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Dossier
Nous du Collège - N 302 - Mars 2025
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L’école sur fond de guerre
Chronique d’une école
au rythme de la guerre
es rendez-vous de l’histoire du Moyen-Orient ont
Ltoujours accordé au Liban une place d’acteur privilégiée.
Mais quand la guerre s’invite dans le quotidien scolaire,
les peurs et les angoisses sont décuplées. L’année scolaire
Illustration : Cybel Mandour Te9 n’en est pas pour le moins épargnée. 61
2023-2024, s’est vécue dans la crainte d’une escalade du
conflit qui menaçait de s’étendre, et l’année 2024-2025
Retour sur les principaux moments qui ont rythmé le
premier trimestre
Mi-septembre 2024, la rentrée scolaire des grands se
déroule sans embûches, mais la situation se dégrade
rapidement. Quelques jours plus tard, les hostilités
commencent à toucher la banlieue sud de Beyrouth, avec des explosions massives de
plusieurs bippeurs et talkies-walkies les 17 et 18 septembre, suivies d’attentats ciblés.
Lundi 23 septembre 2024, des frappes violentes au sud du pays contraignent le ministère
de l’Éducation à fermer les établissements scolaires dès le lendemain sur l’ensemble du
territoire libanais.
Avec l’intensification des frappes sur Dahié, les élèves sont forcés de suivre leurs cours en
ligne. La reprise des cours se fait progressivement, en mode hybride, à partir de la semaine
du 7 octobre, d’abord pour le secondaire, puis pour le complémentaire. Les plus jeunes
retrouvent les bancs de l’école la semaine suivante, mais la rentrée scolaire des 12 est
e
décalée d’un mois, jusqu’au 18 octobre.
Les élèves et les enseignants vivent au rythme des bombardements, certains lointains mais
toujours perceptibles, d’autres beaucoup plus proches et inquiétants. Il y a eu des journées
d’école particulièrement mouvementées, tandis que d’autres, quoique plus calmes,
demeuraient incertaines. La réouverture des établissements scolaires est alors ponctuée de
fermetures forcées, rendant la situation encore plus précaire. Tout cela ajouté à la présence
permanente et envahissante de drones de surveillance au « doux » vrombissement dans le
ciel beyrouthin.
Comme beaucoup de Libanais, les membres de la communauté du Collège ont été
profondément touchés par ces escalades de violence. De nombreux enseignants et élèves
ont quitté leur foyer dès le 27 septembre pour se réfugier dans des régions plus éloignées,
certains ont même subi des dégâts considérables dans leur logement. Quelques familles
ont également pris l’avion à la hâte pour échapper, ne serait-ce que quelque temps, aux
menaces sécuritaires. Ces deux mois d’hostilités ont pesé lourd sur chacun.
Reste l’écrit comme principal témoin des évènements ! Pour cela, il est indéniable que
le dossier du Nous soit accordé au vécu de la guerre d’octobre-novembre 2024 par la
communauté du Collège. Émotions refoulées, cours en ligne (oui, encore une fois !), cris
d’espoir, réorganisation des circuits d’autocars, actions solidaires, péripéties diverses et
bien d’autres aspects sont dépeints dans les pages qui suivent, permettant aux élèves de
s’exprimer et d’y trouver une sorte de catharsis.
NY - BCP

