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90      Carnet de famille                                                Nous du Collège - N  294 - Février 2021
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          de Bismarck, « le Chancelier de fer », ou les colères
          tonitruantes de « son ami Nikita », M. Chkeiban
          veillait toujours à replacer la petite histoire dans la
          grande et à nous laisser en tirer les leçons !

          Préfet d’histoire-géographie et premier Secrétaire
          du comité  des  professeurs,  M. Chkeiban,  épris
          de liberté et de justice, militait pour la cause des
          enseignants, pour leurs droits et surtout pour
          leur  dignité,  afin  de  préserver  la  noblesse  d’une
          profession qu’il avait embrassée comme un
          sacerdoce.
          Acteur et témoin de l’indépendance du Liban,
          il nous révélait notre histoire avec une ferveur
          inégalée  pour  le  pays,  enfin  libre,  qu’il  avait  vu
          naître.

          Au  début  de  1975,  pressentant  la  montée  des
          périls et voyant arriver les malheurs, il s’engagea,
          à travers sa profession, dans une lutte morale
          quotidienne pour sauver, par l’éducation, notre                          Fête de la Saint-Jean-Chrysostome, 1983.
          pays et ses jeunes générations du déclin.
          En septembre 1979, encore étudiant, je présentais
          à Jamhour ma candidature pour un poste
          d’enseignant d’histoire. Ce fut M. Chkeiban, Préfet
          des moyens et Préfet d’histoire, qui l’examina. Il me
          prit sous son aile et accompagna de ses conseils
          bienveillants mes premiers pas de jeune stagiaire
          en Sixième.
          C’est l’exemple de M. Chkeiban et de quelques-
          uns de mes professeurs, « Grognards de la Grande
          Armée à Jamhour », qui a directement inspiré mes
          choix professionnels, il y a 42 ans, de devenir prof !
          S’il a vécu comme une défaite le basculement du
          Liban, son enlisement et sa chute, M. Chkeiban
          n’est pas parti vaincu. Les ferments du courage et
          de la résistance à l’oppression et à l’injustice, qu’il
          a semés dans les cœurs de ses milliers d’élèves
          et de collègues, ont germé. Son enseignement
          rend l’espoir immortel. Il donne la victoire dans le
          combat !
          Maître, spectateur engagé et modèle, M. Chkeiban,
          vous étiez tout cela à la fois et bien davantage.
          Nous avons retenu vos leçons. Nous avons appris
          de votre vécu. Nous vous aimerons toujours.
          Adieu, Monsieur le Professeur !


                                      Joseph Salamé (Promo 76)
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