Ignace de Loyola
Le chevalier ambitieux

 

A la découverte des religions

Voir aussi la biographie de saint François Xavier

1491 en pays basque. Ignace, de son vrai nom, Inigo, 13ème enfant des seigneurs de Loyola, voit le jour. A 15 ans, il est page à la cour du duc d'Arevalo ; à 25 ans à celle du vice-roi de Navarre. Cheveux clairs, moustache et barbe, yeux noirs. Il aime son habit tout en couleur de gentilhomme qu'il porte avec beaucoup d'élégance. Il veut plaire, surtout aux femmes - une princesse habite ses rêves - et pour elles, est prêt à dégainer son épée qu'il manie allègrement. Il est croyant mais ne s'embarrasse pas trop de morale.

Ignace a tout pour réussir. Il veut se faire un nom. Le monde s’ouvre devant lui. Période exaltante. C’est le temps où Christophe Colomb " découvre " l’Amérique, Vasco de Gama les Indes ; où l’Europe s’engage sur les voies de la renaissance et de l’humanisme !
… C’est aussi le temps où Luther rompt avec Rome.


1521 sur la citadelle de Pamplune. Inigo a 30 ans. Contre l’avis de tous, il s’acharne à défendre la forteresse assiégée par les troupes françaises. Un boulet de canon lui fracasse la jambe. C’est le tournant de sa vie.

 

Le mystique pèlerin
Dans sa chambre à Loyola où il est revenu, Inigo va frôler la mort. A peine va-t-il mieux, qu’il demande qu’on lui recasse sa jambe mal ressoudée. Il ne peut supporter l’idée de ne plus pouvoir porter les bottes de cuir fin qui lui vont si bien… Peine perdue. Il boitera toute sa vie.

Histoire de se distraire pendant sa convalescence, il demande des romans de chevalerie. Hélas, ceux qu’il aime sont introuvables. Il n’y a rien que deux livres sur la vie de Jésus et des saints. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, il commence à les lire. Peu à peu un attrait grandit en lui pour la vie si différente de St François ou de St Dominique. Quand il imagine les exploits qu’il va accomplir au service de la princesse de ses rêves il éprouve un grand plaisir, de même quand il s’imagine faire les exploits réalisés par les saints. Mais il remarque une légère et subtile différence. Quand il a fini d’imaginer ses exploits chevaleresques il sent en lui un fond de mécontentement. A l’inverse, ayant imaginé suivre la vie des saints et du Christ, la joie subsiste et dure.

" Il commença à s’étonner de cette diversité et se mit à y réfléchir. Son expérience l’amena à voir que certaines pensées le laissaient triste, d’autres joyeux " (Le Récit du Pèlerin).

Inigo est bouleversé par sa découverte. Lentement sa décision mûrit : il choisira les pensées qui donnent la joie, celles qui portent la trace de l’Esprit de Dieu. Il décide de suivre ce chemin que le Christ lui montre et que les saints ont pris.

Remis, Ignace se met en route. Il sera pèlerin, mendiant, pendant 16 ans. Pauvre et avec un seul désir : " aider ". Aider tous ceux qu’il rencontrera à faire la même découverte que lui : " Dieu n’est pas loin de toi. J’en ai fait l’expérience, toi aussi tu peux la faire. " Toutes ses expériences, il les notera soigneusement dans un petit cahier qui deviendra les Exercices Spirituels.

Le désir d’Inigo : aller à Jérusalem. Là où Jésus a vécu, pour mieux le connaître, le suivre, l’aimer. Le chemin sera long.


En route vers Barcelone, il fait étape à Manrèse. Il y restera un an. Un an de combat contre le doute, le découragement, la culpabilité. Il ne s’en sortira qu’en lâchant prise. Se dépouiller de ses vêtements de luxe et les échanger contre ceux d’un pauvre ne fut pas le plus difficile. L’enjeu véritable est d’abandonner l’orgueil, la prétention d’être fort. Devenir humble. Au bout d’une lutte intérieure qui le mènera jusqu’à la tentation du suicide, il fera l’expérience d’une grande lumière intérieure. Ayant tout donné, il reçoit tout. Dieu prend désormais la première place dans le coeur d’Inigo.

Barcelone, Venise et enfin, Jérusalem. Eblouissement. Mais on l’empêche de rester. Retour à Barcelone. Son rayonnement d’accompagnateur spirituel fait scandale. L’inquisition s’en mêle. Comment un quasi illettré peut-il savoir quelque chose de la religion ? Il décide d’étudier. Après deux ans à Barcelone, puis à Alcala et Salamanque, devant les oppositions – on l’emprisonne à deux reprises - il décide d’aller étudier à l’université de Paris et de se préparer pour devenir prêtre.


L’étudiant rassembleur
Paris, 1528. Inigo a 37 ans. Il fait figure de " vieux " parmi tous ces jeunes étudiants. Mais il sera aidé par ceux qui partagent sa chambrée. Il les aidera en retour. Là va se former le premier noyau de la future Compagnie de Jésus avec Pierre Favre, un timide savoyard et François Xavier, un ambitieux et champion de saut. Ignace les conduits et leur fait découvrir leur vocation grâce aux Exercices Spirituels. Une amitié se tisse. Le projet d’Ignace (qui a latinisé son nom) les remplit d’enthousiasme : retourner à Jérusalem, y vivre et y donner sa vie. Quatre autres compagnons se joignent à eux.

Le 15 août 1534, dans une petite chapelle de Montmartre, sept amis s’offrent à Dieu. Ils s’engagent à suivre Jésus, à vivre comme lui, dans une vie célibataire et dans la pauvreté pour mieux servir tous ceux qu’ils rencontreront. Ils promettent aussi d’aller à Jérusalem dès que leurs études seront terminées. Les circonstances politiques les en empêcheront. Après un an d’évangélisation dans les campagnes d’Italie, ils décideront de se rendre à Rome, de rencontrer le Pape et lui diront : " Nous voici, nous sommes disponibles, envoyez-nous là où les besoins sont les plus grands ".


Dix compagnons pour un projet international
Rome 1537. Les compagnons sont maintenant dix. Ils savent que le Pape va les disperser dans toute l’Europe et dans le monde. François Xavier est en partance pour l’Inde. Pour que cette dispersion n’entame pas leur amitié, ils décident de se lier ensemble en fondant un ordre religieux. Le nom est tout trouvé, ce sera la Compagnie de Jésus car c’est Jésus qui les a mis ensemble et en a fait des compagnons. En 1540, le pape reconnaît l’existence de la nouvelle petite communauté.

Rome 1556. Ignace est épuisé. Il meurt le 31 juillet. Pendant ces vingt dernières années, il a accueilli des centaines de candidats pour les former à ce genre de vie tellement nouveau dans l’Eglise de l’époque. Il a écrit des Constitutions. Il a ouvert à Rome des lieux d’accueil pour les pauvres, les prostituées. Il a envoyé autant de nouveaux compagnons à travers le monde entretenant avec eux une correspondance gigantesque (6800 lettres sont encore conservées).

 


Ignace aimait immensément ses frères, ses " amis dans le Seigneur ". Des contemporains écrivent :

"Il parlait avec tant de bienveillance et traitait de toutes choses si aimablement qu’on aurait dit qu’il était tout entier un amour,…chacun dans la maison lui portait le plus grand amour et se croyait immensément aimé par lui" (Lancicius).
"Il était envers les siens tout charité, tout tendresse. S’il rencontrait quelqu’un inopinément, il l’accueillait avec un visage si ouvert, il lui parlait avec une si affectueuse charité qu’il semblait vouloir le faire entrer dans son coeur" (Bartoli).

Laissons finalement la parole à Ignace lui-même :

"Dieu agit à l’inverse des hommes. Car les hommes, s’il y a dans nos actes quelque chose de mauvais ou d’imparfait, c’est à cela qu’ils font attention, c’est cela qu’ils retiennent. Mais Dieu, quand nous faisons quelque chose de bon, c’est cela qu’Il regarde, et Il ferme les yeux sur nos imperfections".

De son Journal Spirituel :

"Pendant la messe, grande abondance de larmes, se prolongeant jusqu’à la fin. Et après, larmes très intenses. Pendant tout ce temps, il me semblait que l’humilité, la révérence et le respect ne devaient pas être craintifs, mais amoureux. Et mon âme répétait : "Donne-moi l’humilité amoureuse"… Ensuite, dans la journée, grande joie à me souvenir de cela. Il me semblait que je ne m’arrêtais pas là, mais que viendrait ensuite la même chose envers les créatures, c’est à dire l’humilité amoureuse… " (30 mars 1544)



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