique que pédagogique.
- Le préfet est le délégué du père recteur en division. Il assure la bonne marche de la division, à tous les niveaux (pédagogique, académique, spirituel, social, etc.). Il travaille, en collaboration très étroite, avec les différents membres de la communauté éducative et assure le lien avec les parents… C’est à lui que revient toute décision de dernier recours en division.
- L’enseignant :
Il est d’abord éducateur ; il dispense des connaissances et des apprentissages techniques mais il privilégie la communication. Conscient de l’importance de l’être, il considère que le savoir être soutient le savoir-faire et le savoir comme la colonne vertébrale supporte le corps, qu’il est un pilier central, un axe qui humanise tout le reste.
Par ailleurs, son enseignement se veut aussi bien collectif que personnalisé : enseigner un groupe, c’est d’abord enseigner chaque individu le constituant, c’est connaître chaque individu le constituant, c’est l’accompagner, l’accepter tel qu’il est, sans chercher à le changer, sans le juger ; c’est, enfin, l’écouter avec confiance pour qu’il révèle toutes les richesses dont il est porteur… D’ailleurs, c’est pour cela qu’avant d’être un métier, enseigner est bien une vocation !
L’histoire que je viens de vous relater n’est pas tout à fait imaginaire. Les noms des différents acteurs sont fictifs mais la situation est bien réelle. Fouad représente un enfant concret, vivant, qui est là, en face de nous, souvent gauche et maladroit, quelquefois agité et violent, désarmé au point de n’avoir plus que l’agressivité pour exister quelque peu… Alors, ce qui est véritablement décisif, c’est notre décision, celle de renvoyer son agitation à la fatalité ou de mettre en œuvre de nouveaux moyens pour l’aider à la maîtriser. Nous osons espérer le meilleur, forts de l’accompagnement assuré par l’équipe pédagogique, mettant notre confiance dans l’engagement sincère de Fouad ainsi que dans la collaboration de ses parents, misant, finalement, sur le temps, qualifié de « grand maître » par Corneille, puisqu'il «règle bien les choses ! ».
Patricia RACHED