Conférence-débat du Comité des Parents
du Collège Notre-Dame de Jamhour
Le vendredi 11 avril 2003, à 18h30

« Les adolescents entre mutation et rupture,
quelle prévention ? »

 

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Présentation générale et problématique

La question des jeunes a toujours inquiété les adultes que nous sommes. Prenant les choses avec philosophie, voire avec un certain fatalisme, nous répétons, pour nous consoler, le proverbe et nous attendons « que jeunesse se passe ».

La jeunesse est ce temps de vie entre l'enfance et la maturité, un temps d'espoir et de vitalité. Période d'énergie souvent contestataire, elle était autrefois canalisée par les adultes. Les jeunes étant associés aux adultes, dans leurs activités, leur vie était imbriquée à celle de leurs parents. Des rites initiatiques, plutôt brefs, marquaient le passage rapide à l'âge d'adulte. Et l'initiation accompagnée suivait son cours !

L'adolescence, étymologiquement vient du verbe grandir. Elle est une période qui succède à l'enfance. Située généralement entre 12 et 18 ans, elle intervient immédiatement après la puberté et précède la maturité.

Découverte au XIX° siècle, cette période se caractérise par l'éveil sexuel et la réorganisation de la personnalité. Considérée comme seconde naissance, l'adolescence est un moment délicat, et parfois périlleux, de la constitution de soi et de la maturation sexuelle. Entre l'enfance, première période de la vie humaine, comparable au bourgeon, et la jeunesse, comparable à la fleur, l'adolescence s'intercale. Elle trouve plus facilement sa place que sa définition.

L'émergence de l'adolescence comme période spécifique, comme catégorie socio psychologique, se fait vraiment au lendemain de la seconde guerre mondiale, avec l'essor de la société de consommation et de loisirs.

Psychologiquement, l'adolescent apparaît comme un être ambigu, à la recherche de son identité, se riant du danger et pouvant se mettre, lui-même, en danger.

Socio économiquement, la croissance et la consommation transforment les jeunes en cible commerciale de certains produits socioculturels (le cinéma, la musique, la presse, la mode, les jeux, le sport et j'en passe .) La consommation de masse se diversifie et crée progressivement, ce qu'il est désormais convenu d'appeler, la « culture jeune », avec des comportements et des activités spécifiques. Le marché finit de segmenter l'adolescence  en tranches d'âge : préadolescence ; adolescence ; post adolescence ; jeunes adultes ; jeunes etc.

L'adolescence devient un temps assisté et de plus en plus long. La sortie de l'univers symbolique de l'enfance est de plus en plus précoce. L'entrée dans l'âge adulte se prolonge parfois jusqu'à 30 ans, à cause de l'allongement de la scolarité et de l'intégration tardive au marché du travail.

Jouant avec les marges et les tabous, la « culture jeune » pousse l'adolescent à prendre des risques et à tenter toutes sortes d'expériences souvent dangereuses : la drogue, le sexe, la violence, etc.

Cette transformation profonde crée une mutation du statut de la jeunesse et déstabilise les relations éducatives. Un hiatus important s'installe entre « culture jeune » et éducation (celle de la famille, de l'école, de la société,.).

Elle modifie les rapports des jeunes à l'autorité, à la culture et à soi. Elle remet en question la légitimité de l'autorité des adultes (notamment celle des parents et de l'école). Elle déstabilise la vision normalisatrice du travail.

La communication diminue ou s'interrompt, l'ennui s'installe, la déprime ou la contestation aussi. La révolte peut naître, la marginalisation peut apparaître avec ses dérives possibles.

Les méthodes classiques, contraignantes et coercitives des adultes, s'avèrent inadaptées ! Alors, les normes sociales s'assouplissent, l'éducation devient plus permissive, l'école se réforme pour s'adapter. On privilégie plutôt l'écoute, la négociation, le contrat, l'orientation discrète, en un mot l'autonomie.

Mais paradoxalement, les conflits demeurent !

Tout adolescent est un être en mutation. Tout adolescent n'est pas un être en rupture. Entre mutation et rupture, l'adolescent est souvent un être qui revendique une liberté dont l'exercice est limité par les parents, par l'école et par la société, d'où sa frustration. Mais n'est-il pas vrai que les libertés sont plus faciles à revendiquer qu'à accorder !

Alors, « Les adolescents entre mutation et rupture, quelles préventions ? »

Nous remercions ce soir le Comité des Parents du Collège Notre-Dame de Jamhour de se pencher sur cette délicate question génératrice de bien de désarrois. Pour y répondre, trois approches complémentaires ont été retenues :

  1. Une première approche naturelle, sociale et parentale, celle de Madame Anne-Marie el Hage, titulaire d'une licence de psychologie et d'un DES de journalisme, journaliste à l'Orient-LeJour et parent d'élèves ;
  2. Une deuxième approche spécialisée, médicale et psychologique, celle du Docteur Ramzi Haddad, médecin psychiatre, diplômé de l'USJ et de l'hôpital Sainte-Anne à Paris, cofondateur de IMPA (Institute of Medical and Psychological Assistance) qui regroupe une équipe multidisciplinaire spécialisée dans la prise en charge des enfants et des adolescents ;
  3. Une troisième approche contextualisée, pédagogique et scolaire, celle de Madame Christiane Tuéni, professeur et préfet au collège.

Disons-le tout de suite, aucun des conférenciers de ce soir ne vous apportera des réponses ou des recettes toutes faites. Il n'en a pas parce qu'il n'y en a pas ! Il pourra cependant explorer avec vous quelques pistes de réflexion et vous proposer des moyens concrets, à adapter au cas par cas, pour mieux gérer la mutation des adolescents, mieux la prévenir et mieux remédier aux difficultés qu'elle pose.

Au lieu d'être revendicateur de liberté l'adolescent peut devenir un apprenti de la liberté et de la responsabilité. Loin d'être des maîtres en la matière, nous pouvons devenir, à notre tour, des compagnons de l'apprenti. C'est ainsi que nous établirons ou rétablirons un dialogue, dans le respect duquel l'enfant pourra grandir.

L'éducation par la famille et par la société, par l'école ou par soi-même n'est-elle pas un affranchissement de la nécessité et une création de la liberté ?

Les trois conférenciers de ce soir ont un point commun : ils sont tout trois parents. Ils ne pourront donc pas se permettre de regretter avec le poète : « Dis qu'as-tu fait toi que voilà de ta jeunesse ? »

Joseph Salamé


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