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Nous du Collège - N 292 - Février 2020 Carnet de Famille 139
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Témoignage de Agatha Abi-Aad
(Ancienne du Groupe scout Notre Dame de Jamhour)
ère Dalmais est celui qui a porté sur ses épaules et dans son
Pcœur une communauté blessée après la guerre et lui a insufflé
la résistance calme et basée sur la foi. Sa détermination à célébrer
les 500 ans de Saint Ignace est une image indélébile dans nos
mémoires de scouts et guides. À part notre enthousiasme
à prendre part à cet évènement, il fallait observer les parents
s’approcher du Père, et bien au-delà du geste courtois, lui
serrer la main et d’un commun accord, sans trop de mots, lui
communiquaient leur confiance en sa vision pour le Collège, les
scouts et surtout reprendre ce bagage précieux dans leur foyer.
Merci, Abouna.
Jean Dalmais ou l’élégance de l’esprit
n assistant aux obsèques du Père Jean Dalmais à Jamhour au milieu d’une foule nombreuse,
Een observant le représentant du président de la République lui décerner à titre posthume les
insignes de commandeur dans l’Ordre national du cèdre, et en lançant une poignée de sable
libanais sur son cercueil mis en terre, comment ne pas avoir les larmes aux yeux ?
Avec la disparition du père Dalmais, c’est une belle page de l’histoire du Collège Notre-Dame
de Jamhour qui se tourne. Recteur, préfet, enseignant de français, assistant du recteur auprès
de l’Amicale des anciens, aumônier des routiers, des scouts, du corps professoral et de la C. E.
C. (Communauté enseignante chrétienne), animateur de séminaires et auteur de livres spirituels,
il joua un rôle considérable dans l’essor de l’école dont il avait la charge, malgré les défis de
la guerre et l’occupation de la Colline par les Syriens et les Israéliens. Avec la complicité du
regretté Père Madet, il traversa les quinze ans de conflit sans jamais se départir de son courage,
animé d’une foi inébranlable dans l’avenir du Liban.
Quand l’avion qui le ramenait de France se préparait à se poser à l’AIB, il soupirait toujours :
« Qu’il fait bon de rentrer chez soi ! », preuve de l’amour qu’il vouait à la terre dont il portait
la nationalité depuis 1969 et où il a choisi d’être enterré. « En songeant à ce parcours, durant
lequel je me suis toujours senti libre et heureux, disait-il, je peux évoquer l’appel que Dieu avait
adressé à Abraham au chapitre 12 de la Genèse : “Quitte ton pays, ta parenté, et la maison de
ton père, et va dans le pays que je te montrerai et je bénirai ceux qui te béniront »… Jésuite à
la fois ferme et affable, sérieux et drôle, cultivé et sportif, arabophone et brillant défenseur de
la francophonie, « indépendantiste » et promoteur du vivre-ensemble, humble et « doté d’une
grande élégance d’esprit » selon le témoignage de l’académicien Marc Lambron – natif de Lyon
comme lui –, le père Dalmais part le front haut et la conscience tranquille, avec la satisfaction du
devoir accompli...
Ad majorem Dei gloriam !
Alexandre Najjar
Témoignage paru dans L’Orient Littéraire, le 5 septembre 2019