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L'Amicale des anciens élèves de Jamhour et la Communauté des pères de Jamhour ont organisé le mercredi 27 novembre 2002, pour la deuxième année consécutive, un Iftar auquel étaient conviés les anciens et actuels élèves musulmans du Collège. De nombreuses personnalités étaient présentes tels le secrétaire général de Dar el-Fatwa, cheikh Mohammad Nokari, des délégués de l'association des Makassed Islamiques ainsi qu'une délégation de l'Inter-Club des jeunes qui regroupe des élèves musulmans, druzes et chrétiens de 5 écoles dont Jamhour et Makassed.
Cet Iftar est un moment important pour la vie et la pédagogie du Collège car il exprime un désir d'ouverture et de dialogue avec l'autre. Dans son mot, le père recteur insistait sur ce fait en précisant que « notre mission pédagogique (.) est un défi face à la tentation de s'enfermer sur soi et d'exclure l'autre. Elle est aussi (...) un appel permanent pour un dialogue qui touche des faits quotidiens et d'autres de grande importance ». Cette ouverture doit dépasser « la peur de la différence et voit dans celle-ci une complémentarité et une source de richesse ». C'est à cette ouverture que sont appelés les anciens élèves du Collège. Monsieur Nagy Khoury, secrétaire général de l'Amicale des anciens et l'un des responsables de l'Inter-Club des jeunes met bien en valeur cette dimension dans son mot d'accueil. « Et nous alors, anciens élèves du Collège (.), à quoi sommes-nous appelés ? (. ). En effet, qui est mieux placé que nous qui avons partagé, sur les mêmes bancs scolaires, la même formation à l'ouverture, au dialogue, à la tolérance, au partage et à l'amour (.) pour répandre l'amour là où il y a la haine, la paix là où il y a la guerre, la confiance là où il y a la méfiance. Cet Iftar traditionnel est l'une des manifestations de notre mission. »
Cet Iftar est également important dans le contexte du dialogue interreligieux surtout entre chrétiens et musulmans, ce que confirme la présence de l'émir Hareth Chéhab, un des secrétaires généraux du comité de dialogue islamo-chrétien. Monsieur Bassam Tourbah, conseiller du premier ministre, l'a clairement signalé dans son discours « le comité du dialogue islamo-chrétien peut contribuer au rapprochement des deux religions en focalisant son attention sur les points de convergence qui nous relient».
L'invitation des membres de l'Inter-Club des jeunes montre une volonté de persévérer dans cette dynamique. « Plusieurs écoles musulmanes et chrétiennes organisent des activités communes interscolaires dans le but de mettre des élèves chrétiens en contact avec des élèves musulmans dans des activités diverses. (.) Il est impératif que ces jeunes qui, plus tard, seront aux commandes apprennent à se connaître dès leur plus jeune âge, apprennent à vivre ensemble ». Et à Monsieur Nagy Khoury d'ajouter « ce sont eux le Liban, ce Liban qui est amour, joie, convivialité, richesse des cours et pardon. Mais pour qu'il le reste ou qu'il le redevienne, il nous faut prendre conscience de notre responsabilité individuelle et travailler ensemble, même à contre-courant ».
Enfin, notons le caractère convivial important de cet Iftar. Convivialité sacralisée par le geste d'Abraham accueillant à sa table un hôte saint, comme l'a bien remarqué le père recteur. Convivialité qui est signe du respect mutuel où la différence religieuse ne doit pas être un obstacle à l'élaboration d'une vie en commun dans le cadre de la nation libanaise.
S.E.M. le Ministre d'Etat Pierre Hélou met bien en valeur l'importance de cette convivialité pour le Liban « la convivialité islamo-chrétienne au Liban est un modèle qu'il s'agit de défendre et qui doit servir d'exemple. C'est la raison d'être et le fondement de la nation libanaise.
(. ) Sans la convivialité, le Liban perd sa raison d'être et c'est un crime que de chercher à la menacer par des agissements de petite politique (.).
L'Iftar de Jamhour est une rencontre importante qui cherche à soutenir cette convivialité et à la rendre visible et concrète »
Gaby Khairallah