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Avant de partir pour le Japon inconnu, François, pendant quinze mois, naviguera entre Goa et les différents postes des Indes. A Goa, bien des tristesses l'assaillent : des deuils ont décimé ses amis ; le vice-roi Sousa a changé ; l'évêque vieillit désabusé ; des zizanies se sont glissées dans le groupe des Pères et des Frères : François doit en renvoyer l'un ou l'autre de la Compagnie de Jésus.
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Le 15 avril 1549, François quittait Goa pour Malacca. Courte escale. En la fête de Saint Jean Baptiste il embarque pour le Japon sur une jonque chinoise dont le capitaine porte le surnom trop vrai de Ladrâo (le voleur). L'accompagnent : Anjiro, Jean et Antoine, le P. Cosme de Torrès et le jeune Frère Juan Fernandez. Il emporte pour le " Roi du Japon" une cargaison de cadeaux, car il songe à se présenter à lui en qualité de Nonce du Pape
Le 15 août 1549, le Ladrâo abordait à Kagoshima.
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François reste dix-sept mois au Japon. Du 15 août 1549 au mois d'octobre 1550, à Kagoshima, François loge dans la famille d'Anjiro et s'initie aux coutumes japonaises : cérémonie du thé, baguettes pour les repas, salutations, longues stations assises sur les talons et autres nouveautés. Tout se passe bien, d'abord, quoique les conversions soient bien moins nombreuses que les conversations ! François est même reçu par le daïmyo (qu'il s'obstine à nommer " le duc "). Anjiro " traduit " le catéchisme apostolique de François. Le P. Cosme apprend (sans succès) la langue du pays, comme le Frère Fernandez (avec succès).
Mais voici que la faveur du daïmyo se refroidit sous la poussée de bonzes bouddhistes à qui François a osé reprocher leurs vices. François, qui rêve toujours d'aller trouver le Roi, laisse Kagoshima aux soins du P. Cosme et d'Anjiro. et part pour Yamaguchi avec le Frère Fernandez et Bernard le Japonais.
Une semaine avant Noël, François, Fernandez et Bernard partent pour Miyako, aujourd'hui Kyoto. Miyako était déjà l'une des plus belles villes de l'Asie. Elle fut pour François le lieu de ses plus cruelles désillusions : le " Roi du Japon " a beau descendre de la déesse solaire, il n'est qu'un roi de théâtre, qui ne sort - qu'on ne sort, plus exactement - de son palais délabré que pour certaines cérémonies officielles, et lorsque l'on se présente, dans la tenue de François, aux portes de ce palais, on en est vigoureusement écarté. Autre déception : les fameuses " universités " sont en fait des monastères peuplés et riches : un gueux n'y est pas admis. François et Fernandez peuvent être les premiers Européens à pénétrer si avant dans le Japon, ils n'ont plus qu'à rebrousser chemin. En mars 155 1, les voici de retour à Yamaguchi.
Quand François partit en septembre, plus de cinq cents personnes s'étaient converties. Malheureusement une révolution éclata peu après et le daïmyo périt dans l'émeute. La renommée de François est telle en ces parages que le daïmyo du Bongo (province du Kiou-Siou) l'invite à prêcher l'Evangile sur ses terres. François part pour ce nouveau pays en août 1551. Il y reste trois mois. |
Depuis deux ans, François n'a reçu aucune nouvelle d'Europe, ni même des Indes. Il décide de retourner à Malacca. Le bateau qui le porte est pris dans une terrible tempête qui le jette sur une île proche de Canton. Là, François retrouve un riche marchand de ses amis de Cochin, Diégo Pereira. Pereira lui montre une lettre clandestine provenant de Portugais tombés aux mains des Chinois et qui souffrent dans les geôles de Canton. Ces prisonniers supplient Pereira de se faire nommer ambassadeur du Portugal à la cour de Pékin pour leur venir en aide. Pour François, cette lettre est une illumination. Du rivage de Chine il rentre à Malacca sur le navire de Pereira: les deux hommes échafaudent leur plan... Et l'on atteint Malacca le 27décembre 1551. Malacca fit à François un accueil chaleureux. Le Père Perez qui missionnait là lui remet un paquet de lettres. L'une venait d'Ignace, elle était datée du 10 octobre 1549 : Ignace nommait François " Provincial de l'Est ", c'est-à-dire de toutes les missions de la Compagnie de Jésus depuis le cap Comorin jusqu'au Japon. Depuis deux ans, François était Provincial sans le savoir !
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Cependant, avec Diégo Pereira, il prépare son départ pour la Chine. Ils se présenteront à la Cour de Pékin, lui François, en Nonce du Pape, lui Pereira, en ambassadeur du Roi du Portugal (par la grâce du vice-roi !). Les " très riches présents " ne sont pas oubliés. Pereira y dépense une fortune. |
- Les jésuites
aujourd'hui au Japon (site en anglais... et japonais) |
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