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Nous du Collège - N 302 - Mars 2025
Actions et vécu L’école sur fond de guerre Dossier
Je suis à la fois désolée et fière d’affirmer que nos leçons Chaque jour, je suis témoin d’actes admirables entre
sont autant atypiques que l’on pourrait l’imaginer. Nos camarades, cela me rappelle constamment que nous
enseignants sont absolument remarquables. Poussés par sommes bien plus forts que la guerre.
l’incertitude du lendemain, ils prennent l’engagement Souvent on entend dire que ce conflit est une tentative
de s’assurer que nous serons prêts pour les échéances de briser les Libanais. Les « générations de la guerre »
imminentes. Souvent, on a tendance à se dire que le savoir précédente ne voient dans ces évènements qu’une
est l’unique cadeau qu’on ne pourra jamais nous prendre. répétition d’un cauchemar qu’ils auraient aimé oublier.
Ces mots résonnent dans nos cœurs. Ils nous permettent Mais en ce qui concerne la jeunesse, les élèves de ce
de puiser de la force pour se concentrer, même quand le Collège plus particulièrement, cela a plutôt éveillé en nous
son des explosions perturbe nos cours. une force que nous ne connaissons pas, une sorte de gène
Personnellement, ce qui m’interpelle le plus cette année est résilient, commun à tous les Libanais. Je vois des gens se
notre solidarité. Nous partageons nos cours, nos notes, nos relever chaque jour, se reconstruire et aimer. De telles
livres… beaucoup d’entre nous subissent plus gravement images me font croire que la paix reviendra et j’espère que
que d’autres les conséquences d’une telle instabilité. nous, les jeunes d’aujourd’hui, au Collège Notre-Dame de
Certains habitent les zones de bombardements, d’autres Jamhour, serons les architectes d’un brillant avenir pour
se déplacent chaque jour sans jamais pouvoir retrouver notre pays.
un « chez soi », mais personne n’est jamais abandonné. En Ce témoignage est ma contribution à notre combat, celui
de telles circonstances, la solidarité me donne confiance de ne jamais perdre foi en des jours meilleurs.
en l’humanité, même dans les moments les plus terribles. Mariel Haddad Te9
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Ateliers d’extériorisation au complémentaire
interview avec Mme Grace Choueri, psychologue scolaire au cycle complémentaire
La capacité de résilience chez les jeunes étant limitée, il est difficile pour un enfant de surmonter ses propres soucis et
difficultés tout en slalomant entre les crises, les guerres et l’instabilité. Mme Grace Choueri expose dans l’entretien qui
suit, les ateliers d’extériorisation mis en place pour aider les jeunes à exprimer leur ressenti.
Quel est le travail du psychologue en temps de crise ou des premières séances. Ces personnes reviennent
de guerre ? régulièrement, souvent avec leurs amis. Ce qui montre que
En début d’année, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose les jeunes ont besoin d’un espace où ils peuvent partager
pour les élèves afin de les sortir de l’ambiance pesante leurs émotions.
de la guerre. Ayant soutenu ma thèse sur les enfants
et l’explosion du 4 août, j’y ai noté l’importance de la L’approche est-elle différente selon l’âge de l’élève ?
proximité par rapport à l’évènement. Cela s’applique de la Oui, l’approche est différente. Bien entendu, les élèves de
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même façon à la guerre. Les jeunes sont souvent exposés 3 sont plus éveillés que ceux de 6 , plus aptes à analyser
aux échos d’un conflit dont ils ne comprennent pas tous les évènements.
les enjeux, ce qui peut créer une anxiété profonde. Le rôle Il est essentiel d’adapter les échanges et les activités en
du psychologue est de leur fournir un espace de parole fonction de l’âge et du niveau de maturité des élèves afin
et d’expression pour les aider à canaliser ces émotions et de leur offrir un accompagnement pertinent et efficace.
apaiser leurs peurs. En collaboration avec les préfets et Comment se déroule la séance d’expression artistique ?
Mme Nada Aoun, professeur d’arts plastiques, nous avons La séance débute par une discussion collective autour d’un
proposé un atelier d’expression artistique destiné à aider thème. Ensuite, chaque élève réalise son propre dessin.
les élèves à faire ressortir leur ressenti, à travers le dessin Mme Aoun et moi circulons entre les tables et engageons
et la peinture.
des conversations avec ceux dont l’expression artistique
Quand ont lieu les ateliers ? Combien d’élèves y traduit un malaise ou une interrogation particulière.
participent ? L’objectif est d’aider les élèves à mettre des mots ou des
Les ateliers se déroulent les vendredis à la deuxième dessins sur leurs émotions et à trouver un moyen de les
récréation. Nous avons eu entre 10 et 15 élèves lors exprimer sainement.

