Lorsque j’ai pris cette initiative avec mon frère M. Nagy Khoury et le reste de l’équipe de la rencontre islamo-chrétienne autour de Marie, Notre-Dame, je ne réalisais pas qu’elle allait se transformer rapidement en une nouvelle culture mondiale qui ouvrirait les horizons des relations islamo-chrétiennes sur leurs gonds. C’était le début de l’idée sur laquelle j’ai travaillé durant plus de dix ans : rechercher, musulmans et chrétiens, des principes communs naturels, non artificiels qui nous uniraient pour un même Verbe. Verbe à travers lequel nous confirmons notre foi en Dieu, en ses apôtres, en ses prophètes, en ses livres célestes en lesquels croit séparément chacun de nous, en l’au-delà et en les bons actes de charité. Il fallait au départ choisir l’occasion qui unirait musulmans et chrétiens. Comme Dieu a élu Marie de préférence à toutes les femmes des Mondes, l’Annonciation de Marie a été élue de préférence à toutes les autres fêtes. La première initiative que j’ai prise dans certains pays européens et au Liban était la rencontre autour de Marie, Notre-Dame, élue, purifiée, élevée plus que toutes les femmes. Marie dont nous partageons l’amour, musulmans et chrétiens, et l’amour de son fils, le Christ. Marie qui, par le pouvoir du Verbe « Sois », a reçu le miracle entre toutes les femmes des Mondes. Ainsi eurent lieu l’annonciation que lui a faite l’Archange Gabriel et sa conception sans aucune médiation humaine montrant ce pouvoir divin miraculeux. Ce sont ces points communs qui nous ont amenés à nous rencontrer autour d’elle et à discuter dans le cadre d’une rencontre annuelle où nous rassemblent sa commémoration, notre amour pour elle et son amour pour nous : le musulman lira ce que le Coran a mentionné dans une sourate qui porte son nom, privilège qu’aucune femme ne lui partage ; le chrétien lira ce qui a été dit dans son évangile sur sa vie. Le musulman chantera des cantiques religieux sur son amour pour Dieu et sur son élection entre les femmes du monde ; le chrétien chantera ses cantiques sacrés qui glorifient son nom. Enfin, musulmans et chrétiens adresseront ensemble une prière à Dieu pour protéger notre pays le Liban des dissensions, et pour y faire régner amour et cordialité entre tous ses citoyens.
Cette rencontre commune rend service au pays et à ses citoyens et ne nuit qu’à l’ennemi qui guette la dissension et la discorde pour montrer l’incapacité des musulmans et des chrétiens de vivre avec des personnes d’autres confessions. Notre rencontre, musulmans et chrétiens, nous fait savoir, nous qui sommes de confessions différentes, qu’à part la citoyenneté, l’amour d’une personnalité religieuse aimée, élue et pure, voire une mère douce, tendre et affectueuse nous unit. Aucune atteinte n’est portée ni à la croyance du musulman ni à celle du chrétien d’entendre ce qu’il partage avec l’autre dans cet amour. D’ailleurs, dans cette rencontre, on ne mentionnera que le lien d’amour et de vénération à cette Vierge sainte et pure qui nous unit. On ne discutera pas nos différences : le musulman restera musulman et le chrétien demeurera chrétien. Cette rencontre n’a pas comme objectif d’ajouter une autre fête religieuse aux fêtes des musulmans. Il est impossible dans la doctrine musulmane qu’un pouvoir politique ou « religieux » ajoute une fête aux deux fêtes musulmanes, la fête du Fitr et de l’Adha. Pas de nouvelle fête non plus pour les chrétiens, la fête religieuse de l’Annonciation gardera ses rites et ses cérémonies et cette rencontre mariale ne remplace pas les rites et les cérémonies de la fête chrétienne de l’Annonciation. Il n’y a pas dans cette rencontre aucune pratique religieuse musulmane ou chrétienne commune. Cette rencontre n’invente pas une nouvelle religion, ni une nouvelle doctrine, ni des rites différents pour l’occasion. C’est pourquoi nous avons tenu dès le départ à réclamer que cette rencontre soit une fête nationale commune et non une fête religieuse.
Cette rencontre a établi un nouveau phénomène mondial culturel qui a rendu service autant à l’islam qu’au christianisme. Elle a montré que le musulman et le chrétien ont la capacité en vertu de leur foi en un Dieu unique, des principes de leur sainte religion et de leur amour commun pour Marie, Notre-Dame et la Dame des femmes de l’univers, qu’ils peuvent vivre ensemble dans un seul pays où chacun respecte la religion et la croyance de l’autre, tout en laissant leurs différences pour le jour du jugement dernier où Dieu montrera aux croyants leurs différences, et les en jugera avec justice et miséricorde. Ce phénomène qui a franchi le pays et a traversé la frontière ne plaira pas à notre ennemi commun établi sur notre frontière sud. En effet, cette rencontre sape le principe sur lequel son État est fondé, celui de l’appartenance nécessaire de ses citoyens à une seule confession, le judaïsme, et de son appel à l’impossibilité de la vie diversifiée dans un seul pays prônée par l’islam et le christianisme.
Cette initiative prise par le gouvernement libanais, et surtout la vitesse de l’approbation des responsables dans le gouvernement et à sa tête son Excellence le premier ministre Cheikh Saad Hariri qui a porté l’idée et l’a adoptée après son prédécesseur le premier ministre Fouad Siniora a dessiné un nouveau genre unique des relations islamo-chrétiennes. Nous n’en saurons ses dimensions positives selon l’un des responsables politiques qu’après plusieurs années.
Je remercie en cette occasion toute personne ayant contribué à porter cette idée et l’ayant promue, notamment les membres de la rencontre islamo-chrétienne autour de Marie, Notre-Dame et mon partenaire dans cette initiative M. Nagy Khoury qui rêvait de cette rencontre depuis plusieurs années et a organisé ses cérémonies avec sérieux et enthousiasme inégalables. Je remercie aussi les membres permanents dans cette rencontre – les membres du Comité islamo-chrétien pour le dialogue MM. Harès Chehab et Mohammad Sammak qui ont porté au gouvernement la demande de faire de cette rencontre une fête nationale chômée par le gouvernement et un jour chômé officiel et ont travaillé pour qu’il soit décrété. Je remercie son Excellence le Ministre Ibrahim Mohammed Mehdi Shamseddine le membre initiateur avec nous de cette rencontre et le participant au lancement de ce projet. Je demande à Dieu Tout Puissant de donner la santé au président de cette rencontre son Excellence le Ministre Michel Eddé. Puisse-t-il être avec nous dans les prochaines rencontres si Dieu veut.
En attendant la réalisation de nos futurs projets après avoir donné à la place du Musée le nom de la Vierge Marie, nous vous promettons d’ouvrir le centre des études islamo-chrétiennes autour de Marie, Notre-Dame, et de lancer le projet du timbre poste qui porte le nom de la Vierge ainsi que d’autres nombreux projets qui verront le jour en temps voulu.
Je vous salue Marie le jour de votre naissance,
Je vous salue Marie le jour de votre mort,
Je vous salue Marie le jour de votre résurection
Je vous salue le jour où vous êtes devenue la Dame des femmes du Paradis comme celles de la Terre.
Bonne fête
Que musulmans et chrétiens du Liban et dans le monde restent unis.
Cheikh Mohammad Nokkari,
Juge légal de Beyrouth
secrétaire général de la rencontre islamo-chrétienne autour de Marie, Notre-Dame
