Mot du P.Salim Daccache, s.j., recteur du Collège Notre-Dame de Jamhour
Son
Excellence, Monsieur le Ministre Michel Eddé,
Président
de l’Amicale des Anciens du Collège Notre-Dame de Jamhour,
Monsieur le
Professeur Joe Maila,
Monsieur le
Président et Chers Membres du Conseil d’administration du Lycée,
Monsieur Joseph
Salamé, directeur du Lycée libanais francophone privé,
Chers Parents et
Chers Amis,
Après la conférence du professeur Maila sur la pertinence des valeurs, sur la francophonie et sur l’importance de l’éducation dans le monde d’aujourd’hui, j’ai l’impression que la messe est dite, et bien dite. L’ancien élève de Jamhour qui vibre en M. Maila, et qui s’est exprimé avec distinction et brio, me dispense de trop développer mon discours précédant la signature de la Convention.
Cette convention, disons-le en toute franchise, attribue à Jamhour une responsabilité intellectuelle et morale vis-à-vis de l’évolution à venir du Lycée libanais francophone de Dubaï. Qu’il me soit permis de dire que cette évolution porte déjà en elle le courage, la détermination et l’abnégation de ce groupe de volontaires libanais qui ont choisi d’ouvrir à Dubaï, dans des conditions peu propices, un établissement scolaire destiné à l’éducation des jeunes Libanais. Un établissement qui a rapidement poussé pour devenir le Lycée libanais francophone. La plante du désert s’est vite épanouie pour donner naissance à de belles fleurs que nous avons la joie de voir grandir.
Comment ne pas saluer ici l’initiative de M. Varouj Nerguizian, ancien de Jamhour, de Mme Anita Nammour et du groupe fondateur du Lycée qui, sans relâche, secondés par Mademoiselle Raymonde Abou et l’équipe des responsables et des enseignants, ont déployé des efforts gigantesques pour asseoir le Lycée sur des bases solides. Aujourd’hui, encouragé par M. Salamé, ancien jamhourien, directeur de Saint-Grégoire, préfet et remarquable enseignant, qui a décidé de rallier le Lycée en tant que directeur, le Comité de tutelle de Jamhour a donné son accord pour l’étude et la signature d’un partenariat aux niveaux administratif, pédagogique et éducatif entre le Lycée et Jamhour.
Vous comprendrez certainement les moments d’hésitation et les temps de réflexion qui ont précédé notre réunion d’aujourd’hui. Pour Jamhour et son équipe éducative, pour les jésuites qui accompagnent la destinée du Collège, venir à Dubaï est synonyme d’un engagement concret dans un service et une mission et implique du temps, des forces et de l’énergie.
Toutefois, l’équipe éducative de Jamhour a choisi d’être au service de l’éducation et du Liban, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. Elle a voulu se dépenser pour réaliser le magis. Terme propre au langage jésuite, le magis signifie ici le dépassement de soi pour aller au-delà des frontières, accepter l’aventure, donner de sa personne et offrir son expérience éducative pour que le Liban reste toujours vivant et que les jeunes Libanais gardent espoir et entretiennent des liens forts avec leur mère patrie, soudés par des racines profondes.
Offrir ce que nous sommes et ce que nous avons, c’est dynamiser une structure scolaire et faire valoir une pédagogie de l’accompagnement personnalisé de l’enfant. C’est prendre soin de chacun, rejoindre l’élève là où il est pour le stimuler, l’aider à prendre goût pour ce qu’il étudie. C’est lui donner l’envie et les moyens de se dépasser et de donner le meilleur de lui-même. C’est le mettre en activité et en expérience et lui apprendre à discerner entre le bien et le mal. Le plus important n’est-il pas une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine ? C’est aussi aider chaque élève à se former un cœur courageux et généreux, à se montrer solidaire des autres, responsable, optimiste et confiant. Ce n’est là que l’assise robuste qui aidera chacun à progresser en lettres, en langues, en sciences et en technologie dans toutes leurs déclinaisons. Les quelque 15 mille anciens élèves de Jamhour ne sont-ils pas les meilleurs témoins de ce que représente notre éducation, comme ce témoignage de William Spurr, Promo 69, aujourd’hui président de Bombardier transport Canada, qui disait : « Il me reste de l’éducation jésuite de Jamhour trois attitudes ou trois vertus : mettre et remettre quotidiennement de l’ordre dans ma vie et dans ma tête, le défi permanent, de la rigueur en toute activité et une grande liberté intellectuelle ». J’ajouterai que la reconstruction de l’homme libanais et du Liban ne peut se réaliser en dehors de l’éducation, elle qui est notre richesse capitale et qui veut former des amoureux de la vie et du Liban, des hommes et des femmes capables de discerner, de chercher et de trouver des solutions aux situations les plus difficiles.
En étant aujourd’hui à Dubaï des collaborateurs d’une même mission, celle d’instruire et d’éduquer, nous constatons que le Lycée s’achemine avec détermination vers les classes du complémentaire ou du collège. Ceci veut dire que les élèves de 7e se dirigent vers le diplôme du brevet d’études. Nous serons là, au sein du Conseil de Direction pédagogique et à côté de M. Salamé, lui qui a l’expérience du complémentaire et du secondaire, pour apporter tout notre savoir faire au niveau des méthodes et des programmes. Toute fausse modestie mise à part, nous sommes fiers d’avoir déjà élaboré à Jamhour une alliance heureuse des programmes libanais et français, en tenant compte de leurs spécificités et de leur complexité, en vue de préparer l’élève aux échéances officielles des brevets et des baccalauréats, et pour le former aussi à la méthodologie et aux conditions du travail pratique.
Comme la Convention le prévoit, Jamhour sera là pour exhorter le Ministère libanais de l’éducation à autoriser les élèves du Lycée à présenter leur brevet.
Je suis également persuadé que la qualité de l’enseignement et l’excellence de nos élèves seront les meilleurs arguments pour que l’homologation soit accordée dans les plus brefs délais. Jamhour étant un collège homologué, nous ferons de notre mieux pour que le Lycée remplisse les conditions pratiques de l’homologation, tout en préservant son identité et sa double appartenance aux systèmes libanais et français. Hier encore, nous recevions à Jamhour M. Roby Jude, nouveau directeur général adjoint de l’ AGFE (Agence de l’enseignement français à l’étranger), venu, en visite de courtoisie et de reconnaissance, saluer les efforts que notre Collège déploie dans le domaine de l’enseignement du français et de la promotion de la culture française. Nous avons évoqué l’originalité de « la francophonie libanaise » et le regard que porte la France sur le Liban, qualifié, selon les propres termes de M. Jude, d’un « joyau ». J’ai profité de notre conversation pour lui annoncer le partenariat futur de notre Collège avec le Lycée libanais francophone. J’ai tenu à rappeler que la fondation, dans les Émirats arabes unis, d’un collège libanais francophone, est une réelle opportunité pour les Libanais, les Français et la francophonie. Au-delà de certaines contraintes réglementaires, il est nécessaire, ai-je ajouté, que la France voit dans cette initiative privée l’occasion qu’elle représente pour la langue et culture françaises. Tout en partageant mon avis, M. Jude a souligné à quel point l’appui de Jamhour au Lycée était utile pour l’attribution de l’homologation.
Chers amis, si la tâche est difficile, elle n’est pas impossible. Nous avons certes à découvrir les particularités du contexte, des exigences et des contraintes, mais nous serons à l’écoute. Pour honorer notre promesse, nous sortirons de notre campus jamhourien et travaillerons au-delà des frontières. Forts de la confiance que nous avons en Jamhour et dans le Lycée Libanais Francophone Privé, grâce à la bonne volonté et à la clairvoyance de tous, nous nous donnerons les moyens pour réussir. En fan de football, j’écoutais l’entraîneur des Bleus s’exprimer avant un match déterminant : « une équipe qui joue bien et gagne, c’est une équipe qui vit bien ensemble ». Je suis persuadé qu’en tant que communauté éducative (direction, enseignants et parents d’élèves, chacun selon son poste et son rôle), nous formons une même équipe. Une équipe qui relèvera le défi et assurera l’enseignement adéquat, l’épanouissement intellectuel et psychologique de chaque enfant. Par les activités scolaires et parascolaires, par notre savoir-vivre, notre savoir être, nous dispenserons au cœur de notre enseignement et de notre éducation les vraies valeurs humaines, spirituelles et sociales du Liban, du monde arabe et du monde international.
Chers Amis,
Si l’on adopte un langage politique, force nous est de constater que l’avenir du Liban dépend fortement de la conjoncture régionale. Mais il dépend aussi de ce que vous et nous, de ce que la société civile libanaise fera pour promouvoir et maintenir l’excellence culturelle et éducative du Liban et pour assurer un haut niveau de créativité, en vue de consolider le Liban en tant que message de liberté, de pluralisme et de joie d’être. Notre travail, tous ensemble, nous détermine à gagner la partie et à être fiers de ce que nous pourrons réaliser au Lycée libanais francophone privé.
Salim Daccache
Recteur