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          Nous du Collège - N  294 - Février 2021                                       Carnet de famille           93





          Adib Chkeiban
          le professeur, le Maître...

          Je fais partie de ceux qui ont eu la chance d’avoir
          Adib Chkeiban pour professeur ! Je garde en
          mémoire sa franche poignée de main et son sourire
          bienveillant  lorsqu’il  me  remit,  en  cette  fin  juin
          1964, le prix d’Histoire-Géo. Je garde encore ce
          livre-souvenir : Iben Seoud de Benoist Méchin !...


          Adib le pédagogue, le « Hakawati »…
          Lui qu’on surnommait « Danton » nous fascinait
          autant par sa culture et ses connaissances que par
          son  charisme et  son  humanité.  Jeune professeur                                En 2017, chez lui à Baabdat.
          néophyte, il m’est arrivé maintes fois de penser à lui
          en exploitant son art de la mise en place du fameux   leurs professeurs en 1964 dans sa belle demeure
          « plan » écrit clairement sur le tableau (noir à cette   damourienne si typiquement libanaise !
          époque !) pour assurer le suivi et l’illustration du   N’est-ce point dans l’amour de son métier qu’il a
          cours pour les élèves… Peut-on oublier le plan de     puisé la force de laisser derrière lui tant de souvenirs
          la bataille d’Austerlitz ?... Et l’évocation de la mort   pour devenir citoyen adoptif de Baabdat et y finir
          de Robespierre au pied de la guillotine, qui tombait   ses jours ?
          avec un grand bruit de chaise à moitié renversée, et   Repose en paix, Adib, tu resteras le roc sur lequel
          « il fut raccourci », criait-il par deux fois ! Un grand   tes anciens se sont appuyés.
          professeur n’est-il point un bon comédien ?           Nous penserons très fort à toi tous les 11 avril –

                                                                date de ton anniversaire – car tu restes vivant dans
          Adib le « fidèle »                                    nos mémoires.
          Élève des Pères Jésuites pendant toutes ses études,
          il a gardé pour les « bons Pères » une profonde                               André Abouchacra (Promo 1964)
          gratitude mêlée de respect et de fidélité. C’est ainsi                       Ton disciple, ton collègue, ton ami
          que, pendant la guerre civile, il assuma la lourde
          charge de la direction de la succursale de Jamhour
          à Bikfaya ! Fidélité qu’il a toujours témoignée à ses
          collègues et à ses anciens élèves avec ce même
          sourire plein de bienveillance.

          Adib le modèle à suivre…
          Passionné par son métier qu’il considérait comme
          un vrai sacerdoce, il fut un exemple de rigueur et
          de disponibilité pour aider, conseiller, guider ! Pour
          sa plus grande fierté, sa fille Christiane l’a suivi sur
          ce chemin. Il avait trouvé dans son métier la vraie
          Joie dont nous parle Georges Bernanos disant :
          « Qui cherche la vérité de l’Homme doit s’emparer
          de sa douleur ! »
                                                                     Avec beaucoup d’esprit, il pose devant sa propre caricature.
          Adib le « Damourien exilé » !
          Pour comprendre la souffrance qu’il avait endurée
          en perdant sa maison de Damour pendant la
          guerre civile, il faut se rappeler avec quelle fierté
          Adib le Patriarche avait reçu ses élèves de philo et
                                                                              Photos : Aharon Boyadjian - Baabdat, le 30 juin 2017
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