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Face à mes notes et à mon clavier, il ne m’est pas facile de reconstituer 60 minutes passées avec le P. Denis Meyer pour tenter d’esquisser son portrait…
Son allure rappelle vaguement celle de Tintin - la houppe en moins – avec la même soif de justice et le même dévouement, dépassant largement l’étroite perspective humaine du jeune reporter, pour être en marche vers l’autre… pour donner aux autres.
P. Denis, vous l’avez vu dans ses bottes de randonneur, vous avez pu aussi le rencontrer dans les cercles de prière… il est homme à faire bouger les choses, à bousculer les stéréotypes !
Professeur de théologie dogmatique à l’Institut supérieur des sciences religieuses (USJ), il fait un bref passage à Jamhour en 2005 où il est père spirituel du secondaire. Mais ce passage à mi-temps lui permet seulement de faire connaissance avec le monde scolaire. C’est à la demande du Provincial de la Compagnie de Jésus qu’il réintègre le Collège en septembre 2007, en force cette fois, et avec plein d’idées dans la tête.
En contact avec bon nombre de Libanais dans le cadre de la CVX (Communauté de Vie Chrétienne), il n’hésite pas à empoigner son rôle d’aumônier du Groupe scout du Collège, un grand groupe qui compte 13 unités, quelque 650 personnes. Cette implication lui permet d’apprécier les structures du mouvement et l’encadrement dont bénéficient les jeunes.
Septembre 2007 à Jamhour
Denis Meyer, de retour auprès de la Division de Terminale va tout faire pour que les jeunes donnent le meilleur d’eux-mêmes. En tant que père spirituel, il va leur consacrer tout son temps, il sait que le jeune a besoin d’une présence de qualité et d’une écoute attentive. Il sera profondément impliqué dans les activités en Te, il collabore avec l’équipe de la préfecture pour un encadrement ferme et structuré, pour que la portée pédagogique de chaque action soit finement pesée.
« Il s’agit de tenir à certaines grandes lignes dit-il, dans la perspective du bien commun et de chacun et de donner du poids à la parole des éducateurs…»
Le scoutisme est une bonne école à ce niveau ; la discipline impose qu’il y ait un temps pour chaque chose (un temps pour travailler, un temps pour s’amuser, un temps pour s’émerveiller, un temps pour se reposer) pour que la vie ait du goût et du relief. Il est important que le jeune soit conscient de ses limites et qu’il apprenne à les respecter dans un cadre qui le structurera.
« Dans l’éducation, il faut être exigeant et souple. «Rigueur et souplesse» permettent de donner sens à ce que nous faisons. »
À travers les journées spirituelles proposées en Te, le P. Denis Meyer a misé sur l’intensité. En sortant de la catéchèse classique, il a mis les élèves dans une situation qui les interpelle, à travers laquelle chacun trouve sa place, et une place de choix !
Ces journées ont été enrichissantes à plus d’un niveau, elles ont permis un contact sain et joyeux entre les participants. « Nos élèves n’ont pas toujours les pieds sur terre ! relève le P. Denis. Il est bon qu’ils puissent apprendre à composer avec la réalité qui limite leurs désirs, à tenir compte du possible. L’indulgence peut devenir un mauvais service quand elle est à outrance. »
Les projets pour la prochaine rentrée
À partir de septembre 2008, P. Denis Meyer assumera la fonction de Préfet spirituel. Sa connaissance des personnes au Collège est déjà suffisante et sa disponibilité connue de tous. Pour les élèves comme pour les éducateurs, il est là. Il compte dynamiser le rôle du père spirituel de sorte qu’il devienne un repère, un phare. Il est convaincu que le spirituel n’est pas un volet séparé de l’académique et des arts, c’est le lieu où tout s’origine et où tout prend sens. Le P. Denis compte s’impliquer dans la vie de classe, en Division.
« Parce qu’ils ont du mal à se projeter dans l’avenir, nos jeunes vivent au jour le jour. Pour échapper aux difficultés inhérentes à toute vie, ils ont tendance à vivre de façon superficielle, ne réalisant pas toujours que la vie est belle même si elle est difficile. Personnellement, j’ai été marqué par le père préfet et le père spirituel du secondaire dans le collège jésuite de Reims où j’ai fait mes études. C’était de vrais éducateurs. Ils m’ont fait comprendre que l’essentiel est de construire des relations de confiance et de respect avec les autres et d’être proche d’eux, tout en préservant leur liberté en gardant une juste distance. »
L’éducation impose une rigoureuse organisation. Chaque éducateur doit fixer ses priorités et accompagner l’apprenant sur le chemin du savoir, du savoir-faire et du savoir être. P. Denis rappelle aussi l’importance de la célébration : prier dans la joie pour célébrer le Vivant parmi nous,
insiste-t-il. En Orient, la célébration a longtemps été la seule forme de catéchèse. « La prise en compte de la réalité telle qu’elle est et l’engagement de toute la personne dans l’action qu’elle entreprend, voilà la clef qui permet à chacun et à tous de trouver son équilibre, déclare enfin le P. Denis. L’éducation devrait mener chacun à poser ses actes en conscience et avec conviction. »
La foi qui n'agit point, est-ce une foi sincère ? s’interrogeait Jean Racine dans Athalie. Homme
d’action, homme de foi et de coeur, Denis Meyer pourrait trouver la réponse aux détours d’un sentier dans la vallée de Qadicha…
Neyla Chidiac - BCP