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66 DOSSIER Le temps retrouvé
Térésa Hindi Te10
« Il est terrible,
le bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain,
il est terrible,
ce bruit quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim. »
Jacques Prévert, Paroles, « La grasse matinée »
Ainsi débute le poème La grasse matinée de Jacques Prévert, ainsi le poète décrit l’amertume
de la faim, une faim de bien-être, de satiété ou de paresse. Cette faim que rien ne peut
assouvir, ni le porc, ni le lard, ni le beurre ou la margarine… il lui faudrait quelque chose de
lourd, de vraiment gras, bien gras ! Et pourquoi pas la grasse matinée ? Oui ! Un moment
tranquille, un instant précieux, consacré au repos, au calme, au rêve, à l’évasion… oui !
Mais comment se procurer cette grasse matinée dans un monde où tout est cher ? Où même
le temps est cher !
Pas de souci, la recette la voici :
Tout d’abord, les ingrédients :
Un vers de poème*
Un morceau de musique
Une bonne poignée d’air frais ou une pincée de soleil
Quelques oreillers Illustration Kate Hourani 3 e 2
Facultatif : une couverture pour décorer
*L’astuce du chef : peut être remplacé par un roman
Ensuite, la préparation :
Plonger dans la lecture :
Pour les adeptes de la poésie, savourer la finesse de Prévert, notamment dans son recueil
Paroles. Pour ceux qui préfèrent les romans, s’aventurer dans le monde d’Agnès Ledig et ses
personnages attrayants comme le petit Lulu dans Juste avant le bonheur.
Ajouter une belle musique :
Côté classique, écouter les Nocturnes de Chopin ou les Sonates de Beethoven. Sinon, pour
une ambiance plus enthousiaste, se tourner vers les chansons modernes de l’artiste Pomme et
son titre Les séquoias par exemple.
Remuer le tout et laisser reposer dans une zone d’air frais :
S’installer dans un endroit idéal et respirer profondément. « Je pense souvent à cette expression :
prendre l’air, cela veut dire que l’on va ailleurs, pour le trouver, cela veut dire littéralement où
je suis je m’asphyxie » (David Foenkinos). S’assurer donc que ce sentiment est loin.
Ajouter les oreillers et s’étaler dessus.
S’il y a lieu, orner le tout d’une couverture pour se réchauffer.
Nous du Collège - N 296 - Mars 2022
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