Mot des élèves : Mlle Youmna Asmar et M. Nadim Khoueir

  1. La dimension académique du Projet éducatif
  2. La dimension sociale du Projet éducatif
  3. La dimension religieuse du Projet éducatif

Le Collège où nous suivons notre cursus scolaire ne se contente pas de dispenser aux élèves un enseignement purement académique. Il s'est doté d'un Projet éducatif fondé sur trois dimensions : académique, social et religieux. Ainsi, les objectifs du Collège sont bien sûr de former ses élèves et de leur donner, en plus du savoir, un esprit humaniste et ouvert. Et nous, en tant qu'élèves de Terminale, arrivés au bout du chemin scolaire, nous aimerions témoigner de la réalisation concrète de ce Projet à travers notre expérience, en formulant une critique constructive, dans le but de permettre à notre établissement de s'améliorer et dans l'intérêt des générations à venir.

  1. La dimension académique du Projet éducatif

Tout d'abord, le Projet éducatif propose une dimension académique que l'on pourrait qualifier de technique. Cette dimension consiste à fournir aux élèves des informations dans différents domaines du savoir afin de leur donner le bagage nécessaire à leur cursus universitaire.

Nous tenons ici à souligner un point essentiel qui est le suivant : notre école a certes un excellent niveau mais elle ne se fixe pas comme principal objectif d'obtenir le meilleur pourcentage de réussite au baccalauréat (loin de là). C'est là où réside l'essence même de l'éducation jésuite qui refuse de former des automates scolaires à la productivité phénoménale. Le savoir ne pourrait se limiter à une fin en soi puisqu'il est avant tout un moyen mis à la disposition de l'humanisme qui nous habite et qui fait de nous une élite éclairée et surtout ouverte sur un savoir qu'elle maîtrise sans pour autant l'idolâtrer.

L'excellence n'est donc pas dans le savoir pour lui-même mais elle réside dans l'usage que l'on fait de sa connaissance et dans la dimension que l'on veut lui donner. Nous parlons donc à Jamhour d'une qualité de l'éducation qui dépasse le cadre étroit des résultats académiques et des examens officiels pour mieux se placer dans l'optique d'une culture universelle de l'excellence éclairée, qui place le savoir au service de l'Homme. Le Collège nous a donc toujours appris à refuser d'être contemplatifs dans le savoir (ce que l'on appelle vulgairement « ÈáÚ ») mais nous pousse à aspirer à toujours être savants dans l'action donc comprendre, critiquer et analyser.

  1. La dimension sociale du Projet éducatif

Passons maintenant à la dimension sociale de la formation jamhourienne. Il faut tout d'abord noter qu'elle se trouve naturellement imprégnée de l'objectif que s'est fixé l'institution, à savoir : «  former des hommes et des femmes pour les autres ». Très tôt donc, les élèves sont sensibilisés aux problèmes qui touchent la société, des problèmes plus ou moins graves vis-à-vis desquels ils sont invités à s'engager au sein des différentes structures mises à leur disposition au sein du Collège comme le CAS, le projet social, le scoutisme, le MEJ. et j'en passe car la liste est bien longue.

C'est là où réside donc l'importance de l'éducation sociale jamhourienne: elle dépasse l'information et la sensibilisation pour inciter à la mobilisation et donc à l'engagement. Jamhour ne nous a jamais dit « il y a un problème dans la société » mais le Collège s'est toujours entêté a nous répéter et à marteler inlassablement «  nous vous formons pour apporter des solutions à ces problèmes par votre engagement ».

En tant qu'élève nous nous sentons donc concernés par les différentes crises que traverse la société et nous ne pouvons qu'être redevables à notre Collège car il a formé en nous une conscience collective qui fait défaut à la société libanaise, un sens de la responsabilité qui se doit d'exister dans toute société humaniste: la responsabilité des élites vis-à-vis des marginaux et des démunis, donc une conscience de l'importance de la solidarité comme seul moyen de lutte salvateur face à l'inégalité qui ronge nos sociétés.

L'élève de Jamhour n'est donc pas seulement un jeune informé et conscient de la misère ; il est surtout et avant tout un jeune déterminé à s'engager pour lutter contre les injustices qui polluent un monde pour lequel il aspire toujours à des jours meilleurs.

  1. La dimension religieuse du Projet éducatif

Enfin nous allons aborder la dimension religieuse de l'enseignement à Jamhour qui reste jusqu'à nouvel ordre un collège chrétien. Il va donc sans dire que la dimension religieuse de la formation est omniprésente tout au long du cheminement académique des élèves. A ce propos, nous souhaitons souligner un certain nombre de points qui nous tiennent à cour. Les élèves ont donc été initiés aux préceptes de la religion chrétienne et à l'histoire sainte tout au long de leur cursus scolaire. Reste une faille que l'on se doit de noter. Il est certes important de connaître les détails de sa religion, mais il est encore plus vital de savoir et de saisir la dimension interactive des valeurs chrétiennes. Il faudrait donc que l'enseignement religieux dépasse le cadre étroit du catéchisme pour donner un enseignement tourné vers une analyse de la philosophie chrétienne humaniste et de l'importance de cette dernière dans nos vies, dans notre façon de réagir avec les faits sociaux et surtout avec la problématique libanaise.

Nos sentons que de nombreux aspects de notre religion n'ont pu être suffisamment expliqués à l'école. Combien de fois avons-nous cherché des réponses à l'injustice, à nos crises existentielles ou même à nos préoccupations sociopolitiques ? Des réponses que l'enseignement religieux se doit de nous donner pour ne pas nous entraîner dans une quête inutile de la vérité, ou sur d'autres sentiers ô combien stériles. Il faudrait donc ôter l'enseignement religieux à l'abstraction de sa dimension dogmatique et historique pour le rendre socialement, philosophiquement et existentiellement plus apte à répondre aux interrogations inhérentes à cette ingrate adolescence que nous traversons.

Enfin, nous tenons aussi à sortir de ce cocon chrétien dans lequel nous vivons en rendant l'enseignement religieux plus ouvert afin de pouvoir comprendre autrui et par conséquent mieux saisir les réalités que nous vivons dans un pays dont la vocation reste ancrée dans le pluralisme. Nous refusons la coexistence dans l'ignorance et les non-dits, nous réclamons l'information dans le but de comprendre, d'accepter ou même de rejeter autrui.

L'information religieuse reste donc incomplète et nous espérons qu'elle colmatera  les brèches qui la minent dans les prochaines années.

Conclusion

Enfin je me permettrai de clore cette petite intervention sur une note sentimentale étant donné que c'est ma dernière année au Collège (du moins jusqu'à nouvel ordre).

C'est donc avec une grande tristesse que je réalise sur le tard la richesse et la singularité du Projet éducatif de cette institution, un Projet que nous avons tous qualifié d'opprimant, de sévère et d'étroit, du temps de l'insouciance puérile mais que nous voyons aujourd'hui, à la lumière de notre jeune majorité, riche en valeurs progressistes, humanistes et universelles.

Je regrette donc d'avoir longtemps haï Jamhour. Nous l'avons tous fait. Je remarque aussi qu'en quittant cette école je m'y suis attaché...et là aussi, cela fait 50 ans que nous tombons tous dans le même piège.

Mlle Asmar et M. Khoueir
Elèves de Terminale

 

Collège Notre-Dame de Jamhour, LIBAN
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